­

Black Mirror saison 7 : Dystopie, amour et voyage psychologique…ou intergalactique !

0

4.5

Découvrez l’avis du Cerveau pour la dernière saison de Black Mirror, sa septième, entre nihilisme et poésie

Ce jeudi 10 Avril, Black Mirror a fait son grand retour sur les écrans Netflix pour le plus grand plaisir de ses abonnés. Un retour qui se fait entre réflexion sur la nature de l’humanité, ce qu’elle a de plus beau et de plus noir, toujours sous le prisme de la technologie.

L’ultime série originale (enfin presque) des premiers jours de Netflix revient pour une septième saison, toujours se questionnant sur le rapport avec la technologie et l’aliénation qu’elle peut engendrer dans notre vie quotidienne.

Souvent précurseure, toujours pointue et incisive vis-à-vis de notre société, du rapport à l’autre et du pouvoir pervers de la technologie qui nous entoure, Charlie Brocker propose dans cette septième itération de sa série d’anticipation, toujours les thèmes qu’on lui connait entre drame psychologique, dystopique, mais cette fois-ci avec plus de poésie autour de ce qui nous rend fondamentalement humain.

6 épisodes, pas plus

Divisée en six épisodes, cette nouvelle saison ne propose pas que de l’anthologie. Le showrunner, féru de transmédia et de manière diverses de raconter des histoires, étend l’intrigue de deux épisodes majeurs de son œuvre. Afin d’élargir un peu plus la réflexion sur ses précédentes intrigues.

Un saison qui explore toujours la possibilité de transférer la conscience humaine, voire la cloner, mais dans des aspects différents. Elle explore surtout notre rapport à l’autre, peut-être plus que dans les précédentes, avec deux épisodes assez profonds et teintés de lyrisme autour du couple, de l’amour et des regrets.

Qu’est ce que l’humain ?

Black Mirror c’est, au-delà d’une série d’anticipation souvent glaçante et toujours perspicace, une série philosophique qui se questionne fondamentalement sur l’humain, dans une société changeante à vitesse grand V. Une société plus que schizophrène, avec des technologies sensées rendre la vie humaine plus simple. Sensée… Le premier épisode sera peut-être celui qui résonnera le plus avec un Black Mirror que nous connaissons bien.

Dans « Des gens ordinaires » Chris O’Dowd et Rashida Jones forment un couple confronté à la maladie dans un pays où le système de santé repose essentiellement sur l’argent. Au-delà de rappeler le système de santé américain qui peut plonger des familles dans la pauvreté extrême et l’endettement, ici, on critique aussi un système économique qui fait rage dont on s’est tous accoutumés : celui de l’abonnement.

A l’heure des multiplateformes d’abonnement vidéo et musicales, d’applications et autres services basés sur un souscription mensuelle, qu’est-on prêts à accepter quand votre vie ne tient qu’à un abonnement et ses échelons de confort ? Une histoire glaçante, triste et nihiliste, qui ne manquera pas de laisser songeur en fin de visionnage.

Gare au bully !

Le second épisode, qui porte un titre français dans sa version originale « Bête Noire » joue des codes de l’horreur pour mieux réfléchir aux méfaits de l’harcèlement et du bullying à l’école, sur  fond de Mandela Effect deux versions de l’épisode existe, personne ne sait quelle version il a au final histoire de rendre le mandela effect encore plus immersif, pour jouer avec un phénomène qui intrigue beaucoup les internautes.

L’intrigue reste cependant assez simple, bien qu’efficace : Une jeune femme se voit obligée de travailler avec son ancienne souffre-douleur, qui semble lui retourner non seulement sa vie, mais surtout son cerveau. Un épisode amusant, jouant visuellement et scénaristiquement des codes de l’horreur et thriller, mais un peu anecdotique d’un point de vue profondeur.

Rêverie en noir et blanc

Le troisième épisode, lui, s’inscrit dans la veine optimiste de Charlie Brooker. Lui, qui dénonçait son producteur dans la premier épisode de la saison précédente avec « Joan est horrible » et l’utilisation de l’IA dans la production audiovisuelle, se questionne cette fois-ci sur la réécriture de films anciens et oubliés, grâce à l’IA, mais de la bonne manière.

Moins noire qu’on l’aurait imaginé, l’intrigue tourne autour de Brandy campée par Issa Rae, une actrice de renom qui se voit prendre le lead du reboot d’un de ses vieux films préférés de romance à la Casablanca.

Mais cette fois, elle intègre le film pour interpréter de rôle de l’intérêt amoureux, face à une excellente Emma Corrin (The Crown), avant d’y rester coincée. Un épisode poignant qui explore la frontière entre l’acteur et son personnage, ainsi que l’héritage d’une carrière. L’intrigue effleure aussi l’image envoyée aux autres face à la réalité de ces personnes célèbres que nous pensons connaitre. Une intrigue poétique, comme une parenthèse tranquille et retro, avant la suite de la saison, non sans rappeler l’épisode San Junipero.

