Critique du film Bohemian Rhapsody, biopic de Freddie Mercury et de son groupe Queen dans lequel Rami Malek incarne le chanteur avec brio.

Cela fait des années qu’un film sur Freddie Mercury et Queen essayait de se monter. Alors qu’en 2013, Sacha Baron Cohen devait écrire le film et jouer le rôle principal, il a quitté le projet à cause d’une mésentente avec les membres du groupe. Avant que Rami Malek finisse par obtenir le rôle, Ben Whishaw y fut attaché un temps et Dexter Fletcher devait le réaliser.

En 2016, Bryan Singer a été engagé à la réalisation et Rami Malek a décroché le rôle. Mais voilà, les problèmes ne se sont pas complètement résolus puisque fin 2017, Singer a été remercié pour manquement professionnel. Dexter Fletcher a été rappelé à la rescousse pour terminer le film mais Singer a gardé le crédit de réalisateur.

Tout ce drame en coulisse est-il la raison pour laquelle le film ne va pas au bout de son potentiel ? On se le demande parce que si l’interprétation de Malek dans la peau de la légende Mercury est grandement à saluer, le film dans son ensemble manque de profondeur.

L’histoire d’un talent immense

Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury (né Farrokh Bulsara), qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, le film raconte la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.

Le film est construit autour du concert Live Aid. Il démarre dessus, puis fait un retour en arrière et raconte tout ce qui s’est passé entre le moment où Freddie rejoint le groupe jusqu’à ce qu’ils donnent ce concert mythique en 1985. Freddie Mercury était l’une des rock stars les plus fabuleuses du 20ème siècle, un artiste flamboyant rempli de talent mais aussi de démons. Il mourra en 1991 des suites de complications liées au sida.

Rami Malek, la star

L’interprétation de Rami Malek est excellente dans Bohemian Rhapsody. Il a vraiment compris l’essence de Mercury et le joue avec un grand talent. Il s’est vraiment donné corps et âme dans son interprétation et il mérite toutes les accolades qu’il a et qu’il aura pour ce rôle. Il porte le film sur ses épaules, il est magnétique et apporte confiance et vulnérabilité au personnage.

Il offre une performance nuancée et authentique qui aurait pu être cartoonesque. Les cloches des Oscars ne sont clairement pas loin pour l’acteur. Le reste du casting est aussi très bon, balançant parfaitement leur jeu entre sérieux et l’humour qui a été injecté dans le film. Gwilym Lee est un second rôle efficace dans le rôle de Brian May, le guitariste du groupe et leur camaraderie est bien retranscrite.

Manque de profondeur

Cependant, le film est rapide, il touche à chaque moment important du groupe et de la vie de Mercury mais il oublie les détails, les petites choses qui font les grandes. Si vous êtes fans du groupe et de son chanteur, vous n’apprendrez peut-être pas grand chose de plus. Pour les novices, c’est un joli aperçu de leur évolution et de leur carrière dans les grandes lignes. Le talent du groupe est implacable et le film est une ode à leur carrière mais dès qu’il s’agit de creuser un peu plus, c’est là que le film échoue.

Bohemian Rhapsody sait qu’il ne peut pas passer à côté de la sexualité de Mercury, de ses problèmes de drogue et du fait qu’il était atteint du sida. Tout ça est abordé dans le film mais d’une manière très en surface sans jamais y mettre les crocs. Tout est très idéalisé et la sexualité de Mercury est abordée avec des gants. La relation qu’il avait avec Mary Austin (Lucy Boynton) est mignonne mais il entretient des relations avec des hommes en cachette.

Le film n’efface pas la sexualité de Mercury, néanmoins, il n’aborde pas le sujet pleinement. On est constamment entre deux, sens réellement entrer dans le vif du sujet. C’est très conventionnel et le film manque de fond sur la personne qu’était réellement Mercury. L’artiste showman est très bien représenté mais l’homme n’est pas assez approfondi. Sachant que les membres du groupe furent très impliqué dans la production du film, ce n’est pas étonnant qu’il y est un certain contrôle de la narration. Le film est bien trop poli et il est mélodramatique par moment.

Du spectacle

Le film est tout de même agréable à voir, il n’est pas mauvais, il est simplement lisse. On profitera de la bande son géniale de Queen et des reproductions de performances musicales bien réalisées. Le film donne une leçon d’histoire très didactique sur le groupe montrant leurs hauts et leurs bas. L’esthétique est sublime, les acteurs sont bons avec  un Malek exceptionnel dans le rôle de sa vie.

Encore une fois, ce qui manque vraiment au film, c’est une émotion plus profonde. On se retrouve avec un film très politiquement correct qui aurait pu être encore plus intime, plus authentique et plus transgressif. Cela dit, dès qu’il s’agit de montrer la fabrication d’un tube ou la reproduction de Live Aid, le film frappe dans le mille. Les amoureux de la musique seront servis par des séquences musicales bien orchestrées.

Il est évident qu’à la sortie du film, la musique du groupe vous restera dans la tête pendant des heures et ce n‘est pas désagréable.

Bohemian Rhapsody – Bande-Annonce

Crédit ©20th Century Fox