À Texas City, la police fait face à une série de meurtres, mais les rivalités internes qui minent le service et l’endroit épouvantable où ont été retrouvés les corps – le terrain vague de Killing Fields – compliquent l’enquête. Dans le comté voisin, les inspecteurs Mike Souder et Brian Heigh travaillent sur la disparition d’une jeune fille. Pas de cadavre, aucune piste. Lorsqu’Anne, une gamine des rues que Brian a prise sous son aile, est portée disparue à son tour, les deux inspecteurs commencent à se dire que la solution se cache peut-être du côté de Killing Fields…

Chaotique

« Ici il n’y a rien. Rien sauf du chaos », avertit Sam Worthington dans une réplique pas trop mal sentie au milieu de Killing Fields. Malheureusement, on peut en dire autant de ce thriller psychologique qui s’intéresse à la traque d’un tueur en série dans le coeur du Texas. Ami Canaan Mann nous livre un long métrage avec une belle image, une ambiance dérangeante bien filmée mais avec un scénario beaucoup trop elliptique.

La fille de Michael Mann fait son premier film et, forcément, elle se cherche mais perd son auditoire. Dès le début, elle semble forcer, sans grande subtilité, le spectateur à s’abimer dans son film. Les (trop) rares séquences heureuses sont filmées avec un grain très « film de vacances familliales». Ensuite, la caméra remplace les yeux d’un des suspects, puis ceux d’un des inspecteurs et enfin la victime. Si c’était une excellente idée de tourner une séquences du point de vue de la victime, avec la caméra sous la bâche en plastique qui protège le corps, le changement de point de vue, incessant, déroute plus qu’autre chose. A peine est-on mal à l’aise de devenir le tueur, à peine les frissons d’être une victime commencent à courir le long de la colonne vertébrale qu’Ami Canaan Mann  nous soulage en revenant à un point de vue classique d’observateur régulier.

Un déroulement difficilement compréhensible

Ce changement incessant de point de vue nuit non seulement à l’implication du spectateur, mais aussi, et surtout, au scénario. Mann a décidé de ne pas s’embarrasser des scènes d’expositions, tout en réussissant le paradoxe d’offrir un film très lent ! Elle se concentre de préférence sur l’introspection, surtout pour les flics. Malheureusement, ce manque d’explications nuit à l’intrigue qui devient donc incompréhensible, puisque le raisonnement des inspecteurs n’est pas expliqué. On ne sait pas pourquoi ils interrogent ces témoins ou suspects-là en particulier, pourquoi ils portent leur investigation à tel ou tel endroit. Et encore moins pourquoi, deux flics qui en ont vu des vertes et des pas mûres et des bien pires, sont plus touchés par cette série de meurtres et de disparitions que par d’autres.

Et l’introspection est ratée, trop cliché. Un flic, à la nuit tombée, quand il est chez lui, est triste et solitaire, pense vachement beaucoup, avec une bière à la bouche. Et il pleut dehors. Parce qu’on ne peut douter de soi, de la nature humaine par temps clair ! Non ! Ce genre d’introspection ne se fait que lorsqu’il pleut des cordes.

Résultat, on passe le film à se demander « Pourquoi ? » Non pas la fameuse interrogation sur la nature humaine qui pousse certains à devenir tueur en série, mais bien pourquoi un personnage commet tel ou tel acte, pourquoi l’intrigue part dans tel ou tel sens. Pourquoi tant d’ellipses ?

Malgré une belle image, quelques bonnes idées dans la réalisation, une ambiance texane et lancinante très réussie, Ami Canaan Mann rate son entrée dans le cinéma. Et les talents combinés de Sam Worthington, Jeffrey Dean Morgan et Chloé Morentz ne suffisent pas à sauver Killing Fields.

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Crédit Image : Metropolitan FilmExport