Devinez quel film fête ses 30 ans cette semaine ? L’Histoire Sans Fin, exactement ! Pour l’occasion, le Cerveau vous remmène en Fantasia.
Pour le Throwback Thursday de ce mois-ci, voyons voir ce que le Cerveau a dans ses étagères poussiéreuses… Que de livres anciens aux histoires pleines de bravoures et aux reliures ternies par le temps. En voila un justement qui semble assez âgé pour se replonger dedans. Un petit coup de manche dessus pour faire apparaître le titre… Ah, choix judicieux. Asseyez-vous confortablement chers Hannibals Lecteurs, armez-vous d’un couverture bien chaude, d’un chocolat bouillant et approchez-vous de la cheminée puisqu’aujourd’hui, le Cerveau s’en va vous conter de nouveau l’Histoire Sans Fin.
Bastien et le livre magique
Le petit Bastien mène une vie bien compliquée. Élevé par son père veuf, l’école l’ennuie et des brutes passent leur temps à le martyriser. Mais heureusement qu’il a les livres pour s’échapper et vivre de trépidantes aventures. Alors qu’un jour il cherchait à fuir de vilains enfants, il se réfugie dans une bien étrange librairie tenue par un libraire d’autant plus mystérieux. Ce dernier cherche à congédier Bastien alors qu’il s’intéresse à l’ouvrage présent entre les mains de l’homme. A peine eut-il le temps de le mettre en garde contre le recueil que le garçon et l’objet disparaissent. De toute façon en retard pour l’école, Bastien se réfugie dans une salle isolée pour commencer la lecture de l’étrange livre. Il se retrouve alors à suivre les aventures des étonnants habitants de Fantasia menacés par le Néant. Afin de combattre ce dernier, le héros de l’histoire, Atreyu, doit parcourir le pays pour trouver un remède qui permettra de sauver l’Impératice, seule personne pouvant encore sauver ce monde imaginaire de l’oubli.
Toute histoire a un commencement
Cela fait déjà 30 ans, que L’Histoire Sans Fin est sortie au cinéma. Très exactement le 21 novembre 1984 en France. Adapté de la première partie du roman éponyme de Michael Ende, le film germano-américain réalisé par Wolfgang Peterson fut à sa sortie un succès critique et économique puisqu’il rapporta 100 00 000 $ au box office mondial pour un coût de production de 27 000 000 $. Cependant, tout le monde ne fut pas conquis par cette adaptation puisqu’Ende, l’écrivain du roman, refusa que son nom soit cité au générique. Le film eu malgré cela deux suites, L’Histoire Sans Fin 2 : Un nouveau chapitre (réalisé en 1991 cette fois par Jonathan Brandis), basé sur la seconde moitié du roman d’Ende, et L’Histoire Sans Fin 3 : Retour à Fantasia, réalisé par Peter MacDonald en 1995 à partir d’un scénario original. Le Cerveau quant à lui a une petite pensée émue pour le dessin animé basé sur la trilogie où l’on retrouve tous les personnages présents dans les films et même plus.
L’Histoire Sans Fin la série animée : Générique
30 ans, ça use
30 ans après, l’Histoire Sans Fin a très très mal vieilli. Les effets spéciaux basés sur l’incrustation sur fond vert et les marionnettes donnent une atmosphère extrêmement étrange et kitsch au film. La coupe au bol de Bastien pourrait choquer de prime à bord, mais lorsqu’on découvre le Golem et son costume en latex, on relativise très vite. Le jeu de Wuschwusul, le troll / farfadet voyageant en chauve-souris géante est très étrange voire exagéré, ce qui vient dans un sens couper court à la dimension dramatique du film. Mais le plus effrayant avec le recul reste Falkor. Tout le monde se rappelle d’un gentil dragon / chien volant toujours prêt à rendre service. Cependant, si on le voit avec un regard contemporain, le mélange animatronic aux mouvements saccadés et yeux kawaii donnent un air assez traumatisant à notre époque.
