Avec The Amazing Spider-Man, Le destin d’un héros, Sony dévoile son plan pour instaurer un univers étendu : mais quand on pense plus au futur qu’à l’instant présent, on se retrouve avec un reboot du reboot.

Ce n’est un secret pour personne que le combat le plus rude de Spider-Man est celui qu’il mène contre lui-même en tentant de concilier la vie quotidienne de Peter Parker et les lourdes responsabilités de Spider-Man. Mais Peter Parker va se rendre compte qu’il fait face à un conflit de bien plus grande ampleur. Être Spider-Man, quoi de plus grisant ?

the-amaing-spider-man-2-critique-1Peter Parker trouve son bonheur entre sa vie de héros, bondissant d’un gratte-ciel à l’autre, et les doux moments passés aux côté de Gwen. Mais être Spider-Man a un prix : il est le seul à pouvoir protéger ses concitoyens new-yorkais des abominables méchants qui menacent la ville. Face à Electro, Peter devra affronter un ennemi nettement plus puissant que lui. Au retour de son vieil ami Harry Osborn, il se rend compte que tous ses ennemis ont un point commun : OsCorp.

The Amazing Spider-Man 1.5 ?

Malgré un premier volet d’une utilité des plus discutables, The Amazing Spider-Man a été un succès aux box-office et une suite a été rapidement mise en chantier avec la même équipe créative. Si le film précédant donnait un aperçu de l’intrigue principale de la saga, à savoir le mystère sur la disparition des parents de Peter Parker due à leurs travaux chez OsCorp, il n’a rien fourni comme informations tangibles.

N’ayant que Spider-Man auquel se raccrocher et avant même la sortie de la suite de The Amazing Spider-Man, Sony annonce qu’ils prévoient également d’établir un univers étendu à partir d’une tétralogie, avec comme satellites des spin-offs sur Venom ou les Sinister Six. Mais que reste-t-il alors pour ce volet qui se doit donc de répondre à certaines questions restées en suspens, tout en développant l’évolution de Spider-Man et sa relation avec Gwen Stacy ?

Une nouvelle toile solide

Alors que les plans de voltige au milieu de buildings et  les scènes d’actions du précédent volet pillaient dans la trilogie de Sam Raimi, ceux de The Amazing Spider-Man : le destin d’un héros font preuve d’un peu plus d’inventivité, mais vont plus chercher du côté de Matrix et des jeux-vidéos à tendance Quick Time Event. Mark Webb se rattrape également en replaçant les new-yorkais sur le devant de la scène. Dans le volet précédent, New York n’était résumée qu’à un grutier et son fils. Ici, nous avons en fond des réactions plurielles d’habitants de la grosse pomme et nous assistons à quelques interactions des new-yorkais, de la police et des pompiers, avec Spider-Man.

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Emma Stone incarne cette fois encore et avec plus de force, la compagne idéale de Peter Parker/Spider-Man. C’est un élément d’équilibre de Peter mais surtout de raison. La relation Peter/Gwen à l’écran est plus fusionnelle, plus complète, puisque les deux tourtereaux partagent le secret de l’identité du héros, ce qui n’était pas le cas dans le comics. Gwen Stacy plaira sans doute à pas mal de spectateurs/lecteurs mais aussi au public féminin parce qu’elle est loin du cliché de la damoiselle en détresse, laissée par la Mary-Jane de Sam Raimi.

Pris dans le piège de l’araignée

The Amazing Spider-Man 2 : Nouvelles images et affiche

Le souci de ce blockbuster réside finalement dans la dysharmonie absolue entre l’action et l’émotion. Webb se perd dans sa toile et peine à installer une réelle fluidité narrative à son entreprise arythmique. L’illogisme et le mauvais jeu de certains acteurs persistent, tandis que l’histoire entre Peter et Gwen, qui est toujours au stade du première amour insouciant et l’introduction tardive d’Harry Osborn dans la saga phagocyte le reste des sous-intrigues.

Le film introduit finalement ce dernier personnage qui manquait au volet précédent, mais le choix d’en faire dès cet épisode un antagoniste à Spider-Man ne nous permet pas d’explorer leur relation d’amitié qui aurait dû être présente dans le film précédent et c’est en cela qu’une bonne partie de ce volet va œuvrer pour et échouer. La relation entre Peter Parker et Harry Osborn est semblable à celle de Clark Kent et Lex Luthor dans Smallville. Le jeu de Dane Dehann est excellent et on arrive à ressentir de l’empathie pour ce personnage qui se retrouve le dos au mur, face aux évènements qui lui arrivent. Malheureusement, dès que sa transformation en Green Goblin est faite, l’acteur cabotine à mort et ce n’est pas le peu de temps qui lui est consacré, à ce moment-là, qui arrange les choses.

Trop d’intrigues tuent l’intrigue

Electro représente un reflet déformé de Peter Parker. Max Dillon, interprété par Jamie Foxx, est la caricature d’un nerd, effacé et sans ami qui obtiendra ses pouvoirs suite à un accident chez OsCorp. Mais, là où Peter avait un repère avec son oncle et sa tante, Max n’a personne et a développé un complexe et une passion « hystérique » pour son sauveur. Quand celui-ci deviendra Electro sa passion se transformera en colère qu’il redirigera vers l’araignée. Le fait de présenter Electro comme un admirateur de Spider-Man ayant mal tourné, montre que l’ego et le combat de Peter entraînent des ondes de chocs, où cela est vachement pompé sur Les Indestructibles et Iron Man 3, tant cela est proche du remplissage.

The Amazing Spider-Man  2 : le destin d’un héros multiplie les sous-intrigues qui ne nous amènent finalement à rien. Le long-métrage apparaît comme une succession de saynettes, dont on essaie de nous convaincre qu’elles sont liées d’une manière ou d’une autre. L’ensemble ne serait pas si irritant s’il offrait au spectateur un minimum d’enjeux dramatiques. Hélas ces derniers n’interviennent que dans les dernières trente minutes du film et s’articulent autour d’un rebondissement connu de tous les lecteurs du comics et une fin ouverte vers l’univers étendue. Nous tenons donc le Batman & Robin des années 2010.

The Amazing Spider-Man 2 : Le destin d’un héros – Bande Annonce

Crédits images ©Sony Pictures