L’illusion de la vie

Le quatrième épisode de cette nouvelle saison de Black Mirror est un épisode presque inespéré inspiré par Bandersnatch, le long épisode interactif imaginé par le créateur de la série. Vendu comme une révolution à sa sortie, il explorait une autre manière de raconter une histoire, avec des choix, à la manière des livres interactifs dont « tu es le héros », en 2016.

Dans cet épisode, on découvre un jeu inventé par le créateur de jeu vidéo un peu fou de l’épisode interactif, qui va rendre obsessionnel un féru critique de jeu vidéo.

Un jeu basé sur plusieurs IA , qui se reproduisent et apprennent de celui qui interagit avec eux. A la manière d’un tamagoshi (amis trentenaires et quarantenaires, payez votre coup de vieux avec cette référence), le joueur va devoir s’occuper de ses petites IA qui se reproduisent et qui apprennent l’humanité à travers vous. Pour le meilleur, comme le pire.

Sans rien dévoiler sur la suite, « De simples jouets » est un épisode qui ouvre la réflexion sur la transmission, ainsi que notre rôle en tant qu’humain dans l’éventuelle création d’une entité virtuelle dotée de pensée.

L’humain va-t-il transmettre le pire ou le meilleur de lui-même ? Une réflexion qui a sûrement vu ses origines dans l’histoire de Tay, une IA déployée en 2016 qui a fini nazie et misanthrope suite à ses interaction avec les internautes. Un épisode non sans rappeler un autre de la série X-Files dans sa dernière saison 11 sur les mêmes thématiques.

Si l’histoire semble simple, les scénaristes amènent quand même les spectateurs à réfléchir sur les QR codes et les logiciels de surveillance ainsi que ses dangers, à l’heure ou plusieurs gouvernements choisissent ces derniers pour la reconnaissance faciale dans des dérives sécuritaires.

Transmédia

Un épisode qui se décline d’ailleurs en jeu vidéo sur smartphone IOS et Android  : le showrunner affectionnant le transmédia et l’interactivité avec ses spectateurs. Un jeu aussi addictif que celui de l’épisode, mais surtout psychologique dont la complétion vous offrira en récompense des contenus exclusifs autour des épisodes de la saison.

Pour finir, il faut souligner la performance de Peter Capaldi, dont le talent n’est plus à prouver, dans son rôle de conteur vieux et fou.

Eulogie réparatrice

Grand amours et regrets. S’il fallait résumer le pénultième épisode de cette nouvelle saison de Black Mirror, c’est ainsi qu’on le ferait. Un épisode lyrique qui réfléchit sur les amours perdus et oubliés, de gré ou de force, dans un voyage de souvenirs et réminiscence mémoriel, à travers une IA et des mémentos physiques, audio et photos.

q

Une intrigue qui pourrait sembler anecdotique pour les adeptes de fins ouvertes ou nihilistes à la 4ème dimension, mais qui offre une véritable pose poétique et positive sur l’utilisation d’une IA dans la recherche de l’apaisement et l’acceptation du passé.

USS Callister : Au cœur d’Infinity… et au delà

Suite et peut être fin (on ne sait jamais avec Black Mirror désormais) d’un épisode culte qui réfléchit sur le clonage humain et les mondes virtuels.

Ici, on retrouve les personnages introduits en saison 5 de L’USS Callister, désormais libres de leur tortionnaire, mais en proie à un monde de psychopathes puisque déployé dans un open-world sans merci où ces derniers sont obligés d’être des pirates intergalactiques pour survivre au milieu de ses joueurs en plein défouloir virtuel.

Un nouveau voyage interstellaire dans un espace vidéo-ludique, qui continue d’explorer la dualité des personnalités clonés ou non, ainsi que la capacité de l’être humain d’agir entre le bien et le mal en fonction de ses choix et aspirations.

Si l’épisode n’est pas le plus profond spirituellement ou technologiquement, il a le mérite de proposer un peu de comédie, de solidarité et de partage dans une intrigue survivaliste délurée, à la conclusion toute aussi délurée.

Un miroir plus noir que jamais

En sommes, on peut dire que saison 7 de Black Mirror continue de questionner et d’étonner pour sa versatilité narrative et sa dénonciation habituelle de l’évolution de la société avec la modernité technologique.

Elle a le mérite de continuer à jongler entre le positif et le nihiliste face à notre rapport à la technologie, à l’aube des intelligences artificielles, de la courses aux modèles de langages dans tous les domaines, des générateurs de starter packs et autre générateurs de vidéos et d’images de plus en plus réalistes. De quoi nourrir l’imagination de Charlie Brooker et ses scénaristes pendant plusieurs autres saisons, c’est certain.

crédit photos ©Netflix

Partager