Le roman iconique et surréaliste de Boris Vian, L’écume des jours comédie romantique et tragique portée sur grand écran par Michel Gondry est un songe poétique transposé avec classe et justesse pour une féerie comme sur un nuage. La critique flottante de la rédaction.

Raymond Queneau le décrivait comme «le roman d’amour le plus poignant de tout les temps», L’écume des jours de Boris Vian arrive pour la première fois sur grand écran, dans un (sur)réalisme aussi proche que l’histoire imaginée par l’auteur des années 50. Des inventions psychédéliques issues de l’imagination de cet ingénieur poète, à l’histoire d’amour de Colin et Chloé et le fanatisme de Chick pour Jean Sol Partre, tout l’univers de Vian est transposé comme par magie au cinéma grâce à l’imagination sans limite de Michel Gondry.

L’écume des Jours, ce n’est pas qu’une adaptation banale d’un univers littéraire, c’est l’union de deux imaginaires qui se conjuguent à deux pour offrir une nouvelle dimension au roman.

Ingéniosité colorée

La réalisation de Gondry, déjà adepte du surréalisme visuel, colle parfaitement à l’univers de Boris Vian, son monde d’innovation sur des notes teintées de Jazz, dans un soucis de vraisemblance et de fidélité qui raviront les puristes ou les plus effrayés.

L’écume des jours, façon Gondry, est une balade parisienne aussi féerique que le roman. Une balade soutenue par des dialogues au plus proche du livre, dans une œuvre où son réalisateur ne  manque pas de  rappeler l’origine via de multiples scènes où les mots de Vian s’inscrivent sur des rouleaux de machines à écrire. Un écho à l’œuvre originale qui prouve que Gondry n’a pas cherché à la surpasser ou réinventer, juste donner vie aux couleurs et à l’imaginaire de cet auteur dans lequel il se retrouve depuis son adolescence.

Comme dans un rêve

L’esthétisme de Gondry pour L’écume des Jours reste un exercice de style assez typique du réalisateur. Comme dans un de ses clips pour Björk ou La science des Rêves, le spectateur suit Michel dans son monde inspiré par Boris, se laisse bercer dans cet univers au final aussi similaire que surréaliste. D’ailleurs, Gondry ne se cache pas de l’influence première et évidente de l’auteur dans son imaginaire. Dans son film, tout danse, pétille, s’agite pour aiguiser les sens du spectateur qui aura la sensation de retomber en enfance. On rêve éveillé, tout simplement.

Sentimentalisme bien dosé

L’écume des jours, est une histoire d’amour mélancolique assez simple et classique au milieu des fantaisies imaginées par son créateur. Une romance tragique qui finit tristement, avec la mort de Chloé. Et si dans l’œuvre littéraire, au fil des pages, le cœur se noue face au destin de Colin et Chloé, qu’on se rassure c’est le même cas dans ce long métrage. Un sentimentalisme présent de manière extrêmement subtile et douce grâce aux couleurs, métaphores visuelles et autres décors illustrant la marche vers la fin. A mesure que le film avance et que le nénuphar se propage dans le poumon de Chloé, la facétie s’envole, les couleurs s’estompent et la douceur disparaît. Gondry a su exprimer à sa manière la désolation de Colin, incarné par un Romain Duris remarquable, et la douleur de Chloé, à travers une Audrey Tautou tout en douceur et très enfantine. Gondry, qui s’est offert un caméo de choix dans ce film qui lui tenait à cœur, à réussi à transposer cette histoire sans trop de sentimentalisme mais tout en gardant un poil d’empathie avec le destin tragique de ces personnages.

Le sentimentalisme, on ne le retrouvera pas non plus chez Nicolas ou Chick, servi par Omar Sy et Gad Elmaleh , accompagnés d’Alain Chabat dans le rôle de Gouffé, dont la prestation dans le rôle du cuisinier nous rappelle étrangement les recettes de cuisines dictées par ce dernier dans les bonus audio d’Astérix et Obélix Mission Cléopâtre.

Sur un nuage

Quand on sort de L’écume des Jours, on est comme Chloé et Colin, sur un petit nuage qui flotte au dessus des Halles, emporté par les rythmes de Jazz et touché par la douceur du monde enchanté de Vian et Gondry, ces deux artistes perchés dans les étoiles de leurs univers. Ce film entre célébration à la française d’un Paris des années 50 très 2013 dans un  imaginaire fantasque et surréaliste est à voir et à revoir, histoire d’éveiller sa propre imagination.

 

L’écume des Jours : Bande Annonce

Crédit photo : ©StudioCanal Distribution