Là où L’Histoire Sans Fin fait le plus réagir le spectateur averti, c’est au niveau de sa musique. Pleinement années 80 avec des synthés dans tous les sens à la Erasure. Kitsch à souhait. Elle se laisse écouter d’une oreille amusée en se disant que le compositeur de cette bande originale, sûrement inconnu à l’époque et toujours de nos jours, doit aujourd’hui amèrement le regretter. Du moins, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il s’agit de Giorgio Moroder en personne. Oui, le Moroder qui a composé pour Bowie, Daft Punk, Donna Summer ou Freddy Mercury et qui est à l’origine des bandes originales de Scarface ou Flashdance. Le Cerveau a pour habitude d’adorer ce qu’il a fait mais là, force est de constater qu’Il n’a absolument aucune idée de ce qu’il a voulu faire. Joker musical années 80 dira-t-on.
L’Histoire Sans Fin : le Vol de Bastien
Génération Prozac
Parmi les films qui ont peuplé l’enfance, certains restent en mémoire pour leurs moments traumatisants. Que ça soit la mort de Mufasa, celle de la mère de Bambi ou même l’Empire Contre-Attaque dans son ensemble, L’Histoire Sans Fin ne semble pas avoir sa place. Et pourtant, l’ambiance entière est un appel à la surconsommation d’anti-dépresseurs. Les habitants de Fantasia observent leur monde se faire engloutir par le Néant, impuissants. En témoigne la discussion au début du film entre le Golem, Uckûck et Wuschwusul pendant laquelle ils ont beau s’exciter dans tous les sens et fuir l’arrivée du Néant, ils se rendent compte qu’il y a très peu d’espoir que leur monde soit sauvé. Mais le pire dans tout ça, et le Cerveau sait que beaucoup savent de quelle scène Il va parler, c’est la mort d’Artax, le cheval d’Atreyu. Ce dernier s’enlise dans l’eau boueuse du Marais au début du film et après quelques tentatives réussies pour s’en extirper va tout simplement abandonner tout espoir de survie. S’en suit les larmes et les cris d’Atreyu pour que le maudit canasson reprenne ses esprits et recommence à lutter. Mais rien. Artax se laisse couler, acceptant son destin. Dans quel monde ce genre de scène a sa place dans un film pour enfant ?
L’Histoire Sans Fin : La mort d’Artax
Conte moderne
Le Cerveau semble être sévère avec L’Histoire Sans Fin. En tout franchise, il s’agit surtout d’un moyen pour faire le deuil d’Atrax, moment qu’Il avait inconsciemment rangé dans les scènes traumatisantes à oublier mais que maintenant qu’Il l’a revue c’est trop tard. Parce que si on revoit le film avec un regard adulte, on notera surtout les remarques faites depuis le début de ce dossier. Cependant, si le spectateur décide de se laisser porter à la manière de Bastien avec le livre, il plonge dans un univers formidable peuplé de créatures loufoques et attachantes. Il suit le voyage d’Atreyu sans en perdre une miette, partage ses moments de courage comme ceux de désespoir (Artaaaaax) et vole à dos de dragon-chance à ses côtés. Et même si tout ça sert de métaphore filée pour que Bastien arrive à outrepasser sa gêne sociale et la mort de sa mère (notamment en donnant son nom à l’Impératrice), le spectateur devient autant acteur que le petit garçon. Et c’est là que réside l’essence et le génie de L’Histoire Sans Fin, dans cette mise en abyme du spectateur regardant un enfant lire un livre. Même si le film raconte une histoire banale comme la vie de Bastien, ce dernier et le spectateur vivent une aventure hors du commun côte à côte à travers Atreyu, allant presque jusqu’à l’inviter à la fin à crier le nom de l’Impératrice avec le garçon.
L’Histoire Sans Fin, de nos jours, est extrêmement kitsch et parfois dérangeant. Les effets spéciaux et la musique ont très mal vieilli, donnant une ambiance parfois malsaine au film. Mais si on décide de passer outre ces détails techniques, on a droit à l’un des contes cinématographiques les plus enchanteurs jamais tourné. Et comme Bastien qui n’a jamais rêvé d’interagir avec ses aventures préférées et les vivre pleinement ? C’est un rêve de gosse que le film fait vivre au spectateur. C’est bien tout ce qui compte au final. Sur ce, le Cerveau va replacer le livre sur l’étagère et se faire quelques lasagnes en mémoire d’Artax.
L’Histoire Sans Fin : Bande Annonce
Crédits : ©Flash Pictures
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