The Cloverfield Paradox : les origines de Cloverfield auraient pu être bien plus subtiles. La Critique du Cerveau

Alors que sa production était un mystère, voici qu’à l’occasion du Superbowl, dans la nuit de dimanche à Lundi, fait rare pour la plate-forme, que Netflix annonce la mise en ligne de son blockbuster « The Cloverfield Paradox » troisième volet de l’univers étendu Cloverfield, imaginé par JJ Abrams.

Un univers étendu qui avait été exploré en 2016 dans le huis clos 10 Cloverfield Lane. Comme une extension de film de genre d’un long-métrage plus conceptuel que narratif imaginé en 2009 par JJ Abrams, voici que The Cloverfield Paradox s’attaque au sujet et la question que tout spectateur du premier film s’est posé : « Mais qu’est ce que c’est que ce machin ? D’où il vient ? Pourquoi, Comment WTF ?! ».

Et bien nous avons la réponse désormais avec le film mis en ligne hier sur Netflix. Un thriller de science-fiction, mi-slasher, mi-voyage dans l’espace, qui ne convainc pas au visionnage.

Perdu dans l’espace dimension parallèle

L’équipage du Cloverfield  – qui explique aussi en même temps le pourquoi du titre du film originel de JJ Abrams en passant – s’apprête à résoudre une crise énergétique sans précédent pour la Terre. Crise énergétique qui pourrait mener à une nouvelle guerre mondiale tant elle est importante. La solution : un accélérateur à particules dans l’espace qui pourrait fournir de l’energie éternellement à la planète, et rétablirait ainsi la paix sur Terre.

L’équipage, composé de physiciens et astronautes du monde entier, de la Chine, au Brésil, en passant par les USA ou l’Angleterre (mais où est la France ?), tente pendant plusieurs années de faire fonctionner l’appareil, mais en vain. Alors que sur Terre des scientifiques mettent en garde du danger de cet engin, qui pourrait être un portail vers d’autres dimensions, c’est au même moment que ces derniers, réussissant à faire fonctionner la bête, qu’ils terminent dans une autre dimension et se mettent à affronter des phénomènes étranges….

Cloverfield les origines

Tout le monde l’aura compris, The Cloverfield Paradox est un film qui explore donc les origines de la présence des bêtes extraordinaires et bizarres sur Terre imaginé dans le film d’Abrams. Un film assez classique, qui fait son job de « préquelle », mais qui pêche sur tous les aspects pour ne laisser qu’une flasque vague de déjà-vu et de stéréotypes du genre.

Un film qui suit le même chemin et scenario d’autres grands cultes du genre : d’Alien à Gravity. Des clichés énormes pour un scénario balisé de bout en bout sans surprise, sans véritable prise de risque ou en haleine, ou même twist de fin. Un film qui arrive aussi beaucoup trop tard, et surtout après le très bon Life origine Inconnue, qui réussissait à transmettre un malaise et de l’émotion au spectateur.

Mon beau cliché

Du Ruscoff cliché comme dans l’imaginaire des américains, ou l’astronaute américain qui se sacrifie, à la chinoise carrée comme une Ninja, l’italien rigolo ( qui rigole même après la perte d’un bras – True Story) et l’allemand bourru et violent, tout n’est que stéréotypes et clichés digne d’un film de science-fiction des années 70 côté personnages. D’ailleurs les personnages ne sont pas les seules choses qui pourraient exaspérer.

 

The Cloverfield Paradox part pourtant avec de nombreux atouts : une superbe production, des décors convaincants, une esthétique et une photographie léchée, des effets spéciaux de qualités, une musique prenante et épique composée par Bear McCreary et un casting convaincant, porté par Gugu Mbatha-Raw et David Oyelowo. Mais c’est tout. Tout le reste est bâclé, devinable ou risible, de la première victime à la dernière, pour un film qui fait plus penser à un mauvais épisode de Black Mirror d’une heure quarante qu’un long-métrage.

Pas assez psychologique et sans substance

Là est tout le problème de cet univers étendu. Alors que 10 Cloverfield Lane était une belle surprise puisque le film était bien plus psychologique que surnaturel, avec apparition du monstre en fin, limite caméo sympathique qui reliait cette intrigue à l’univers de Cloverfield, dans Paradox, c’est tout le contraire. On sait où on est et comprend le film dès son premier quart d’heure. Les retours sur terre avec l’arrivées des bêtes et le sauvetage d’une petite fille sont exaspérants, et digne de ce qu’on pourrait voir dans un court-métrage étudiant de genre.

Le pire c’est que The Cloverfield Paradox avait pourtant une belle base narrative pour offrir plus de substance à un film stéréotypé : l’intrigue autour d’Ava, et le deuil de sa famille couplée à l’instinct de survie. Malheureusement, le scénario passe complètement à côté de ces deux thèmes – pourtant essentiels – pour au final n’offrir qu’une succession de mort et de crises avec des personnages presque antipathiques, à résoudre avant le retour sur terre et une fin attendue. C’est bien dommage.

Mieux que Bright, cela dit !

Si certaines mauvaises langues diront que Netflix a mis en ligne son œuvre sans communiquer dessus à cause de sa qualité, surtout après l’énorme plan marketing autour du risible et ridicule Bright avec Will Smith (Le cerveau ne s’en est toujours pas remis), The Cloverfield Paradox a au moins le mérite d’avoir une intrigue – certes déjà vu et facile – mais cohérente. Ce que Bright n’avait pas. Quant à cette mise en ligne inattendue, après le mystère autour de la production de 10 Cloverfield Lane, dont le marketing était tout aussi léger, elle n’est pas surprenante connaissant l’amour d’Abrams pour les mystères (en général pas très mystérieux).

Ce que le Cerveau regrette reste le manque de substance et d’immersion pour le spectateur, dans un voyage spatial et inter-dimensionnel qui aurait pu nous surprendre et nous couper le souffle. Il pourrait même être le film de trop pour une franchise qui à l’origine, n’était qu’un exercice de style pour le producteur et cinéaste. On parle déjà d’un 4ème Cloverfield, ce qui pourrait bien exaspérer le Cerveau, à l’heure du tout franchise et remake.

The Cloverfield Paradox  est disponible sur Netflix en France.

The Cloverfield Paradox Bande Annonce

Crédit photos : ©Netflix