Réalisateur : Alex Garland
Casting : Domhnall Gleeson, Oscar Isaac, Alicia Vikander
Genre : Drame, Thriller, Science-Fiction
Distributeur : Universal Pictures International France
Année de production : 2015
Sortie en salles le 27 Mai 2015
Film d’ouverture du Festival de Gerardmer cette année, Ex Machina aborde avec brio et simplicité l’éthique robotique et le rapport qu’a l’Homme face à sa propre existence.
La question de l’intelligence artificielle et de son influence sur l’avenir de l’Humanité est un thème assez prisé dans le cinéma d’anticipation hollywoodien. Les exemples sont légions, de Terminator à 2001 l’Odyssée de l’Espace, I Robot ou Robocop… Il existe presque autant de films que de traitements différents. Ex Machina fait partie de cela. Ne prétendant pas révolutionner le genre, il arrive cependant à rafraîchir le débat, sans partir dans l’excès.
Rencontre avec le Créateur
Caleb est un programmeur de 24 ans, travaillant pour BLUEBOOK, le moteur de recherche le plus utilisé au monde. Il apprend un jour qu’il a gagné à la loterie de son entreprise pour passer une semaine avec son idole de toujours et big boss : Nathan. Une fois arrivé sur l’île de ce dernier, le jeune homme est contraint à signer un contrat s’assurant de son silence sur ce qui se passera pendant cette semaine. Et pour cause, la surprise est de taille pour Caleb puisque Nathan attend de lui qu’il fasse passer le test de Turing à une intelligence artificielle que le milliardaire a fabriqué, visant à déterminer si elle peut avoir une conversation normale avec un humain. Mais qu’en est-il de son comportement ? Et de ses motivations, si elle en a ?
A la recherche du temps gagné
Ex Machina trouble déjà dès sa mise en scène. Tourné comme un court métrage, avec de nombreuses longueurs qui auraient pu être retirées, le film accuse certaines fautes de rythme risquant de perdre le spectateur de temps en temps. De plus, l’ambiance générale, volontairement aseptisée (comme à chaque fois qu’on visite la demeure d’un génie de l’informatique) n’aide pas forcément à garder l’attention de l’audience, de même que la musique qui, malgré certains morceaux de bravoure à la fin, est généralement inaudible.
FrankUnfriend
Cependant, en ce qui concerne les enjeux narratifs d’Ex Machina, l’écriture des dialogues et la performance des acteurs méritent amplement le visionnage. Avec un Oscar Isaac en démiurge mégalomane et alcoolique au charisme transperçant l’écran, il était difficile de faire autrement cela dit. Parodiant à merveille les nouveaux maîtres du monde numérique que sont Google et Facebook et attirant l’attention sur le fait que des personnes potentiellement dangereuses, car vides de toute morale (exactement comme Nathan), peuvent avoir accès à une source inépuisable d’informations et de pouvoir, sans avoir la maturité et la légitimité de les utiliser. C’est ainsi qu’un virtuose de l’informatique comme le personnage d’Isaac a pu utiliser tous les devices connectés pour forger son intelligence artificielle. Idée effrayante mais pas si absurde que cela.
AVA lève-toi
Mention spéciale aussi pour Alicia Vikander dans le rôle d’AVA, l’Intelligence Artificielle que Caleb doit confronter. Sa performance en tant que robot devenant de plus en plus humain est hallucinante de réalisme et le spectateur en vient parfois à oublier que cette dernière est réellement humaine. Ce détail de la mise en scène, contrairement à ce qui est dit plus haut, a été réalisé avec succès puisque le maquillage de Vikander, devenant légèrement de plus en plus humain à chaque session avec Caleb, installe subrepticement dans l’inconscient du spectateur cette impression d’humanité sans qu’il en vienne à la remettre en question. Et au final, ça n’est plus qu’à Caleb de faire passer le test de Turing à AVA, mais c’est aussi à nous.
Ex Machina serait ce que le Cerveau qualifierait, en toute mauvaise foi, du Nolan inversé, à savoir des sujets passionnants abordés et auxquels le réalisateur répond avec justesse et simplicité mais avec une mise en scène parfois bancale. Cela dit, l’exercice était assez compliqué et Garland a su relever le défi en y incluant de bonnes idées par-ci par-là (AVA s’habillant d’un patchwork de chair des anciens modèles de robots) mais le rythme parfois trop décousu tend à rendre l’expérience lancinante.
Ex Machina : Bande-annonce
Crédits : ©Universal Pictures
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