The Handmaid’s Tale saison 2 : Douleur, Violence… Naissance… Résistance !

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4.5

The Handmaid’s Tale saison 2 s’est terminée hier aux USA et dès aujourd’hui en France. Retour sur une saison d’une violence inégalée pour une série toujours aussi forte et féministe.

C’était la série de l’année 2017. La sensation télévisée récompensée à plusieurs reprises pour sa qualité : The Handmaid’s Tale.

Une série qui vient de terminer la diffusion de sa saison 2 aux USA, avec un épisode 13 intitulé, «The Word » diffusé ce jeudi sur OCS. Un final de saison 2 qui se termine sur un cliffhanger, pour un épisode d’une heure poignant, à l’image d’une saison riche d’une série pas comme les autres.

Noire, violente et toujours aussi dure

The Handmaid’s Tale est une dystopie sans pareille, noire, violente et dure, qui appelle à la résistance. Une série qui, toujours en saison 2, est tout aussi difficile à regarder. Surtout qu’elle aura proposé son lot de hauts et de bas, qui n’auront pas convaincu tout le monde, notamment avec certaines scènes d’une violence inégalée pour une série de genre.

Elle reste pourtant à hauteur de la qualité narrative de sa saison 1, entre surprises, émotions, immersions et sensations. Chaque personnage se dévoile encore plus, à travers les choix narratifs et les intrigues choisies par les scénaristes de cette saison 2 de The Handmaid’s Tale. Certaines intrigues peuvent être discutables, mais chacune a un objectif pour une saison cohérente du début jusqu’à sa fin.

Elle reste une série de femmes, et de défense des droits des femmes. Une série pour rappeler qu’il suffit d’un rien pour que ce genre humain perde tout droit et valeur dans une société, comme cela fut le cas dans l’Histoire jusqu’au 20ème siècle en occident, ou comme il peut toujours être le cas aujourd’hui dans certaines contrées du monde.

La découverte Serena

Des femmes, diverses et variées, pas que servantes, comme le montre le final de cette saison 2 de The Handmaid’s Tale. Serena, l’odieuse épouse dont toute la personnalité choix et vie n’a qu’un seul but : celui d’être mère, s’est montrée à plusieurs reprises victime autant que partisane de Gilead. Victime de sa colère, victime de sa stérilité, victime de sa foi, victime de son mari, et victime de ses choix.

Des choix qui ne lui conviennent plus, surtout après être devenue enfin mère. Ainsi, de consort avec les autres femmes de Commandeurs et en sa qualité d’Epouse, cette dernière va commettre une transgression pour assurer l’avenir de sa fille et réclamer le droit d’apprendre à lire et écrire. Une transgression pour laquelle elle sera punie par son mari ainsi que les autres Commandeurs alors qu’elle souhaitait simplement améliorer l’avenir des femmes et filles de Gilead.

Un choix et événement qui va la montrer une fois de plus sous un autre jour dans ce final, comme elle l’a été à l’égard de June à plusieurs reprises après des épisodes de colère, en faisant le choix d’aider sa servante à s’échapper avec son bébé.

Un choix de sororité, de victime et de mère. L’évolution du personnage de Serena est sans doute l’un des aspects importants de cette saison de The Handmaid’s Tale, montrant ainsi que même une femme de son rang dans une société méprisante à l’égard de la gente féminine, n’a également aucune valeur.

Les autres femmes

On prend le temps aussi cette saison de montrer d’autres facettes des diverses femmes que nous ne connaissions pas dans la saison 1 : les Econofemmes, autre catégorie de Gilead, pas si libres, mais au statut plus indépendant que les servantes ou les Marthas.

On découvre aussi que les femmes sont mariées très tôt, de force à des inconnus et en guise de récompense pour les hommes qui ont une bonne conduite… Comme ce fut le cas d’Eden avec Nick, encore adolescente et propulsée en l’espace d’une cérémonie, épouse d’un homme qu’elle ne connaît point, et perdue entre foi et envie d’être aimée… Ce qui la mènera à sa perte.

On explore aussi le sort destiné aux femmes dans les Colonies quand elles sont condamnées aux travaux forcés. Mais aussi comment les prémisses de cette société répressive ont été imaginé par Serena ainsi que d’autres personnages. Comme le commandeur Lawrence, présenté comme le monstre à l’origine de Gilead, qui au final, se révèle être un atout et acteur important de la résistance.

Gilead ou la violence au quotidien

Cette seconde saison de The Handmaid’s Tale aura été la saison de la polémique, notamment concernant le rythme de la série qui détonne avec des séquences d’une violence sans pareille en télévision.

Une violence nourrie par une réalisation unique pour la télévision, calculée pour mettre le spectateur mal à l’aise et amplifier l’angoisse d’un monde futuriste pareil. Une réalisation soutenue par l’avancée d’une intrigue et réalisation qui semble lente, mais bien calculée pour mener vers les événements qui mèneront à ce final. Des événements qui permettent tout de même d’expliquer Gilead ainsi que ce qui a mené à cet état répressif, mais aussi son fonctionnement et relations avec le monde extérieur.

