Dracula : Pourquoi ca n’a pas marché ? (bilan)

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1.0

Elle avait tout pour nous séduire du casting, au potentiel en passant par sa thématique jusqu’à sa mise en scène. Et pourtant Dracula ne marche pas. La série de NBC diffusée le vendredi soir outre –atlantique, malgré un pilote mitigé mais intéressant, déçoit.

La nouvelle série de NBC, revisite du mythe de la créature éternelle assoiffée de sang et délicieusement démoniaque se veut plus comme une variation de Dracula sur fond de conspiration, vengeance et lutte de pouvoir entre géants industriels, qu’une série mystique. Une vengeance bien mal orchestrée pour une série qui s’est complètement sabotée. Ecriture bancale, narration bien mal ficelée, aucun twist, le tout agrémenté de personnages plus ou moins stéréotypés pour un ennui profond de près de 450 minutes. Bilan d’une saison une, à crocs.

Moi, si j’étais un homme….

dracula nbc pourquoi ca a pas marche jonathan rhy meyers critiqueUne production sans tâche : des costumes aux décors soignés au détail près, un casting de rêve et recherché et la promesse d’une revisite en bonne et due forme d’un mythe qui fascine depuis plusieurs siècles. Dracula avait de quoi séduire le spectateur avec son pilote. Et pourtant les défauts remarqués du premier épisode ne disparaissent pas au fil des suivants. C’est même pire, d’autres s’accumulent jusqu’au dernier de la saison.

Ici, la légende est loin de tout ce qu’on peut connaitre du vampire. Si l’histoire de Nosferatu permettait de remettre en perspective la nature humaine à travers la condition de cette créature damnée, dans Dracula, la bête perd tout son charme et toute son essence. Elle n’a surtout aucun sens. Celui condamné à vivre dans l’obscurité tel un démon, perd tout ce qu’il peut y avoir de démoniaque. Oui, disons-le, soyons crus, Dracula n’est qu’une pauvre créature fragilisée par sa condition. Une victime, un martyr. Un méchant martyr, qui n’effraie pas tant que ça malgré certaines séquences, assurément steampunk, mettant en scène le personnage en pleine boucherie. C’est qu’on le plaindrait presque s’il ne faisait pas autant de jérémiades. Oui Alexander, ou Dracula, tout ce qu’il souhaite, c’est redevenir un homme.

All he needs is love

Non, il n’aime pas qui il est et le fait savoir, presque à chaque épisode. De sa résurrection par Van Helsing jusqu’à – attention spoiler- partager la couche de Mina Murray dans cet épisode final. S’il veut vengeance, c’est parce qu’il est cette créature fétide et non un homme. Merci Dracu, on a compris, mais à part ça ?

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Non content de sa condition, Alexander Grayson est aussi damné par l’amour qu’il porte à sa femme, réincarnée en quelque sorte dans la peau de Mina Murray, qui lui ressemble trait pour trait. C’est aussi pour ça qu’il aimerait être un homme, marcher en plein jour (chose qu’il arrive à faire grâce à Van Helsing) aux côtés de sa dulcinée au parc, main dans la main….  Grayson, s’il fait tout ça en somme, c’est pour Mina, ou sa femme, ou la réincarnation de sa femme dans Mina. En fait, on a pas tout compris car ce sujet reste inexploré. Dommage. On a rien contre le romantisme, mais quand on parle du pouvoir séducteur de Dracula on ne s’attend pas à du fleur-bleue. On attend de l’attraction, du charisme, un sex-appeal inexplicable. Même avec Jane Weatherby, l’attraction reste une des composantes absentes de ce que devrait être Dracula, revisité ou non. Incroyable, c’est même Dracula qui est pris en otage par l’aura de Mina. Si le Vampire de l’oeuvre originelle n’aime pas sa condition, il n’en souffre pas autant que l’interprétation de John Rhys Meyers propose.

Conspiration et ordre secret : très mauvaise idée

chef ordre dragon dracula nbc pourquoi ca a pas marche jonathan rhy meyers critiqueL’angle d’attaque de Dracula avait tout pour générer de l’intéret. Une intrigue de vengeance d’un ordre obscur et surnaturel, bien plus surnaturel que la bête lui-même, qui aurait largement pu remettre en perspective ou alimenter les théories les plus folles de certains conspirationistes de notre temps. Une organisation dont le seul but est le pouvoir et la richesse. Deux notions que Grayson compte bien annihiler en jouant aux hommes d’affaires. Un ordre, qui au final, est bien gentil, puisque relativement passif au gré des épisodes. Si passif, qu’on croirait voir une fraternité universitaire américaine.

Le tout mettant en avant l’Homme face à l’innovation. Un thème interessant, qui une fois de plus s’il n’avait pas été orchestré sans foi et surtout sans réel fil conducteur, aurait pu donner profondeur et intérêt à une intrigue aussi lente qu’une calèche conduite par un paraplégique. Le jeu reste quasi inexistant avant l’épisode 5, les précédents mettant en place les personnages dans diverses situations dans une lenteur et un ennui que même la production ne peut rattraper. Personne ne se doute de l’identité réelle de Dracula, ni de son réel objectif. L’ordre, censé un peu tout chapoter à Londres, met un temps incroyable à comprendre que Dracula est en ville. Lady Weatherby, pour une chasseuse de Vampires, est sacrément stupide et aveugle face à Dracula (c’est Buffy qui serait contente). Reinfield ne sert à rien et Jonathan Harker est le personnage le plus indécis, malléable et influençable jamais créé en télévision. Dracula souffre d’un écriture en surface de ses personnages, pour en faire des caricatures assez basiques de ceux imaginés par Stocker , à l’origine, bien plus substanciels et profonds que ceux présentés ici. C’est bien dommage.

Comment ruiner le mythe du vampire en 10 leçons

dracula-season-1-finaleAvec des audiences très basses, il est presque certain que NBC ne renouvellera pas sa série vampirique. Une série qui, même avec toutes les bonnes volontés possibles, peut être difficilement sauvée par une saison 2. Jonathan Rhys Meyers n’a jamais été autant soporifique, ennuyeux et dénué de charisme. Ce qui est bien dommage surtout quand on connait les talents de l’acteur.

Dracula c’est un peu la série à regarder quand on a vraiment plus rien sous le coude : la série qui vous permettra de repriser vos chemises, repeindre vos meubles, ou repasser la housse de votre canapé. La série pénible qui accompagnera vos tâches ménagères les plus ingrates. Prions pour l’annonce d’une annulation, les vampires ont subi assez de mal depuis Twilight, on avait pas besoin d’enfoncer le pieu dans la plaie.

Crédit photos :©nbc / universal

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