Ce n’est pas la première fois que Francis Ford Coppola s’attaque à la thématique du vampire. De retour dans le registre du macabre, il nous offre avec Twixt un récit onirique bien plus profond qu’une simple légende gothique.

On ne présente plus Francis Ford Coppola, le géant du cinéma derrière les cultes Dracula, Apocalypse Now, la trilogie du Parrain. De retour sur la scène cinématographique depuis 2007,  à ce stade de sa carrière, on n’a plus rien à prouver à ses pairs et quand on s’engage dans un film comme Twixt, c’est autant pour l’expérience et l’aventure que le challenge de satisfaire les spectateurs.

Anti-twilight

Twixt est l’occasion pour le réalisateur de renouer avec un style qui lui sied bien : celui du gothique, du macabre et du romantisme. Le long métrage est présenté comme un thriller horrifique et Francis Ford Coppola nous offre une histoire loin des clichés du genre et bien plus profonde qu’une simple intrigue inspirée du mysticisme vampirique. Avec Val Kilmer dans le rôle principal, Twixt aura le mérite de marquer les esprits par l’originalité  et le surréalisme de son scénario écrit pas Coppola lui même. Val Kilmer détient le rôle principal : celui d’un écrivain de romans fantastiques, un peu comme Stephen King ou Dean Koontz, en séance de dédicaces dans une petite ville américaine très mystérieuse. Ce dernier enquêtera sur le meurtre inexpliqué d’une jeune fille  (Elle Fanning) qui fera naître en lui des rêves, ou visions assez… étranges. À travers une rencontre avec Edgar Allan Poe (Ben Chaplin), des apparitions de vampires et autres visions paranormales, l’auteur trouvera l’inspiration pour son livre suivant. Coppola ne s’en cache pas, l’idée de ce film lui est aussi venu dans un rêve (le Cerveau lui appelle ce genre de rêve cauchemar, mais tout est relatif) après avoir récemment lu quelque œuvre d’Edgar Allan Poe ou ce dernier lui apparaissait, avec des enfants.

Comme dans un rêve

Visuellement, Twixt fonctionne sur deux mondes, celui des rêves du personnage principal, Hall Baltimore et celui de l’enquête policière menée par le shérif.  Les deux hommes tentent d’élucider le meurtre du jeune fille assassinée selon les rites apparentés à la mythologie vampirique. Très vite, les scènes oniriques apparaissent au centre de l’intrigue, prenant le pas sur l’enquête qui en fait n’est qu’un prétexte pour aborder des thèmes bien plus chers au réalisateur comme la mort, le deuil, ou le processus d’écriture. Des thèmes qui effacent un peu les attentes de macabre, gothique de certains pour aller vers une sublimation de certaines scènes, de l’art cinématographique à proprement parler.

La Masterclass de Coppola

Le film est avant tout une leçon de littérature et d’écriture tenue par pas moins que le grand Coppola. Derrière l’image et l’intrigue,  Twixt est un film à texte, sur le texte, le pouvoir des mots et le processus d’écriture qu’il soit poétique ou scénaristique. Le processus créatif est ainsi au centre de ce long métrage. A travers les multiples rencontres entre l’écrivain et Edgar Allan Poe ou des références empruntées à  Baudelaire, Coppola prend le temps de revenir sur la difficulté de la création narrative, de trouver la bonne intonation et les bons mots que ce soit pour créer un poème, un roman ou un film. A travers les textes de ses personnages, Coppola nous fait clairement part de son expérience en tant que scénariste. Le tout avec beaucoup d’humour, de lyrisme et de profondeur. Certaines scènes deviendront certainement cultes, comme un certain échange entre Edgar Poe et l’écrivain où le poète explique comment lui est venue l’inspiration pour écrire son poème le plus célèbre : Le Corbeau.

L’expérience 3D

Du point de vue imagerie, Francis fait dans le sobre, caméra fixe et plans fixes pour les scènes tournées dans la réalité de l’écrivain, l’enquête dans cette petite ville. Un style classique du cinéma des années 70, 80, qui parfois nous rappelle l’atmosphère de la série Twin Peaks. Un oeil avisé pourra très vite, s’il observe attentivement certains détails cachés dans certains plans, résoudre l’énigme de l’intrigue policière, pour apprécier pleinement les dialogues emplis de mysticismes et poétiques des deux personnages qui portent l’intrigue, ainsi que les jeux de couleurs parsemées dans ces limbes par le réalisateur. Les voyages oniriques eux sont visuellement plus travaillés, plus sombres, esthétiques et chargés d’émotions. Le seul reproche que l’on pourrait faire à Twixt serait le passage abrupte de la 2D à la 3D pour deux scènes, certes drôles, mais totalement inutiles à projeter dans ce format. Le passage d’ailleurs créé une rupture qui non seulement dénature le film mais surtout désoriente le spectateur qui se laissait bercer par la magie gothique de Francis Ford Coppola. Ce qui est bien dommage car le film frisait la perfection.

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Crédit photos : ©Zeotrope production.