Retour sur la saison 4 de Masters of Sex qui avait bien commencé mais finit par décevoir. Critique spoilers.
Hier soir, OCS diffusait le dernier épisode de la saison 4 de Masters of Sex. Une saison avec des hauts et des bas qui se termine sur un mariage, celui de Virginia et Bill. Après avoir traversé plus d’une décennie dans leur vie, le couple a enfin passé le cap et la série arrive au moment où la relation entre Masters et Johnson prend un nouveau tournant. Elle est enfin officielle et au grand jour après des années de clandestinité et de doutes par rapport aux sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.
Du côté du travail, Bill et Virginia tentent de protéger ce qu’ils ont construit. Durant toute la saison, ils ont réalisé que plusieurs praticiens du pays se sont appropriés leurs recherches et leurs méthodes. Ce qu’ils n’ont pas forcément vu venir, c’est la menace de Nancy qui était prête à partir s’installer à New York et ouvrir son propre cabinet.
Des histoires non résolues
Ce final a bizarrement des airs de fin de série mal goupillé, vu la façon dont se termine les différentes intrigues. Il reste des points à régler, comme la relation amicale avec Barton qui s’est détériorée quand il a appris le deal pour le livre sur la thérapie de conversion gay. Aussi l’absence totale de Betty dans ce final est une déception. Son histoire est complètement laissée pour compte et on ne sait pas comment ça se passe pour elle. La mort d’Helen (Sarah Silverman) était dévastatrice pour Betty. Non seulement elle s’ajoute à la liste des personnages de lesbiennes tuées à la télévision mais elle était surtout inutile. C’était simplement un outil scénaristique facile pour se débarrasser d’un personnage et créer du drame. Mais un drame absent puisque Betty est mise de côté.
Bien évidemment, Masters of Sex est au final, l’histoire d’amour entre Bill et Virginia merveilleusement bien incarnés par Michael Sheen et Lizzy Caplan. Quoi qu’on en dise, leur relation est au centre de la série. Qu’ils soient ensemble ou non, ils restent au coeur des événements et on en revient toujours à eux. Il ne faut pas oublier que Masters of Sex est basée sur la vraie vie de Masters et Johnson. Cet épisode de fin de saison est arrivé à ce moment clé dans la vie des chercheurs qui se sont réellement mariés. Et si ce mariage est une réalité, la série a énormément romancé leur amour. On ne leur en veut pas sur ce point puisqu’il faut dramatiser les choses quand on écrit une série télévisée. Cela laisse ensuite trop peu de place à des personnages comme Betty alors que c’est l’un des meilleurs personnages de la série avec Barton.
Des nouveaux personnages agaçants
Les nouveaux personnages, en particulier Art et surtout sa femme Nancy (Betty Gilpin qui était déjà insupportable dans Nurse Jackie), furent une distraction peu intéressante. Certes ils permettent d’entrer dans le monde de l’échangisme mais ils sont décevants. Nancy est arrivée au cabinet de manière malhonnête en mentant sur son mariage et est repartie tout aussi malhonnête. Elle a tenté de voler le travail de Masters et Johnson dans le but d’ouvrir sa propre clinique. Cependant, Art finit par exposer les plans de sa femme qui l’a trahie. Elle est donc coupée dans son élan et son mariage arrive à sa fin. Il faut bien une méchante dans l’histoire mais elle n’était pas à la hauteur.
Masters of Sex est une bonne série mais la créatrice Michelle Ashford a tendance à ne pas aller jusqu’au bout de certains arcs, ou ne creuse pas assez les choses, surtout qu’elle superpose trop d’intrigues en même temps. Les enfants ont été négligés et si l’histoire avec Niecy Nash était intéressante, elle n’a pas été gérée de la meilleure façon. On n’est plus dans la notion d’un problème à savoir l’alcoolisme lié à une dynamique de couple, que dans une véritable introspection de personnage, ce qui est dommage.
Libby libre
Libby est l’un des rares personnages qui a eu une véritable évolution à travers la série et qui a été bien travaillée cette saison. Elle s’est complètement libérée et prend son destin et sa vie en main. C’est un bel exemple d’émancipation de la femme à la fin des années 60 et début des années 70. Même si par moment on a l’impression qu’elle embrasse plus une idée que sa propre personne, sa trajectoire est intéressante. Elle passe de femme au foyer malheureuse et coincée des années 50 à une femme libre à l’aube des 70’s. Son divorce avec Bill lui a fait un bien fou, et sa relation avec son avocat l’a mise en confiance en tant que femme. A la fin, elle s’en va en Californie avec ses enfants pour démarrer une nouvelle vie. On l’a sent libre, en confiance et maîtresse de sa vie.
Virginia était une femme avangardiste et plein d’aspiration. Elle a fini par être une sorte d’abstraction là où Bill s’est remis en question et a évolué en tant qu’homme et père, en apprenant de ses erreurs. L’expression sur son visage une fois marié à Virginia n’est pas l’expression d’un homme heureux mais d’un homme qui s’est fait embobiné par une femme, qui voit plus son couple comme une marque qu’une relation amoureuse, même si elle dit l’aimer. On le regrette infiniment parce qu’ils forment une bonne équipe quand ils sont honnêtes l’un envers l’autre.
En dehors du conflit avec Barton, il est difficile de savoir où se dirigera la suite de la série s’il y a une saison 5. Evidemment Masters et Johnson sont restés mariés 20 ans, il y a donc matière, le tout est de savoir comment exploiter ces années de mariage et de collaboration professionnelle qui suivent.
La saison 4 de Masters of Sex est disponible sur OCS Go.
Crédit ©Showtime
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