All is Lost, en compétition du 39ème festival de Deauville 2013 où la traversée intense et immersive de Robert Redford  perdu en mer. Un naufrage muet pour une véritable connivence avec le spectateur. 

Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, il se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s’en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d’une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l’épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face.

Survivre ou périr

all-is-lost-trailer-0812013-144250All is Lost est un film sur la survie pas comme les autres et bien loin de L’odyssée de Pi. Émotionnellement chargé, parfois lyrique,  All is Lost étonne non seulement par son manque de dialogue mais surtout par sa dramaturgie extrêmement bien équilibrée. Un récit de naufrage rythmé avec toute l’intensité qu’on peut attendre en tant que spectateur au visionnage d’un film sur cette thématique.

Quand le personnage de Robert Redford, navigateur en solitaire, lutte pour rester en vie contre les éléments naturels qui s’acharnent sur lui, le spectateur lutte lui aussi contre un sentiment d’oppression qui s’empare de lui. La peur, l’empathie, le souffle coupé, avec All is Lost, le spectateur embarque d’emblée dans un rythme effréné qui le tiendra en haleine tout le long de cette course contre la mort. C’est les yeux rivés sur l’écran que nous traversons, avec lui, les tempêtes et la perte de son navire. Et le coeur apaisé quand ce survivant de l’extrême se sort des situation les plus difficiles. Les séquences d’accalmie exacerbent l’intensité des scènes catastrophes, comme quand il cherche son chemin à travers le ciel ou il ruse pour produire de l’eau pour survivre sur son radeau.

A couper le souffle

Un ton fataliste, des images en mer magnifiques, pour un véritable récit sur le courage et le dépassement de soi. All is Lost se veut comme une Ode au courage d’un homme dans la peau d’un Robert Redford, qui, à 77 ans semble en pleine forme pour un véritable défi psychique et physique, même si parfois rattrapé par son âge dans certaines scènes. Une  performance qui se salue puisque l’acteur traduit toute l’intensité du désespoir de ce héros et toute la force qui l’anime par le seul jeu d’expressions faciales.

all-is-lost-redford

Un récit presque nihiliste dans son genre, élément clé dans l’intensité prodiguée par ces scènes de lutte et de désespoir, sans unique indice d’être un jour retrouvé en mer, puisque perdu au beau milieu de l’océan indien. L’absence de voix, les sons naturels portés par une musique discrète offrent une puissance incomparables à certaines scènes clés de ce long métrage. L’esthétique de JC Chandor, qui signe aussi le script de All is Lost, est sans fautes et tout aussi réaliste de ce qu’on peut attendre d’un voyage en mer.

Tragique mais pas jusqu’au bout

imagesCe qu’on aime dans ce film c’est un Robert Redford loin de ce qu’on lui connait et le ton tragique qui lui est donné, principal atout de ce long métrage. Un ton soutenu non seulement par les événements dramatiques qui surviennent mais aussi par la prestation de cette légende du cinéma.

Malheureusement le nihilisme n’est pas assumé jusqu’au bout du film, ce qui pour certains, peut être une faute. Surtout quand on a vu Le Territoire des Loups, lui aussi tout aussi dramatique et sur la même thématique de la survie, mais en forêt. On aurait aimé que le ton donné au film soit tenu de bout en bout sans être gâché par une fin qui se veut presque convenue pour ce genre de film.

Ovni

Présenté en compétition de ce 39ème Festival de Deauville et produit par Zach Snyder, All is Lost est un peu l’ovni de la sélection, de part son budget de production bien plus gros que la plupart des films indépendants présenté cette année.  Ce film d’auteur a néanmoins sa place, avec sa réalisation sobre mais intense, son traitement atypique  pour un véritable exercice de style sur grand écran.

All is Lost bande annonce

Crédit photos : © Universal 2013