On s’attendait à une véritable purge inspirée du culte de l’enfance de la majorité des trentenaires d’aujourd’hui : Nicky Larson ou City Hunter pour les puristes. On n’est pas loin de l’hommage raté, même si l’intention originelle de son réalisateur et acteur principal était – un tant soit peu – honorable : rendre hommage aux héros qui ont bercé l’enfance de ceux qui sont nés dans les années 80.

La bande à Hojo

Phillipe Lacheau et sa bande à Fifi ont décidé avec ce film de s’attaquer au mythe de toute une génération et à un manga culte de renommée mondiale.  A vue de la bande annonce, rien ne présageait quelque chose de bon, juste une comédie digne de celui qui signe trois plébiscites en comédies françaises sur grand écran (Babysitting 1&2, alibi.com) avec plus de deux millions de spectateurs réunis à chaque fois.

Avec l’aval de Tsukasa Hojo, le créateur de City Hunter qui détient toujours exclusivement les droits et la licence de son personnage – adapté à l’écran déjà avec Jackie Chan – Phillipe Lacheau signe avec Nicky Larson et le parfum de Cupidon sa septième comédie au cinéma. Une comédie potache, qui lui ressemble à coup sûr, et qui ne fera pas que des heureux en salle. Un peu comme le Cerveau.

Potache et superficiel

A première vue, le Cerveau n’a pas été plus déçu que ce à quoi il s’attendait : blagues potaches, pénis à gogo, délires axés sous la ceinture et borderline homophobes, sous couverts d’hommage au héros de l’enfance de celui qui a fait rire bon nombre de français en salle.

S’il est vrai que Phillipe Lacheau prend un malin plaisir à incarner un héros qui a bercé toute son enfance dans le Club Dorothée – émission référencée à outrance dans les dialogues et autres moyens visuels à l’écran, histoire de bien marquer le coup – Nicky Larson et le parfum de Cupidon n’est pas exempt de défauts, au-delà de son humour graveleux et ses blagues vaseuses. Avec une réalisation qui se veut inventive, sans forcément rechercher autre chose que des effets bullet-time ou des ralentis à foison, Nicky Larson et le parfum de Cupidon ne réinvente pas le cinéma de Lacheau, qu’on se le dise.

Gros pervers bien pervers

Oui, dans l’œuvre originale, City Hunter est un obsédé des femmes, de leurs plastiques (pour rester poli) et de sexe. Oui, le personnage est fantasque et hors normes, mais il est aussi un tueur à gage et un homme plus complexe que sa veste bleu ciel et t-shirt rouge. Un homme avec de vraies nuances. Tout du moins dans l’œuvre originelle, qui avait été censurée lors de sa diffusion dans le Club Dorothée.

Ici, il est réduit à la plus basique de ses représentations, tout en essayant de le lever au rang de héros « james bondesque » (amis du néologisme c’est pour vous) avec des scènes de combats chorégraphiées et dopées à coup de plans séquences en FPS (pour rendre hommage aux jeu-vidéos certainement) ou d’effets bullet-time à foison, entre explosions, courses poursuites et autres séquences de bastons brutes. Des bastons souvent risibles, avec un Lacheau plus musclé que jamais.

L’intention ne suffit malheureusement pas

Si l’intention de rendre hommage à toute une génération biberonnée au Club Dorothée, ou une époque révolue, est bien présente et défendable, avec des références assez marquées à l’émission de la cultissime Dorothée (qui s’accorde un caméo avec des chaussettes jaunes à petits pois – True Story), l’exécution est souvent beaucoup trop légère, ou à l’excès en action, oscillant entre l’envie de coller au mieux au matériel originel, visuellement, tout en essayant de garder autant de réalisme que possible avec ce que Lacheau sait faire en comédie. Sur ce plan-là, il ne s’est pas raté.

On sent cependant tout le long de Nicky Larson et le parfum de Cupidon, que ce projet tenait vraiment à cœur au réalisateur, car il se donne entièrement à son personnage, avec ses cheveux noirs de jais et son t-shirt moulant, accompagné de sa Laura – qui n’use pas tant que ça de son marteau 100t cela dit en passant.

Le film veut avoir du fond en parlant d’amour et de liens, tout en rendant hommage aux codes des films d’action des années 80 grâce à Nicky Larson, mais force est au Cerveau de dire qu’on aurait bien aimé que Nicky  ne revienne pas à l’écran comme ça. Celui qui ne craint personne aurait dû craindre la bande à Fifi. A son grand dam… et le nôtre.

Nicky Larson et le parfum de Cupidon : Bande Annonce

crédit photos : ©Sony Pictures Entertainment