Lazy Company rempile avec une saison 2 à découvrir dès demain 31 Mars sur OCS City à 22h30 : la critique, bluffée et spoiler free, du Cerveau.
La France a du talent à revendre. Lazy Company le prouve avec sa seconde saison qui débarque dès demain à 22h30 sur OCS City. Une réalisation encore plus travaillée, des couleurs toujours somptueuses, une scénographie sans erreur et une musique recherchée toujours placée intelligemment. Lazy Company a de quoi prouver au monde entier qu’au-delà de la comédie, ou des films de genre, la France a de quoi faire rougir certaines grosses productions américaines à budget hors normes. « Booyah dans ta face », comme dirait l’autre.
Drama vs Comedy : Booyah !
L’année dernière nous vous avions déjà parlé de la narration extrêmement éclectique et inspirée de Lazy Company. Samuel Bodin et Alexandre Philip montent le niveau d’un cran en termes d’écriture comique ou dramatique en 2014. Un mariage, une naissance, des morts, des gros délires… pour une saison 2 qui flirte encore plus avec l’excellence. Bonus, les cinéphiles et les amoureux de littérature seront conquis par les références parsemées au fil des épisodes.
De l’hommage aux films classiques du genre de l’horreur dès son troisième épisode (on pense à Frankenstein de James Whale, 1931), ou Hamlet, Lazy Company, c’est toujours ce melting-pot détonant et une liberté rafraîchissante qui continue en saison 2. Un mélange audacieux et débridé, porté par une écriture chargée tant en comédie, qu’en émotion. Un sacré challenge. Une mayonnaise qui prend très vite et qui tient de bout en bout, malgré les excès survoltés, un rythme très rapide, un humour inspiré de notre bonne vieille pop-culture, ou l’intensité dramatique de certaines scènes mélancoliques.
On pense par exemple à l’épisode 6, ou le clou final de cette saison, mais on ne vous spoilera pas le plaisir de le découvrir. Des scènes dramatiques qui rivalisent avec d’autres issues de grands films, tant dans l’esthétique ou la mise en scène autour de la 2nde Guerre, d’une incroyable intensité patriotique américaine. A croire que nos bons vieux Tourangeaux seraient titulaires d’une carte verte, et nous l’aurait caché.
De l’art de rendre un personnage odieux absolument exquis
Ce bon vieux Hitler, dont la simple référence inspire les pires horreurs de ce monde… « Dolphy », de son petit nom, nous donnerait presque envie de devenir fan de sa cause et ses plans de domination du monde (insistance sur le mot presque – on ne sait jamais/ndlr).
Et oui, Lazy Company, c’est un peu l’art de prendre la pire des monstruosités et d’en faire un personnage hilarant, gauche, bizarre, mais tellement comique qu’on en deviendrait accro. Du premier épisode, en Bonne Sœur avec notre bon vieil ami De Gaulle, jusqu’à sa « Reich Party ». Surtout sa « Reich Party ». Hitler, dans Lazy Company, c’est un peu le personnage qui résume à lui seul toute l’essence de cette série qui ne se bride pas quand il s’agit de détourner à l’extrême toutes les plus grande figures de l’Histoire. Ou comment se moquer sans vergogne de Mussolini, Einstein, pour ne citer que ces deux-là, mais aussi des services secrets, du JAG et on en passe…
Cliffhangers
Une puissance comique jouissive portée par un style et des dialogues qui collent avec notre temps. Un anachronisme linguistique qui ne gêne absolument pas. Bien au contraire. On rigole, on se poile, disons-le, sans retenue, histoire de dédramatiser comme il se doit une tranche de notre héritage historique qui pèse encore de nos jours. Lazy Company, c’est un peu une cour de récré d’enfants qui se font la guerre. Un jeu très adulte mis en scène avec beaucoup d’intelligence, grâce au jeu des acteurs d’Alban Lenoir, Alexandre Philip, Benoît Moret ou Antoine Lesimple.
Lazy, c’est aussi, et encore plus en saison 2, du rythme et des cliffhangers qui pousseront à vouloir consommer la suite sans plus attendre. Des cliffhangers rarement attendus, qui étonnent ou surprennent, mais surtout tiennent en haleine n’importe quel spectateur. Chaque clôture d’épisode frustre jusqu’à la dernière seconde de ce final, qui, on ne le cachera pas, choquera presque autant qu’un certain épisode « festif » de Game of Thrones en saison 3.
La Leçon Tourraine
Lazy Company 2.0 c’est un peu une Masterclass à elle toute seule. Une Masterclass qui devrait faire office d’exemple et être introduite au programme de tous les cursus universitaires et Ecole de Cinéma. Pourquoi ? Quand on cherche à savoir comment révolutionner les productions télévisuelles en France, cette série, qui n’en n’est qu’à sa seconde saison, rappelons-le, répond toute seule à toute les questions : une écriture dosée, qui sait tenir son spectateur en haleine, immerge ce dernier dans l’intrigue, l’attache aux personnages, qui même si stéréotypés, restent substantiels. Une immersion dans une œuvre d’une créativité débordante, entre cliffhangers et délires de potes.
Une écriture portée bien évidemment par un filming qui fascine : que ce soit par sa diversité musicale, ses couleurs sépia, son esthétique à la fois tarantinesque, inspirée par Spielberg ou les plus grands westerns américains, de John Wayne à Clint Eastwood, ses plans contemplatifs, ses effets spéciaux, les séquences chargées de références cinématographiques cultes… Lazy Company, mérite sa récompense et plus encore, c’est indéniable. Mais ça, on le savait déjà, et ce, dès son premier épisode. Alexandre Philip et l’œil de Samuel Bodin sont assurément deux génies à surveiller dans les prochaines années, avec cette promesse d’offrir LA révolution créative en production de fictions françaises, celle que tout le monde attend.
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