Critique de Black Panther, un film Marvel vibrant et divertissant qui n’hésite pas s’engager. Avec un peu de spoilers…mais pas trop quand même.

En 2016, les fans de Marvel découvraient enfin Black Panther en action dans Captain America Civil War. Le film mettait alors en place les fondements de l’histoire solo du super-héros africain, qui prend enfin son indépendance dans un film au message puissant et plutôt bien construit.

Certes le film de Ryan Coogler (Creed) n’est pas parfait, la fin est assez prévisible mais il offre un méchant intéressant et profond porté par un très bon Michael B. Jordan et un héros ferme au grand coeur incarné par un Chadwick Boseman, charismatique, entouré d’une armée de femmes fortes et déterminées. Black Panther s’inscrit clairement dans les meilleurs films de l’univers cinématique de Marvel.

Black Panther à Wakanda

L’histoire de Black Panther commence plus où moins là où Captain America Civil War s’est arrêté. Après avoir arrêté l’assassin de son père, T’Challa est de retour au Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée, où il doit reprendre le trône qui lui revient. Mais voilà, avant de monter sur son trône, T’Challa est mis à l’épreuve quand un vieil ennemi, Ulysses Klaue (un Andy Serkis qui s’éclate à jouer les tarés), refait surface mais surtout quand Killmonger (Jordan) fait irruption dans sa vie et le met au défi. Il va devoir faire un choix qui pourrait menacer son pays mais aussi le monde entier.

Ce qui est intéressant avec Killmonger, c’est qu’il est le fruit d’un monde qui l’a laissé tomber et sans en dire trop, il est le reflet d’une société qui souffre. En ça, le film est intéressant parce qu’il propose un véritable parallèle avec le monde réel. Le film en fait un antagoniste réaliste, à trois dimensions et qui pense vraiment que ses actions sont justifiées.

Une réalisation léchée et un message fort

Depuis le temps, Marvel a plus ou moins trouvé la recette qui marche. De l’humour, de l’action, des super-héros torturés (mais pas trop) avec des antagonistes, qui, pour la majorité ,fonctionnent. Si Black Panther garde plus ou moins la même recette, le film se détache des autres et crée son propre univers, pour s’ouvrir vers d’autres horizons et montre une autre facette du monde. L’humour est un peu moins présent,au profit d’une certaine réflexion sociale sur le monde. Mais, qu’on se rassure le film reste très divertissant.

C’est un énorme film de super-héros et pourtant, Coogler arrive à lui faire garder les pieds sur terre. Si on est dans un film où la sécurité du monde est menacée, en fin de compte, c’est une histoire de famille. Certes de famille royale, mais de famille quand même et le spectateur peut s’identifier facilement. T’Challa a encore beaucoup à apprendre sur la vie et sur son rôle de roi et de Black Panther. Il a des responsabilités qui vont l’amener à prendre des décisions que d’autres héros n’ont pas et c’est un challenge intéressant que Chadwick Boseman relève à merveille.

Marvel lifté

Coogler a fait un travail visuel exceptionnel et arrive à renouveler les films Marvel après 18 longs métrages. Les couleurs sont vibrantes, les costume sublimes, la musique est résolument africaine, les paysages sont riches et l’Afrique est vue par le prisme de ses richesses et non de la misère à laquelle est malheureusement trop souvent associée.

Certains y verront de la démagogie, le Cerveau y voit de l’espoir et de la positivité parce que l’Afrique regorge de richesses. Le message du film est aussi fort parce qu’il s’éloigne des clichés. C’est une véritable célébration culturelle et Coogler envoie aussi le message de construire des ponts entre les nations plutôt que des murs à l’heure où un certain président voit d’autres nations comme des “pays de merde”. Le film tombe vraiment à point nommé. Il est ainsi intéressant de voir un film Marvel prendre position politiquement sans non plus en faire trop parce qu’on est aussi là pour s’amuser. Cela dit, le film ouvre une conversation importante.

Des femmes fortes

Ce qui est aussi très agréable avec le film, c’est que Black Panther fait le portrait de femmes noires fortes, au coeur de l’action. Si le Cerveau aurait voulu encore plus de développement pour certains personnages, Okoye (Danai Gurira), Nakia (Lupita Nyong’o) ou encore Shuri (l’excellente Letitia Wright récemment vue dans Black Mirror), s’imposent toutes comme des battantes, douées dans leur domaine respectif. Et Angela Bassett rayonne dans son rôle de Reine Mère.

Les femmes dans les films de super-héros commencent de plus en plus à s’épanouir et à être leur propre personne et c’est particulièrement le cas ici. Si Black Panther n’échappe pas à “l’histoire d’amour”, les femmes ne sont jamais cantonnées au rôle de demoiselle en détresse éperdument amoureuse du héros. Nakia a ses objectifs, c’est une espionne et son travail est important pour elle. Okoye est une guerrière dévouée à son pays qui ne recule devant rien pour faire ce qu’il faut et Shuri est un petit génie de la technologie qui met ses compétences à exécution et aide son frère T’Challa à combattre l’ennemi. Et il n’y a pas à dire, Letitia Wright vole la vedette à chacune de ses scènes.

La représentation est importante

Black Panther est un film important avec un héros auquel des millions de personnes (les petits comme les grands) peuvent enfin se reconnaître. Si les autres super-héros sont aussi très importants et qu’ils possèdent des qualités universelles peu importe leur apparence, voir son reflet sur grand écran est significatif pour toute une communauté. Cela montre que peu importe la couleur de sa peau, on peut aussi être un héros. Cela dit, le film reste aussi très universel de par les valeurs qu’il véhicule. Le partage de ses richesses plutôt que de rester égoïste dans son coin quand on sait qu’on peut aider son prochain.

Bien évidemment, le film n’est pas parfait, on aurait aimé un dénouement moins prévisible mais c‘est un très bon Marvel, parmi les meilleurs et ça fait du bien de voir une telle diversité enfin représentée à l’écran. Black Panther est un film important qui marque un véritable tournant dans le genre, un film qui offre beaucoup de possibilités pour le futur du MCU.

 

Dernier conseil du Cerveau, ne sortez pas de la salle avant la fin. Le film offre bien deux scènes post-générique. Une au milieu assez intéressante qui va redéfinir le Wakanda, et une à la toute fin du générique qui contient un visage très familier du MCU.

Bande-annonce

Crédit ©Disney/Marvel