Wes Anderson signe un nouveau chef-d’oeuvre avec The Grand Budapest Hotel, son meilleur film à ce jour.

Wes Anderson, du haut de ses 44 ans et fort de 7 longs métrages anthologiques, nous offre aujourd’hui sa dernière création, The Grand Budapest Hotel. Et autant le dire tout de suite, la série de sans faute s’allonge au point de se demander si le  messie du 7ème Art n’est pas enfin arrivé.

Such a lovely place, such a lovely face

The Grand Budapest Hotel

L’Hotel Budapest, c’était bien plus qu’un simple lieu de transit. Héritier de la rigueur germanique et d’une architecture classique, l’établissement a vu de nombreuses aventures se dérouler en son sein. C’est ce que va raconter M. Moustafa, l’actuel gérant de l’hôtel qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. Il nous emmène dans une époque magnifique et tragique, où lui-même et son mentor, Monsieur Gustave, alors concierge de l’Hôtel, ont du braver mille dangers pour sauver leur peau, mais aussi prouver leur innocence face à une famille de psychopathes, le tout sur fond d’entre-deux guerres.

Petit personnel

Comment ne pas commencer par le casting 5 étoiles de The Grand Budapest Hotel ? Outre les figures emblématiques du cinéma d’Anderson comme Jeff Goldblum, Owen Wilson, Bill Murray, Adrian Brody ou même Edward Norton, tous aussi fabuleux les uns que les autres par ailleurs, d’autres têtes d’affiche viennent s’y ajouter le plus naturellement du monde.
Les personnages principaux, Monsieur Gustave et Zero, respectivement incarnés par Ralph Fiennes et Tony Revolori, nous entrainent dans une aventure qu’on prend un plaisir immense à suivre à leur côté tant leur jeu colle parfaitement à l’univers si particulier d’Anderson. Tantôt cyniques, tantôt dramatiques, ils n’en restent pas moins attachants et arrivent à voler la vedette aux autres stars du film. A toutes, sauf une.

L’award du meilleur rôle de ce film, pour le Cerveau, revient à Willem Dafoe qui offre ici la meilleure performance de sa carrière dans le rôle de Jopling, le serial killer aux dents taillées. C’est comme s’il était né juste pour ce personnage. Une distribution aux petits oignons pour une oeuvre qui frise la perfection.

 Appelez-moi le directeur

Car oui, une fois n’est pas coutume, Wes Anderson ne s’est pas retenu sur l’ambiance et le travail de l’image. Si certains cinéastes prônent la supériorité du jeu d’acteur ou du scénario sur l’aspect graphique d’un film, il ne faut pas oublier avant tout que le cinéma, c’est une question d’image. Que cela vienne servir la cohérence du film par les deux autres critères sus-nommés est un luxe que peu de réalisateurs peuvent se vanter d’accomplir aussi parfaitement que Wes Anderson. La performance des acteurs est toujours à mi-chemin entre le stoïcisme total (ce qui, face à une situation extrême, ne fait que rendre l’événement plus drôle) et une fausse naïveté qui assure l’empathie du spectateur.

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Le scénario ici prend moins de place que dans ses précédents longs métrages et certaines mauvaises langues pourraient même aller jusqu’à dire qu’il ne fait que justifier le défilé de vedettes à l’écran. Cependant, ce procédé de « personnage-dosette » (comprendre ici qui n’apparaît que 5-10 minutes à l’écran) est ancré dans l’ADN des films d’Anderson en tant que ressort émotionnel. Il fait en sorte que le spectateur s’y attache rapidement pour aussitôt lui retirer, permettant ainsi de ne laisser personne indifférent. De plus, cela viendrait porter réellement préjudice au film si les personnages principaux n’avaient pas la capacité de rester les personnages principaux. Or dans The Grand Budapest Hotel, Anderson dirige son personnel d’une main de fer, ce qui fait que chacun reste à sa place.

La combinaison parfaite

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Mais ce qui fait réellement la force du film, c’est la concordance entre l’univers graphique très présent d’Anderson et le style Centre Europe traduit dans The Grand Budapest Hotel. Il est vrai que le cinéaste a l’habitude de traiter avec génie des périodes antérieures à la notre, périodes qui correspondent parfaitement à son traitement graphique. Mais l’ambiance de l’entre-deux guerres en Europe Centrale qu’on retrouve ici semble être l’accomplissement d’une recherche menée au fil de sa filmographie. Des décors somptueux de l’Hôtel au Manoir de la famille Desgoffe-und-Taxis en passant par la francisation un peu stéréotypées des concierges d’hôtel, tout va dans la continuité de son oeuvre et semble trouver l’harmonie tant recherchée dans ses précédents films. Cette unité d’ambiance mêlée aux autres ressorts développés plus haut nous offre un film cohérent et accompli à la perfection.

The Grand Budapest Hotel est un bijou du 7ème art, une oeuvre a savourer sans modération tant son traitement touche à la perfection. Wes Anderson nous offre ici son travail le plus abouti et saura autant parler à ses fans qu’au grand public. A ne rater sous aucun prétexte.

Bande-Annonce The Grand Budapest Hotel

Crédits : ©20th Century Fox