Cette violence tout le long de la saison, de la potence, en passant par les sévices sur les servantes en début de saison, jusqu’au coups de Fred sur son épouse, ou le viol de June par ses oppresseurs n’est pas gratuite, même si insoutenable.

Voyage initiatique

Une violence d’autant plus forte quand on réfléchit à notre réalité loin de cette fiction dystopique, notamment concernant le sort réservé aux enfants de Gilead, puisque l’actualité américaine rattrape la fiction avec le scandale des enfants séparés et incarcérés aux frontières, comme dans un état totalitaire.

 

Une violence qui sert à nourrir le voyage initiatique de June jusqu’à la dernière scène de cette saison 2. Un voyage qui se devait de prendre le temps d’être parcouru avant d’arriver à la décision finale de June en fin de saison. Une voyage après une fuite. Fuite qui a été d’ailleurs reprochée à la série, puisqu’elle n’a servie qu’à remettre June à nouveau dans la même situation et raconter la même histoire qu’en saison 1 de The Handmaid’s Tale, pour certains.

Pourtant, cette fuite lui aura permis de découvrir Gilead autrement, de voir d’autres victimes… Elle déposera aussi les armes au milieu de sa grossesse, car oui, lorsque l’on est opprimé, n’importe quel humain perdrait espoir. Un espoir qui semble mort dans ces circonstances, aux opportunités inexistantes pour laisser place à la résignation et le désespoir. June est une héroïne humaine, avec ses forces et ses faiblesses. Faiblesses qu’on montre en milieu de saison, chose importante dans une narration et histoire de genre comme celle-ci.

Espoir

Un désespoir qui petit à petit va la mener à assister et vivre des évènements, comme la punition de Serena face à la falsification des ordres supposés de son époux, ou le mariage forcé d’une adolescente à son amant… Des évènements difficiles à vivre, comme l’agression qu’elle n’aurait jamais imaginée pour accélérer la venue de son enfant. Des évènements odieux qui lui permettront de revoir sa fille et comprendre sa nouvelle vie d’enfant captif à Gilead.

Un accouchement seule et violent va être aussi un évènement tout aussi décisif dans le voyage initiatique de June, qui la mèneront à – comme on le comprend à sa dernière expression et regard face caméra dans la dernière scène de la saison 2 – enfin embrasser la rébellion et se battre. Se battre pour sa fille, mais aussi pour toutes les filles et femmes de Gilead, soumise à la répression d’un état qui ne les reconnait pas, ou seulement comme génitrices et mères.

La notion de Foi

Comme dans ce final The Handmaid’s Tale saison 2 propose plusieurs thématiques et questions autour de la Foi, ou la notion d’existence d’une puissance divine. La véritable foi, peu importe son type, face aux dérives extrémistes d’une religion, supposée bienveillante.

Que ce soit à travers DeWarren/Janine, qui croit en une puissance divine et sa bienveillance, ou Emily, qui est résolument contre l’idée d’un dieu, marquée par la violence qui l’entoure (n’ayant pour croyance que la vengeance), ou même June, qui à travers flash-backs ou échanges avec Serena, semble croire elle aussi en Dieu.

On découvre de même, lors de la tentative de fuite de June, que Gilead, comme tout état religieux totalitaire, ne permet pas la pratique d’une autre religion, et que certains cachent leur véritable croyance pour survivre malgré les horreurs de ce monde. Comme ce fût le cas pour ceux qui l’ont aidé, découvrant qu’ils priaient avec un Coran dans leur demeure.

Une foi qui permet d’ailleurs certainement à June de nourrir et garder intact son envie de résistance qui devient de plus en plus grande jusque dans ce final. Une foi qui lui donne les moyens de non seulement tenir tête à son geôlier Fred, mais aussi de convaincre Serena de la laisser s’échapper de cet enfer pour sauver leur fille. Une foi intime, quelle ne partage aucunement avec les autres.

La suite ?

Le ton est désormais donné pour la saison prochaine : June est libre. Libre de se battre et d’embrasser enfin la résistance, maintenant que son bébé semble être en sécurité et en route avec Emily pour le Canada.

Libre de se battre pour sa fille, mais sûrement se battre pour le droit des femmes ou la fin d’un état aussi horrible que celui de Gilead. On peut imaginer que cette dernière va rejoindre la Résistance Américaine, puisqu’à plusieurs reprises, les personnages de Gilead ont suggéré depuis la saison 1 l’existence d’un état Américain qui continue à se battre contre ce régime. Etat que l’on a entendu dans l’épisode de l’accouchement, à la radio.

A l’image de sa mère, activiste résistante jusqu’au bout, même après la création de cet état répressif. Une mère à qui elle rend hommage d’ailleurs en nommant sa fille Holly à la naissance, June pourrait devenir le porte-étendard de la révolution et résistance pour libérer les femmes de cet état totalitaire. Une résistance qui ne sera sans nul doute plus abstraite après deux saisons de The Handmaid’s Tale.

Pour le savoir, il faudra attendre l’année prochaine, au printemps, pour la diffusion des premiers épisodes de la saison 3 de The Handmaid’s Tale comme il est de coutume pour Hulu et OCS en France. Praise Be.

Crédit photos : ©MGM/Hulu

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