Le Cerveau revient sur le premier épisode de la saison 11 de The X-Files, avec un retour de Mulder et Scully loin du culte et vraiment très décevant.
Hier soir, Mulder et Scully ont à nouveau fait leur grand retour sur les écrans américains pour une 11ème saison de 10 épisodes. Une nouvelle saison qui commence par un traditionnel épisode mythologique, suite du cliffhanger et dernier épisode de la saison 10 assez bon, intitulé My Struggle III.
Mal de tête
Si vous ne connaissez pas la mythologie de X-Files, le Cerveau vous conseille d’ores et déjà de prendre un Doliprane, voire plus. Quant à ceux qui s’y connaissent, pas sûr qu’ils comprennent tout. Et le Cerveau sait de quoi il parle, car la mythologie de X-Files, il connaît bien.
Alors que le final de la saison 11 avait réussi à rattraper le désastre de certains épisodes un peu… bancals, pour ne pas dire ratés (souvenir d’un monstre issu d’un camion poubelle….) voici que ce premier épisode de cette suite deux ans plus tard retourne tout ce qui a été mis en place. Un épisode qui va prendre une direction encore plus improbable que celle qui a déjà été choisie pour mettre au goût du jour une mythologie vieille de 20 ans. Avec des choix assez… décevants, loin des ressorts étonnants et surprenants, mais surtout maîtrisés, de la série lors de ses grandes heures sur les écrans.
Années 90 vs 2018
Une mythologie qui collait avec l’ambiance et la fascination du monde dans les années 90 pour l’occulte, le mystérieux et le paranormal. 20 ans plus tard, retour au pragmatisme et au sérieux dans X-Files, avec une mise à jour plus en adéquation avec les nouvelles peurs de notre siècle, plus terre-à-terre et réaliste : à savoir guerre, pandémie et planète en déclin sous des politiciens improbables et dangereux, voire destructeurs.
Voici que le père de l’une des séries les plus cultes de la télévision, Chris Carter, décide de changer de direction à nouveau en ce début de saison, en réinjectant du paranormal dès les premières séquences, faisant du final de saison 10 un rêve pour son personnage favori : Scully.
Scully, Nostradamus… même combat !
Après Mulder qui voit des morts partout ( si certains ont oublié les visions de Mulder qui parle aux morts façon 6ème sens dans le grand final de X-Files en 2003, The Truth, le Cerveau lui ne l’a pas oublié …), voici Scully Nostradamus. Le teaser et générique passés, on fonce dans le tas avec une Scully en pleine crise et visions. Oui vous lisez bien, Scully a des visions. Tout le final de la saison 10, en mode chaos et fin du monde, dans une ambiance apocalyptique de pandémie globale n’était qu’une vision de notre chère Agent du FBI.
Une vision qui plonge cette dernière dans un état d’épuisement sans qu’elle ne remette en question ce qu’elle a rêvé. Elle est persuadée d’avoir vu l’avenir, et lance ainsi son partenaire en mission pour l’éviter, et retrouver accessoirement son fils… Pas de scepticisme, pas de remise en question de son état, même en tant que médecin, le personnage est convaincu sans aucun doute de ses visions. Un choix un peu antithétique avec Scully, surtout quand cette dernière vient de passer la majorité des intrigues de la saison 10 à remettre en question son confrère, avec toujours autant de scepticisme qu’à ses débuts à ses côtés – et ce malgré 9 saisons de X-Files et tout ce qu’elle a vécu.
On efface tout et on recommence
En somme, et sans rentrer dans les détails, on efface ce qui a été mis en place pendant deux épisodes de mythologie de X-Files saison 10, My struggle partie I et II justifiant un retour des deux agents au FBI, pour repartir dans une autre direction expliquant la nouvelle quête du duo, qui mentionnaient leur fils à l’overdose la saison dernière.
