Il ya des films très attendus qui déçoivent, certains à la hauteur des attentes et d’autres qui laissent perplexe. Prometheus fait partie de ces derniers. Prequel qui aura beaucoup fait parler de lui, surtout pour son réalisateur, Ridley Scott est de retour dans le monde merveilleusement horrifique qu’il a imaginé avec H.Giger pour l’une des sagas les plus cultes de la science-fiction : Alien. Prometheus est un bon divertissement pour les amateurs du genre qui reste quand même un peu frustrant.

Genèse

Quand Ridley s’attaque à une prequel – même s’il se défend du titre-Prometheus n’en reste pas moins une prequel  et le réalisateur prend le sens du mot genèse au pied de la lettre. La genèse de la créature, mais surtout la genèse de l’homme sur Terre. Avec Prometheus le réalisateur et son co-scénariste Damon Lindelof, proposent un film de science-fiction, qui peut se prendre en apparté ou non de la saga, surfant sur les origines de l’homme et  la condition humaine. Car oui le genre de science-fiction, à l’origine, avant d’en mettre plein la vue au spectateur à coup de vaisseaux spatiaux et autre explosions lasers, a pour but de questionner le genre humain, son évolution et ses dérives, pour le mettre en garde grâce a ces métaphores. Prometheus se veut dans cette veine, avec un long métrage à l’esthétique irréprochable et des questions d’ordres philosophiques et mystiques à n’en plus finir. Le mysticisme, une obsession connue du réalisateur. Des questions qui séduisent en début de visionnage pour finir par épuiser tant les réponses tardent à arriver. Une majorité restera bien évidemment sans réponses.

A commencer par son titre renvoyant au mythe grec de Prométhée, chassé de l’Olympe pour avoir volé le feu aux dieux au profit des humains. L’expédition du vaisseau ce veut comme le mythe : apporter la lumière sur l’existence de l’homme et sa création, avant d’expliquer les origines de la bête Alien. Une quête pour donner un sens, une curiosité et une recherche aux confins de l’univers qui ne seront jamais complètement assouvies ni expliquées. Et c’est cette recherche qui va mener à la perte de l’équipage et surtout donner naissance à la créature mythique de la Saga qui existe bien évidemment à cause de ces Terriens, comme après l’ouverture de la boite de Pandore. Comme le dit si bien le Dr Shaw, Prometheus « donne naissance à la mort. »

Noomi…Sigourney… même combat !

L’histoire comme le voulait Ridley, se passe en 2085, soit 30 ans avant Sigourney, enfin, l’histoire d’Ellen Ripley. L’intrigue tourne comme promis autour du  jockey de l’espace, un être géant assis sur un siège dans ce qui semblait être une base technologique (et qui est effectivement une base technologique). Le siège dont il est question est bien évidemment dans ce prequel, ainsi que ces fameux géants, présentés comme étant la clé de notre existence. Sans en révéler plus, ces géants ont tous péri à la suite d’une chose indescriptible et leurs cadavres gisent au fond d ‘une grotte aux confins de l’espace sur la planète LV-223. Dans ce prologue, Noomi Rapace incarne le professeur Elizabeth Shaw, une ethnologue/archéologue/médecin/capitaine de l’expédition un peu sur-expérimentée et surtout très sûre d’elle voulant à tout pris donner un sens à la vie et surtout croire ou non en l’existence d’une puissance supérieure en cherchant à la réfuter ou la prouver. Alors que le personnage semble assez lisse au départ, très vite, le mimétisme avec Ellen Ripley se sent, notamment lors d’une scène assez gore impliquant un corps étranger et une procédure chirurgicale. Noomi se prend pour Sigourney Weaver, que ce soit voulu ou non. Certaines de ses scènes frisent le remake et reproduisent exactement la même atmosphère que la suite. Un personnage clairement calqué sur celui de Sigourney tant dans son écriture ou le jeu de l’actrice. Le personnage de Charlize Theron n’est pas mieux, elle est quasi absente et surtout sous exploitée. La tristesse pour une actrice au potentiel et gabarit reconnu.

Seul Michael Fassbender amène un peu de profondeur au film. Dans la peau d’un Androïde au service de l’expedition, le personnage, porté par une prestation irréprochable de l’acteur, est le plus travaillé, complexe, mystérieux et surtout touchant, malgré quelques incohérences scénaristiques. Un personnage qui relève  des points majeurs dans cette intrigue philosophique, comme celle de la création et de son but, dans une froideur analytique propre à un robot qui semble quand même vouloir ressembler à ses créateurs.

Un monde ouvert

Dans des décors naturels et crées par l’artiste mythique H.R Giger assez époustouflants, une photographie et des plans irréprochables, ce blockbuster assure son rôle en mettant plein la vue au spectateur. Les couleurs froides et sombres en contraste avec les quelques touches de couleurs chaudes très discrètes offrent une esthétique particulière à ce long métrage prequel. Un voyage vers un univers travaillé, servi dans une 3D naturelle et discrète, qui reste quand même inutile sur certaines scènes.

Prometheus est un  film un peu hybride, entre le génie et le brouillon, une prequel de prequel qui laisse place (si le Box Office suit) à une suite qui permettrait de répondre à une multitude de questions restées sans réponses et peut-être enfin offrir un frisson digne d’Alien Le  8ème passager. Car même si Prometheus effraie, c’est avec facilité en jouant sur le mystère et le sentiment de confinement. Prometheus n’en reste pas moins un bon film qui se laisse regarder, sans trop chercher à le comparer à la saga. En tout cas on a enfin un semblant d’explication, on sait au moins comment la créature est née. Pour le reste, ses déplacements et évolution, on le saura peut-être dans une suite, puisque le film laisse la porte ouverte à l’éventualité d’un autre reboot.

Bande Annonce 

Crédit photo : ©Twentieth Century Fox 2012