Ghostland est le film d’horreur à voir en ce début d’année. Doté d’une maitrise de la peur et de la tension rare, les nerfs du Cerveau ne sont pas sortis indemnes

Récompensé au Festival de Gérardmer par trois prix dont le Grand prix du Jury, Ghostland est le nouveau film de Pascal Laugier. L’un des maîtres du cinéma de genre en France, revient cette année avec sans aucun doute l’un de ses meilleurs films. Le réalisateur principalement connu pour Martyrs offre cette fois-ci un film profondément effrayant, qui instaure une véritable atmosphère de crainte et d’angoisse, jouant avec nos nerfs comme rarement.

Qu’est ce qui est vrai ?

Ghostland commence comme un film d’horreur basique, accumulant les codes ou clichés du genre comme le premier film de série B venu. On a ainsi droit à la maison effrayante, les jump scare sortis du placard que l’on voit venir à dix kilomètres, les tueurs au physique difforme, l’ambiance sordide déjà vu mille fois… Pour finalement tout retourner et chambouler. Dans le film comme dans notre tête.

En effet, toutes ces accumulations de facilités ne sont pas là sans raison. Laugier veut nous mettre dans une zone de confort, que l’on rentre dans le film facilement pour qu’on ait l’air d’avoir tout compris. Pourquoi ? Nous en arracher avec force et nous faire perdre nos repères.

Pire, il va faire ceci deux fois. A deux occasions le film nous montre que ce que l’on a vu jusqu’à maintenant n’est pas la réalité. La première fois, on est un peu déçus de ce choix facile apparent, la deuxième, on ne comprend plus rien à rien. Nous sommes perdus. On s’attend encore à un nouveau twist. Aucune idée de ce qui est vrai, de ce qui est faux. En nous plaçant dans la tête d’un de ses personnages, il nous perturbe totalement, autant que ce qu’elle peut l’être. Il transforme les faiblesses et les clichés en forces, et il nous faudra du temps avant d’accepter et de comprendre que ce nous voyons est enfin la réalité.

Une intensité de tous les instants

Cette perte des sens et des repères nous met dans un état de tension très élevé, et là Ghostland peut commencer à nous prendre et nous emporter en dévoilant tous ses tours. C’est presque une prise d’otage tellement ceci est fort. Les personnages sont enfermés dans cette maison, et nous le sommes avec elles. Nous ressentons tout ce qu’elles ressentent, avec une intensité très grande. Rares sont aujourd’hui les films qui réussissent parfaitement à instaurer la peur par son ambiance plus que par des artifices. Rares sont aussi les films à nous prennent de la sorte, sans que nous ne devions fournir le moindre effort, et qui nous garde avec lui-même le film fini.

Il y a quelques rares moments de relâchement, où l’on parvient enfin à respirer après avoir été en apnée, collé au fond de son siège pendant quinze minutes. On pense enfin les deux héroïnes sorties d’affaire, sauvées. Pauvre de nous ! Le film ne fait ceci que pour nous mettre une baffe encore plus forte, nous attraper et nous secouer en hurlant que non, ce n’est toujours pas fini. Ainsi, même dans les derniers instants de Ghostland, il est impossible d’être tranquille, on s’attend à ce que quelque chose déraille à nouveau. Les nerfs lâchent tellement que l’on est à deux doigts de pleurer de joie ou de peur. A moins que ce ne soit de tristesse. Sûrement un peu de tout ça, il devient difficile de faire le tri dans notre tête.

Partition impeccable

Si Ghostland réussi aussi bien ce travail complexe, c’est grâce à deux éléments excellents de son film : la réalisation et le jeu. Instaurer une ambiance de la sorte nécessite forcément une bonne réalisation, mais ici chaque plan est maîtrisé, chaque élément de mise en scène est réfléchi et efficace. Pascal Laugier réussit une partition sans la moindre fausse note. Que l’on soit amateur de ce genre de film ou non, il est incontestable que c’est du grand cinéma.

Ce qui va sublimer ce travail, c’est l’interprétation des deux actrices principales. Si nous croyons autant en ce qui passe, c’est avant tout parce que les actrices y croient aussi. Elles sont excellentes, et vivent chaque scène avec une intensité palpable. On ressent chaque émotion qu’elles ressentent, et croyez Le Cerveau, parfois on ne préférerait pas.

Ghostland est donc un film qui va jouer avec nos nerfs comme un chat avec une souris. Vrai film d’horreur, il ne repose pas sur des artifices bas de gamme servant uniquement à nous faire sursauter, mais instaure une ambiance et une tension avec une parfaite maîtrise, à tel point que même la séance finie il continuera de nous hanter.

Ghostland – Bande annonce

 

Crédit : ©Mars