Bel-Air : Une réimagination surprenante mais qui manque de chaleur

0

3.0

Critique de Bel-Air, nouvelle version du Prince de Bel-Air qui réimagine l’histoire de la sitcom des années 90 de manière surprenante et meilleure qu’on le pensait.

Qui aurait cru que Le Prince de Bel-Air reviendrait plus de 25 ans après son arrêt et de manière dramatique ? Personne n’a demandé une version « dark » de cette sitcom, pourtant, c’est le pari que s’est lancé la plateforme Peacock (propriété de NBC Universal) et Will Smith lui-même, avec la série Bel-Air.

Il y a quelques années, un court métrage/ trailer créé par Morgan Cooper, qui réimaginait l’histoire du Prince de Bel-Air de manière dramatique, a fait le tour du web et a vite attiré l’attention de Will Smith. Ce dernier a adoré l’idée de cette version et NBC Universal, qui a diffusé la série originale dans les années 90, a rapidement décidé d’en faire une vraie série.

Avec l’aide des co-showrunners T.J. Brady (Narcos, Shooter) et Rasheed Newson (Narcos, Shooter), Cooper – qui réalise, co-produit et co-écrit la série – a pu mettre sa vision sur petit écran. Mais que vaut-elle ? Est-ce une série nécessaire ou juste un autre « cash-grab » qui surfe sur la nostalgie ? La réponse est : un peu des deux et on est partagé sur le résultat.

De West Philly à Bel-Air

Dans Bel-Air, on rencontre Will Smith (Jabari Banks) un lycéen de 16 ans promis à un bel avenir, avec une bourse de basket imminente qui le sortira des quartiers ouest de Philadelphie et le mettra sur la voie de choses plus grandes et meilleures. Mais une rencontre avec un membre de gang tourne mal et son orgueil l’amène à essayer de régler les choses sur le terrain de jeu, un plan qui se retourne dangereusement contre lui. Il est arrêté par la police et le gangster veut sa peau.

Naturellement inquiète, Viola, la mère de Will (April Parker Jones) l’expédie à Los Angeles chez son oncle et sa tante qu’il connaît à peine, comme en témoigne son expression stupéfaite lorsqu’il aperçoit pour la première fois leur manoir. Il va alors devoir s‘adapter à cette nouvelle vie très loin de sa côté est natale. L’arrivée de Will va provoquer la jalousie de son ambitieux cousin Carlton (Olly Sholotan) qui cache ses secrets et des tensions impliquant sa tante Vivian (Cassandra Freeman) et son oncle Philip (Adrian Holmes). Avec ce dernier qui est en pleine course pour devenir procureur de district, il n’a pas le droit à l’erreur.

Rivalité entre cousins

Will est clairement le centre de la série et Jabari Banks arrive plus ou moins à faire transparaitre la personnalité du personnage. Evidemment, le format dramatique ne lui donne pas beaucoup de place pour les blagues, mais par moment, la légèreté et sympathie du personnage arrivent à briller. Ce format permet de donner une autre dimension à Carlton, le transformant encore plus en petit rageux (y’a pas d’autre mot) que dans l’originale et fait de lui presque un antagoniste.

On ne spoilera pas trop, mais le comportement de Carlton, qui voit son cousin débarquer et charmer son monde, n’est pas étonnant. Il est très différent du Carlton des années 90 mais quand on y réfléchi, on se dit que ce n’est pas si tiré par les cheveux que ça. Le Carlton original était républicain, il était prétentieux et voulait se mettre bien avec les blancs de son entourage quitte à les laisser lui manquer de respect.

Ce nouveau Carlton est bien plus cynique, moins drôle et n’a pas de problème avec les blancs qui disent le « N-word » à tue-tête. La série se concentre alors sur la rivalité des cousins montrant la dichotomie entre le gamin noir venant des quartiers modestes de Philadelphie et le gamin noir des quartiers riches de Los Angeles. Carlton est jaloux parce que le naturel de Will séduit, tandis que lui fait des courbettes pour sa popularité. Il y a aussi une fille, Lisa, qui va se mettre entre les deux.

Des personnages secondaires qui se dessinent doucement

La série réimagine également Hilary Banks (Coco Jones) en influenceuse culinaire. Transformer Hilary en jeune influenceuse est parfait pour ce personnage et elle est bien plus « badass » et intelligente que l’originale. Ne vous y trompez pas, on adorait la Hilary originale, elle était fun, mais elle n’était pas une véritable représentation de ce que c’était d’être une jeune femme noire dans ce monde (riche ou non). Elle a évidemment fini par avoir ses propres ambitions professionnelles mais au départ, c’était une fille à papa capricieuse qui vivait sans trop se soucier du lendemain.

Il y a aussi pour le moment un manque d’alchimie dans le casting mais certaines choses intéressantes se dessine. La présence de Geoffrey (Jimmy Akingbola) est aussi un peu trop légère pour le moment. On espère en voir plus de ce personnage qui ici, va au-delà du majordome, il se présente comme manager de maison. Il a aussi une relation amicale intéressante avec Phil. Et pour le moment, la petite Ashley (Akira Arkbar) est transparente, elle a eu très peu de temps à l’écran.

Pas si mauvaise, mais peut mieux faire

On s’attendait au pire quand on a découvert la bande-annonce il y a plusieurs semaines, mais la série Bel-Air n’est pas aussi mauvaise qu’on aurait pu le croire. Le casting est bon, il manque seulement encore un peu d’alchimie et les dialogues sont parfois un peu niais (pouvoir dire « fuck » ne fait pas tout), mais il y a quelque chose d’intéressant à creuser. On reste tout de même attaché à l’originale qui certes, n’avait pas toujours l’espace de plonger dans des histoires plus dramatiques, mais savait être réaliste quand il le fallait (on se souvient de l’histoire de Will avec son père ou encore le passé d’enfant pauvre d’Oncle Phil et son travail d’activiste).

On ne va pas mentir, Bel-Air est encore loin d’être une série parfaite et elle est loin d’être originale, c’est pratiquement un mélange de All American et Gossip Girl avec une touche de Newport Beach, mais pour l’instant, elle se laisse regarder. Les scénaristes ont un peu trop tendance à créer des tensions inutiles et Bel-Air manque cruellement de l’humour, de la chaleur et de l‘amour qui embrassaient la série originale. On sent l’ambition du créateur de vouloir élever le débat, de parler des disparités sociales à l’intérieur même de la communauté noire américaine et en dehors et c’est noble, mais est-ce suffisant ?

Les trois premiers épisodes sont rempli de références de la série originale mais il n’est pas nécessaire de l’avoir vu pour apprécier cette version, vous l’aimerait probablement plus si vous n’avez pas vu Le Prince de Bel-Air, mais pour les fans de la série qui a fait connaitre Will Smith au grand public, si c’est surprenant et intrigant, Bel-Air n’est pas encore tout à fait « ça ». L’originale est toujours là et est à voir ou à revoir sur Netflix.

Pour le moment, il n’y a pas de diffuseur Français pour Bel-Air.

Crédit ©Peacock

Partager