Critique du retour de Prison Break à l’écran, hier soir sur la Fox aux Etats-Unis. Un retour décevant, qui ne réinvente rien et ne cherche même pas à innover. Attention Spoilers.
Hier soir, Prison Break a fait son grand retour pour une cinquième saison sur la Fox. Troisième revival de la chaîne après le grand retour de X-Files 20 ans après, 24 Heures Chrono : Live Another Day, et son spin-off décomplexé 24 Legacy, Prison Break saison 5 reprend les mêmes et recommence l’histoire de Michael Scofield qui doit s’échapper de prison.
Un bis-repetita d’une intrigue dont la série porte le nom avec une mise à jour en 2017, au Yémen, et de nouveaux tatouages. Car qui dit Prison Break dit tatouages, mystère, plans d’alliance, stratégie, et tentative d’évasion. Dans cette suite 7 ans après, le spectateur découvrira que Michael Scofield, qui était mort à la fin de la série, est bel et bien vivant et en prison. En effet, le jeune homme ne s’est pas vraiment sacrifié, et de nouveaux indices mènent à lui. Car oui, maintenant, même si le héros est mort à la fin d’une série, il peut revenir. X-Files a fait pareil avec l’homme à la cigarette, alors pourquoi pas Prison Break.
Bancal
A l’image des 3 dernières saisons de la série, Prison Break saison 5 commence par une intrigue bancale : complot, pays lointain, dans une zone de guerre, personnages inchangés, enfin presque, et prison. Dès le pilote, le spectateur est empêtré dans une folie d’action et une histoire qu’il est sensé déjà connaître, sans s’embarrasser de prendre le temps d’expliquer plus profondément les enjeux de cette suite. Le Cerveau retiendra que la formule initiale de la série aura été le socle du retour de cette dernière cette année, mais que son exécution est, une fois de plus, mal amenée et non maîtrisée.
La suite, en un paragraphe
Dans Prison Break le retour, Lincoln découvre grâce à T-Bag, qui sort à peine de prison, que son frère est en vie. Sans se poser de question, Lincoln, qui a des problèmes avec des mafieux d’ailleurs, croit à la survie de son frère bien-aimé et contacte Sarah. T-Bag, lui, se voit proposer une main en prothèse robotique entre temps par un mystérieux donateur, parce que …. Pourquoi pas ?
Sarah ne croit pas au retour de Michael et a une vie bien rangée, Lincoln, lui, continue d’y croire, découvre un indice, comprend que ça concerne le Yémen (pourquoi ? comment ? wtf ? … on ne cherche pas à comprendre il est là-bas… Point). Lincoln se fait attaquer par un tueur et manque de mourir. Sarah se fait attaquer par une tueuse à gage et manque de mourir aussi. Lincoln contacte C-Note – qui est devenu musulman, parle arabe et connaît bien le Yémen – ça tombe bien – et a tous les éléments qu’il faut pour aider Lincoln, et cerise sur le gâteau, maîtrise la langue. C-Note part avec Lincoln au Yémen, ils se font attaquer aussi au Yémen, sauvés in-extremis par leur amie et contact là-bas, que C-Note connait on ne sait pas comment, et arrivent à revoir Michael en prison, qui…. Attention twist : ne les reconnaît pas. Ça fait beaucoup en 42 minutes. Beaucoup trop.
Dimension d‘actualité
Là où Prison Break tente de se donner un coup de jeune, c’est notamment avec cette intrigue qui mêle terrorisme au destin de Michael Scofield. Celui qui était condamné est désormais un sympathisant du Djihad incarcéré dans une prison yéménite, histoire d’ancrer l’intrigue dans un contexte géopolitique actuel qui parle à tous. Un contexte qui est proposé à l’américaine bien évidemment, qui même parfois nous rappelle les premières heures de 24 heures chrono à la télévision.
Un pilote sur fond de terrorisme et de complot pour assassiner et éliminer, littéralement, les Scofield, dans quels buts ? Pour le savoir il faudra attendre. Si l’idée de donner un contexte à ce retour, où l’on tente de revenir à la source, à savoir Michael en prison avec des tatouages pour l’aider à sortir de prison, aurait pu donner un peu de rondeur à la mise en place d’une intrigue tirée par les cheveux et déjà fort compliquée, ce n’est pas le cas. Malheureusement, les nombreux clichés concernant les arabes, le Yémen, les terroristes et les musulmans n’aident pas le retour de la série, et pourraient même en exacerber certains. Ce, même si, histoire de se disculper de discours propagandistes, C-Note est désormais un musulman qui pratique le vrai djihad spirituel, celui de la paix. C’est d’ailleurs la caution « bien-pensante » qui permet d’excuser tous les stéréotypes qui seront distillés dans cet épisode, et sûrement par la suite. Comme une caution morale qui excusera le manque d’imagination et les clichés racistes de ce revival.
Amnésie
Ce qui caractérise cette nouvelle itération de Prison Break, 7 ans plus tard, c’est l’amnésie des scénaristes qui ont sans doute oublié les enjeux de la série à ses débuts. Si cette dernière s’était sabotée dès la fin de sa saison 1, en choisissant l’évasion de Michael et son frère avant de les embourber dans des intrigues tirées par les cheveux, et réussi tant bien que mal à tenir la route sur 4 ans avant son annulation. Ici, on propose les mêmes personnages avec quelques mises à jour, comme si rien ne les avait tant changé que ça.
Une amnésie qui caractérise aussi l’écriture de ce pilote, très rythmé, qui ne laisse pas le temps de respirer et surfe sur le retour de plusieurs personnages iconiques de la série, presque sans intelligence. Comme si les créateurs et showrunner de Prison Break n’avaient pas tenu compte des erreurs passées, ni tiré de leçons pour proposer quelque chose de plus profond et déjà vu.
Quel intérêt ?
Dans cette époque de revisite au possible, le Cerveau se demande franchement quel intérêt peut-on avoir avec ce nouveau Prison Break. Notamment quand la série s’est terminée sur une fin relativement intéressante, avec le sacrifice du héros, condamné par la maladie, pour sauver les siens ? Quel intérêt si ce n’est surfer sur la nostalgie des fans, et ceux qui ont vaguement regardé la série lorsqu’elle a été phénomène de mode en 2007. Pour le moment on peut toujours se le demander.
Car oui, si le concept de Prison Break il y a 10 ans pouvait paraître couillu et risqué, surtout novateur, en 2017, il n’en est rien. Surtout que l’autre idée pour relancer l’intrigue de la série serait une histoire de complot contre nos héros, et bien évidemment, le terrorisme, fond de commerce de l’action à la télévision de nos jours.
La suite pour trancher
Même si le Cerveau peut paraître un peu dur avec ce retour d’une série qui était déjà bien morte et enterrée, ce dernier a un peu de mal à imaginer que la suite pourrait être intéressante, tenir la route, et surtout proposer quelque chose d’intelligent concernant la fuite et la nouvelle évasion de Michael, qui semble avoir la mémoire en fin d’épisode. Un faux twist, certainement, histoire de garder les spectateurs en haleine après un épisode dense, où ces derniers doivent bien s’accrocher pour suivre ce qui se passe en moins de 40 minutes. Lincoln et ses comparses voient leur vie bouleversée par l’éventualité d’un Michael en vie, au Yémen, où ils sont arrivés et déjà embourbés dans des problèmes en fin d’épisodes. De quoi décourager les curieux devant ce revival, qui ne connaissent pas la série. Pour les autres, comme le Cerveau, on attend la suite pour trancher sur l’inutilité de cette suite.
Crédit photo : ©Fox
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