Quant à Mulder, ce dernier suit une piste somme toute classique de la série, pour finir confronté à une réalité qu’il n’a pas pris en compte concernant les aliens et tout ce qu’il connaît, avant de retourner auprès de sa consœur. Un Mulder fatigué, comme la saison dernière, si ce n’est plus, campé par un Duchovny très mauvais dans son jeu de l’Agent mythique du FBI, qui est une fois de plus est la cible d’un consortium, le même que celui de l’homme à la cigarette.
Intrigue fumante
Un homme à la cigarette de retour d’entre les morts depuis le final dernier, à nouveau grand antagoniste de la série. Car pour son créateur, X-Files sans l’Homme à la cigarette ne serait pas X-Files. Quitte à le faire revenir dans un contexte complètement alambiqué ( survivre à une ogive de missile en pleine tronche, faut le faire) et des circonstances ainsi que des alliés peut crédibles… Le spectateur – au-delà de se faire enfumer, a presque l’impression de revoir certaines scènes cultes de la série, revisitées façon 2018, notamment entre le fumeur et Skinner… Si les fans seront ravis du geste, la logique narrative, elle, est bien pauvre.
Si pauvre, que le scénariste a recours à un twist assez – disons-le – « WTF », pour expliquer les états de Scully ainsi que les motivations du fumeur. Un petit flashback concernant une rencontre entre les deux protagonistes, pour expliquer les origines de William, inattendues (alors que tout a été fait pour ravir les shippers en fin de série). De quoi vraiment surprendre ceux qui croient encore en la cohérence du fil rouge de X-Files, même 20 ans après, ou tout simplement exaspérer ceux qui ont vraiment du mal à comprendre ce que le créateur de la série tente de faire avec ce retour, loin des heures de gloires de ses personnages en télévision.
Très loin du culte
Une fois de plus, le Cerveau va se répéter : une série culte devient culte grâce à une époque, un contexte, un climat, social, psychologique et télévisuel. Si X-Files avait été un culte à son époque, c’est pour son écriture maîtrisée, sa réalisation hors-normes, les limites de la télévision qu’elle a bousculé, ses personnages crédibles dans un environnement complètement surréaliste, servis à travers des ressorts dramatiques palpitants, fédérant les spectateurs devant les écrans. A cette heure du remake et autre recherche de culte via la nostalgie, il est impossible de réitérer l’opération.
Le contexte n’est pas similaire, les spectateurs sont inondés d’images, pas seulement télévisuelles, et ont besoin de bien plus que des ressorts dramatiques et autres twists simples ou classiques pour les engager dans une intrigue. Surtout à l’heure du « Peak TV » et d’une multiplication d’œuvres réussies, que ce soit en streaming ou en télévision traditionnelle.
Laissons le passé là où il est
Le problème de ce premier épisode mythologique de la saison 11 de X-Files c’est qu’il est ancré dans son passé sans réellement se réinventer. Même si en début d’épisode, les images à foison de Donald Trump tentent d’ancrer la série dans notre réalité bien plus surréaliste que la probabilité d’une existence extra-terrestre, et stressante, à l’heure des conspirationnistes sur internet et autres soulèvements sociétaux, X-Files peine toujours à se réinventer et s’inscrire à notre époque, loin des mécaniques classiques de la série des années 90.
Là où X-Files peut toujours réussir à nous surprendre serait dans ses « loners », ses épisodes d’anthologie et d’enquêtes paranormales singulières, loin des aliens et autres complots gouvernementaux. Pour le savoir, il faut voir le reste, surtout que l’anthologie en TV s’offre une nouvelle renaissance, notamment avec la série Black Mirror.
Le Cerveau attend la suite pour trancher, même s’il reste convaincu qu’X-Files aurait dû rester bien rangée dans la bibliothèque de la Fox, histoire de laisser un culte reposer sur ses lauriers, sans le dénaturer comme aujourd’hui, surtout après la saison 9 et son second film. La vérité est encore ailleurs, le temps de 9 épisodes, en espérant qu’elle soit plus probante que ce qu’on vient de voir.
Crédits photos : ©FOX
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