Le dernier film de George Clooney revient sur une catégorie de soldats méconnue de la Seconde Guerre Mondiale les Monuments Men, réelle troupe mandatée par le Président Roosevelt, chargée de retrouver les œuvres pillées par l’Armée Nazie.

Inspiré d’une histoire vraie, Monuments Men retrace l’incroyable parcours d’une unité très spéciale des forces alliées durant la Seconde Guerre Mondiale, missionnée par le Président Roosevelt, pour se rendre sur le front en en Allemagne, dans le but de récupérer les multiples œuvres d’art volées par les nazis, afin de les restituer à leurs propriétaires. Ils se retrouvent pris dans une course contre la montre afin d’éviter la destruction de plus de 1000 années de culture, risquant leur vie pour protéger et défendre les plus grands trésors de l’humanité.

What else ?

George Clooney;Matt DamonMonuments Men est le cinquième long métrage de George Clooney dans le rôle de réalisateur, après Confessions d’un homme dangereux (2002), Good Night, and Good Luck (2005), Jeux de dupes (2008) et Les Marches du Pouvoir (2011). Ici, l’acteur-réalisateur, devant et derrière la caméra, réuni une belle brochette de stars américaines : de John Goodman à Matt Damon, en passant par Cate Blanchett, Bill Murray ou Jean Dujardin,  pour relater une histoire de Seconde Guerre Mondiale avec une légèreté  parfois dérangeante.

Entre La Grande Vadrouille et Il faut sauver le soldat Ryan, le film de Clooney ne trouve pas l’équilibre requis pour un film de son genre. Parfois trop comique, parfois trop dramatique, beaucoup trop lisse et gentil,le film jongle constamment entre deux extrêmes sans jamais trouver le ton qui correspond à la narration d’une histoire comme celle-ci.

Le casting ne favorise pas non plus ce ressenti. La présence des deux compères, Matt Damon et George Clooney, nous rappelle fortement certaines scènes de Ocean’s Eleven, Quand on voit cette bande de joyeux drilles à l’écran, on pense même au ton Des Rois du Désert. Problème, le déséquilibre narratif du script, signée Clooney et Grant Heslov, parfois trop sérieux, parfois beaucoup trop comique, ne pardonne pas, surtout dans un film qui traite de Seconde Guerre Mondiale, sur fond d’holocauste, et de nazisme.

Good vs Evil

Monuments Men revient donc sur une catégorie de combattants d’un nouveau genre à l’heure où les richesses de l’Europe sont pillées par une Allemagne Nazie avide de gloire.  Un film qui lève la lumière sur ces professeurs et autres conservateurs de musées enrôlés dans l’armée pour débarquer en Italie en août 1943, avec les troupes alliées, pour défendre la culture et l’art.

George Clooney;Matt Damon;Hugh Bonneville

Un engagement qui s’est heurté aux réalités de la guerre, pour 350 personnes qui ne s’en sont pas toutes sorties. Des Américains, mais aussi des Anglais, pour la majorité, ainsi que des Français. Un récit historique proposé sous un scope beaucoup trop manichéen par George Clooney. Les Allemands sont le Mal incarné, les Américains, des grands sauveurs. La narration ne laisse place à aucune nuance quant à l’implication des alliés dans les diverses enquêtes au-delà de la conservatrice de la Galerie du Jeu de Paume, incarnée par Cate Blanchett. Une combattante de l’ombre qui bien évidemment va succomber au charme d’un Monument Man. USA, our Savior.

God Bless America

Cate BlanchettCe qu’on ressent quand on regarde Monuments Men, c’est un patriotisme américain presque exacerbé. Un film concentré sur cette troupe atypique, à l’origine composée essentiellement d’hommes Américains, simples et non entraînés à la guerre, des héros qui sauvent la France et le Patrimoine culturel européen qui occulte beaucoup d’aspects de la réalité des faits. Les russes, le bon vieil ennemi rouge et « coco » de l’oncle Sam, qui ont participé eux aussi à de nombreux raid pour retrouver les mêmes œuvres pillées, sont bien évidemment présentés comme des pilleurs eux-mêmes.

Les français, qui dans la vraie histoire, notamment celle de la conservatrice de la Galerie du Jeu de Paume où étaient entreposés les œuvres choisies par les Nazis, ont eut aussi eu un rôle majeur dans la recherche de ces œuvres d’Arts, sont quasi absents. Hormis « John of the Garden », et un beau caméo d’Alexandre Desplat, ou le personnage de Simone, dans Monuments Men, la France n’est que peu préoccupée par la récupération de son patrimoine culturel.

Monuments Men, c’est le récit donc de cette troupe à travers des personnages fictifs choisis. Un récit drôle, divertissant, malgré ses longueurs, mais décevant dans sa forme et bien loin de réalité de l’Histoire, ce qui est bien dommage, car il avait tout pour séduire. En somme, un film très « américain », avec ses métaphores faciles, ses bons sentiments, ses acteurs de choix, sa thématique légère malgré son sujet, et son happy-ending comme il se doit. Ce qui est bien dommage lorsqu’on souhaite aborder une histoire aussi poignante et fascinante, et quand on connait le talent de georges qui peut être très subtil quand il endosse la casquette de réalisateur.

 Monuments Men : Bande-annonce [Officielle] VOST HD

Crédit photo : ©Twentieth Century Fox Film Entertainment 2014