Faut-il donner une chance à Luck ?

2

2.0

Dimanche soir, HBO présentait le premier épisode de la série tant attendue Luck, qui nous immerge dans le monde des courses hippiques.

Il y a des séries avec lesquelles on y va les yeux fermés. Luck, fait partie de celles là. Monsieur Deadwood et New York Police Blue, David Milch qui l’a créée et qui en écrit le scénario. À la réalisation, nul autre que Michael Mann, (Le sixième Sens, Public Ennemies). La casting, lui, est à faire pâlir d’envie n’importe quel directeur de casting : Dustin Hoffman, Nick Nolte, Ian Hart, John Ortiz, Kevin Dunn, Richard Kind, Dennis Farina. Et même les moins expérimentés s’en sortent face à ces pointures. C’est donc avec toute confiance qu’on s’apprête à s’immerger dans l’envers des courses hippiques, qu’on s’apprête à vivre aux côtés des Jockeys, des entraîneurs, des propriétaires de chevaux et autres parieurs et agents.

Confiance mal placée

Pas de chance, la confiance est mal placée. Le pilote est long, très long. Une longueur certes volontaire mais qui donne un lourd sentiment d’ennui du début à la fin de cet épisode. Il faut certes du temps pour installer tous ces personnages, mais les présenter au milieu d’une action ou d’une phrase, qui n’a de sens que pour son interlocuteur et non pour le téléspectateur n’aide pas à s’attacher à ces hommes et femmes qui ont pourtant un énorme potentiel. Et ça aide encore moins à comprendre leurs intentions.

Dans l’optique de nous plonger directement dans l’action, ou plutôt la non-action, David Milch nous épargne quelques scènes et dialogues dans une recherche de réalisme. Certes, d’accord David, il serait bizarre que quelqu’un explique les termes spécifiques à l’hippisme quand il n’y a que des personnages qui y baignent jour et nuit depuis des années. Cependant, tous les téléspectateurs n’ont pas grandi sur les champs de courses et certains enjeux seraient plus compréhensibles si au moins ils étaient expliqués.

De plus, après une heure d’épisode, on ne sait toujours pas réellement où on va. On devine qu’un des parieurs va s’immerger dans ses problèmes de jeux, que le personnage de Hoffman va tenter de reprendre la main sur le champs de courses, mais incognito vu qu’il vient de sortir de prison et… c’est à peu prêt tout.

Une réalisme pas très réaliste

Mais le réalisme n’est pas réellement présent non plus, et la promesse du synopsis n’est pas tenue. « Une regard provocateur sur les courses hippiques ». Dans ce monde, provocateur donc, les courses ne sont pas truquées, et les parieurs peuvent donc gagner près de 3 millions de dollars avec quelques calculs savants et connaissances aiguës des courses, les entraîneurs ne travaillent que pour le bien de leurs chevaux, les jockeys ne se font pas vomir à la sortie de la pesée, et même ceux qui sont en concurrence pour monter un cheval arrivent à être amicaux. Et les propriétaires de chevaux ne cherchent que le bien pour leur bête. Même si, le Cerveau l’accorde, ils sont pas super gentils tout de même et il y a au moins un soupçon d’arnaque à l’assurance. Mais le summum reste la scène émouvante où tout le monde est très très triste lorsqu’on on doit abattre un cheval avec une jambe cassée. Mais pas triste parce que le poney il coûte quand même près d’un million, triste parce que les chevaux ont un coeur ! Ce que le Cerveau ne nie pas, le Cerveau aime les chevaux, mais il doute furieusement qu’un professionnel pense à l’âme du cheval plutôt qu’à l’investissement perdu.

À croire que le lobby des paris hippique est même trop fort pour Milch et HBO. Ou plutôt, que les deux ont parfaitement conscience de leur aura, qu’ils savent très bien qu’ils peuvent faire à peu prêt tout et n’importe quoi et les critiques et une partie du public, les hypster et autres fans de la masturbation intellectuelle inutile, les suivront aveuglement sur la seule mention que « c’est HBO quoi, puis c’est David Milch, ce sont des génies ! »

L’Étalon noir était peut-être angélique, mais d’une part c’était une série pour enfants, mais avait tout de même osé aborder ces problèmes, biens réels dans ce monde.

Et cependant, Luck n’est pas exempt de qualité. C’est particulièrement bien filmé, Michael Mann sait faire passer les émotions et l’adrénaline lors des courses, rend intéressantes certaines scènes. Les personnages sont particulièrement bien écrits et on ressent une complexité sous-jacente, même si ça reste à démontrer. La bande originale, et le générique, sont bien choisis et les acteurs sont bluffants de réalisme et de talent.

Il faut peut-être donner une chance à Luck, peut-être que les neufs prochains épisodes seront peut-être plus animés, plus critiques, moins long. Mais, rien, dans ce pilote, ne permet de l’espérer.

Bande Annonce

Crédit Image : HBO

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