Twin Peaks saison 3 : Lynch inimitable, style rétro et confusion

0

3.5

Découvrez l’avis du Cerveau pour le retour de Twin Peaks à la télévision 26 ans après. Un retour très  bizarre, entre mindfuck et le style inimitable du réalisateur de renom : David Lynch.

Hier soir, sur la chaîne Showtime, Twin Peaks est revenue d’entre les morts pour un premier épisode d’une saison 3, 26 ans après  la fin de sa diffusion sur ABC en 1991. Elle reviendra aussi sur Canal + dès le 25 Mai prochain.

Une nouvelle saison marquée par la sur-promo à outrance autour de la série par son diffuseur, sans aucun indice sur ce qui attendait les téléspectateurs. Un nouvel épisode que le Cerveau a découvert non sans mal, premier sur 18, de deux heures. Un épisode, étrange, dérangeant, retro… mais surtout « lynchien ».

Pour ceux qui ne connaissent pas Twin Peaks, il va être très difficile de se lancer dans cet épisode, à l’image qu’il est difficile pour le Cerveau de le résumer en un paragraphe. Si vous ne connaissez pas la série, ou envisagiez de la voir, ne commencez surtout pas par ces épisodes. Puisque même ceux qui ont déjà vu la série sont perturbés au visionnage. Ici, le spectateur est lancé directement dans la suite 26 ans après des évènements du final de la saison 2, comme l’avait promis le spectre dans la chambre rouge de Laura Palmer.

Twin Peaks, la ville, mais pas que !

boite en verreMais la nouveauté de cette saison 3 est qu’elle ne propose pas de revenir directement dans la ville qui a donné le nom mythique de la série : Twin Peaks. Elle se déroule à la fois à New-York, mais aussi à Buckhorn, dans le Dakota du Sud, et Las Vegas Trois nouveaux lieux, autour vraisemblablement du voyage du doppelganger de l’agent Dale Cooper, échappé du Black Lodge, (Kyle MacLachlan) à Buckhorn.

De nouveaux personnages, de nouveaux meurtres, pour une nouvelle narration toujours aussi confuse, parfois intrigante, mais surtout déroutante. Déroutante, à l’image de la saison 2 à partir de la résolution du meurtre de Laura Palmer.

Si l’on sait que cette nouvelle saison a été imaginée comme un film de 18 épisodes, ce qui marque ce premier de la lignée est sa lenteur, et son ton contemplatif. Si David Lynch arrive à retransposer le style inimitable de Twin Peaks, visuel ou auditif, telle une bulle spatio-temporelle figée dans l’espace-temps et qui n’a pas été spoliée par la technologie, l’architecture de ce premier épisode pourrait en décevoir et rebuter plus d’un. Rebuter pour sa lenteur, ses énigmes, ses aspects WTF, et certains de ses personnages qui n’engagent pas le spectateur dans cette nouvelle itération de la série, comme ceux que nous connaissions.

Black Lodge, Doppelganger, mystère

On comprend cependant que cette nouvelle saison 3 de Twin Peaks voit sa narration plus grande, bien au-delà du simple mystère autour d’un décès. On conçoit très vite que chaque lieu et sous-intrigue, que cela concerne la boite de verre à NYC– portail d’un autre monde – , Buckhorn, Las Vegas ou Twin Peaks, est une pièce d’un puzzle plus large, qui on l’espère va donner enfin des explications sur ces évènements paranormaux, et autres « mindfucks » que la série a installé dans sa seconde saison.

cooer doppelganger

Des « mindfucks » qui sont d’ailleurs repris dans ce pilote, entre des voyages du « gentil » Dale Cooper, coincé dans le Black Lodge / Chambre rouge d’un monde à l’autre, l’arbre cerveau qui pose et explique des énigmes (en lieu et place du nain qui dansait), ou Laura, dont le visage est un portail à lui seul. (Si vous ne comprenez rien à ce que vous venez de lire, c’est normal, le Cerveau lui aussi n’est pas sûr d’avoir tout compris non plus … Mais c’est l’effet recherché).

Comme en saison 2

cerveau arbreIl semblerait avec ce pilote, que David Lynch et Mark Frost n’aient pas retenu la leçon de l’insuccès de Fire Walk With me, le film qui a suivi la série, ou de la saison 2 de Twin Peaks il y a 26 ans. Si la série avait conquis les téléspectateurs et a été un véritable hit avec sa première saison, c’est pour son mélange de genre, ses intrigues dignes de soaps, son côté drama et son style résolument policier. Ici, plus de mélange de genres, nous sommes dans du pur David Lynch, entre jeux visuels, confusion mentale, psychique et mystères indéchiffrables. Ce qui pourrait en rebuter beaucoup.

Cependant, la dernière séquence de ce premier épisode de Twin Peaks saison 3, laisse croire que peut-être, elle peut renouer avec ce mélange des genres qui a fait d’elle une série hors-norme et marqué son temps. Car pour le moment, tout ce qu’on retient est l’aspect plus « cinéma d’auteur » que télévision de Lynch, et le voyage rétro d’une série datée qui n’a plus sa place à une époque de surproduction télévisée.

Retro

En effet, Twin Peaks aura été la mère d’un âge d’or et de beaucoup de séries, dopées et inspirées par cette première saison qui frise le chef d’œuvre. Certains pourraient se demander l’intérêt de revoir un Twin Peaks aujourd’hui, à une époque où la télévision, et ses usages et consommation, a complètement et irrémédiablement changé, au milieu d’autres nouvelles séries aussi mystérieuses et dérangeantes que celle-ci, comme par exemple American Gods.

twin_peaks_1

Surtout que la mise en scène et les décors de ce Twin Peaks 2017 sont extrêmement datés, puisqu’ils ressemblent à s’y m’éprendre, tant dans les costumes, les lieux, que les villes, et même les téléphones, aux années 90. Si quelques éléments de technologie (que Lynch abhorre, rappelons-le) faisaient leur irruption de manière éparse dans ce nouveau Twin Peaks, on pourrait presque croire que ces épisodes ont été filmés il y a plus de deux décennies. Encore un choix visuel, forçant le spectateur à être perturbé, se questionnant sur l’époque de ces évènements…

A suivre

Avant de sonner le glas de ce retour de Twin Peaks, le Cerveau attend de voir la suite pour juger du réel intérêt et impact de Twin Peaks 2017 à l’ère de l’internet, des smartphones, des réseaux sociaux et immédiateté.

Si la lenteur des intrigues et les nombreuses scènes contemplatives donnent le ton, on espère vivement que Twin Peaks renouera avec ce qui a fait d’elle un culte au-delà de son esthétique digne du grand écran : le mélange des genres porté par des personnages plus qu’attachants, et un mystère séduisant, pour une série qui restera hors du temps et hors normes.

Crédit photos ©Showtime 

Partager