666 Park Avenue : l’Associé du Diable en série télé

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2.0

 666 Park Avenue, une série ambitieuse, mélange des genres au casting irréprochable mais aux méchants airs de déjà-vu : la critique maléfique du Cerveau.

Satan habite sur Park Avenue dans l’Upper East Side de New York. Si l’on doit résumer l’intrigue conductrice de 666 Park Avenue ce serait avec cette simple phrase. Avec ses faux airs d’American Horror Story remixée façon Soap, cette nouvelle série créée par David Wilcox et financée par les producteurs de Gossip Girl ePretty Little Liars est une adaptation du roman du même nom écrit par Gabriella Pierce. Une série qui propose un pilote simple, avec les bases de la trame narrative de la série, qui fonctionne mais loin d’être à la hauteur du frisson promis. Si l’intrigue reste assez simpliste, elle aurait pu convaincre et surprendre si elle n’empruntait pas autant à un film culte qui joue sur le même thème à quelques variantes près : l‘Associé du Diable.

Park Avenue, Luxe, horreur et volupté

666 Park Avenue joue sur deux genres : le Soap et l’Horreur. Enfin , le genre Fantastique serait plus juste que l’Horreur. Si aux premiers abords on imagine que les deux genres ne peuvent pas fonctionner, très vite, on se rend compte que scénaristiquement l’équilibre est maintenu. On retrouve d’un côté le rêve d’une vie luxueuse de la haute bourgeoisie, des soirées huppées, des opéras, d’un immeuble colonial où l’argent coule à flot et des intrigues tortueuses qui peuvent découler de tout ce confort financier et milieu très aisé. Un peu comme dans Revenge ou Dallas. Une série à l’image de la décadence de cette rue mythique de l’Upper East Side à mi-chemin entre Gossip Girl ou Ringer… et de l’autre l’horreur/fantastique, puisque finalement tout ce luxe a un prix qui ne peut être encaissé que par Lucifer et ses amis. C’est la morale de 666 Park Avenue. Une morale assez simple qui promet quand même un petit peu plus de profondeur avec un fond de fraternité démoniaque et de passé historique funeste qui ne demande qu’à remonter à la surface. Tout du moins c’est ce que nous promet l’investigation menée par l’héroïne, Jane, très intéressée par le passé architectural de l’immeuble à l’adresse presque diabolique.

L’associée du Diable

La scène d’ouverture ne laisse rien transparaître sur le sentiment de déjà-vu qui va suivre, puisque tout débute sur le personnage de Terry O’Quinn et celui de Vanessa Williams assistant à un concerto pour Violon de Vivaldi joué par leur voisin.Voisin qui finira par périr happé par l’immeuble de tous les cauchemars puisqu’il doit payer une certaine dette vieille de dix ans. Une dette qui lui offrit la renommée et le talent… et ainsi que l’on imagine, l’argent qui va avec. Dès les premières scènes, on comprend très vite que ce dernier a signé un pacte avec le Diable qui n’est autre que Gavin Doran (O’Quinn), tenancier de la baraque, méchant monsieur qui chapote tout. Et là…le déjà-vu commence.Un couple se présente en réponse d’une offre d’emploi alléchante : la place de manager de l’immeuble, ancien emploi du violoniste qui vient de disparaître. Une jeune femme blonde, Jane, diplômée en architecture (Rachael Taylor) et son époux Henry (Dave Annable), avocat au service du Maire, provinciaux récemment installés à New York. Jeune couple qui nous en rappelle un autre, issu d’un film culte qui lui aussi joue exactement sur les même thèmes : celui des Lomax, personnages principaux de L’Associé du Diable réalisé par Taylor Hackford (1998). Et les similarités ne s’arrêtent pas là.

Sur un air de remake

Le couple se voit offrir un appartement de fonction hors de prix dans l’immeuble maudit, tout deux sont choyés par le tenancier et son épouse (qui achète une belle robe à sa nouvelle voisine), au lourd secret démoniaque …tout deux signent un contrat avec ces gens qui flirtent avec des entités sataniques dans une baraque où ce rentier, au dernier étage, possède une main mise sur tout les occupants. Décidément, l’inspiration n’est pas allée chercher bien loin. C’est exactement pareil dans l’Associé du Diable. Souvenez-vous : Kevin Lomax, jeune et brillant avocat de Floride, va perdre ses illusions quand un grand cabinet de New York va l’approcher et lui confier des affaires. Le patron, Milton, s’intéresse à lui et lui confie les plus gros dossiers. Très vite Milton offre aussi le luxe, l’appartement et une vie fabuleuse aux Lomax, vie qui va avoir un prix puisque sponsorisée par Belzébuth qui n’est autre que Milton, dirigeant de cabinet d’avocat et accessoirement père de Kevin Lomax. Une descente aux Enfers s’en suit avec le prix ultime à payer pour une vie aussi fastueuse dans les beaux quartiers de New York. A quelques détails près on croirait presque au remake version télévisée. Mais pour arriver à rivaliser avec Al Pacino en Diable paternel, Keanu Reeves en avocat acariâtre et le charisme de Charlize Theron, sur le petit écran, il va falloir se pencher sérieusement sur un scénario en béton parce qu’ici, on est pas convaincu. Terry O’Quinn a beau être sombre et bon acteur, Al Pacino est indubitablement bien plus diabolique que lui.

L’antre de la Bête.

Si 666 Park Avenue emprunte beaucoup à l’Associé du diable, c’est un fait, elle arrive quand même à surprendre. Surprendre loin du frisson promis par sa bande annonce mais plus par rapport à la dynamique de ses personnages et le temps passé sur certains habitants de l’immeuble, leur tragédies liées à cette demeure satanique et les pactes avec des puissances supérieures (ou inférieures, les Enfers c’est en dessous parait-il) qui vont se faire. Ce qui promet certainement quelques intrigues surnaturelles intéressantes qui permettront ainsi de renouveler et d’alimenter la trame narrative chaque semaine au delà du fil rouge qui tournera bien évidemment autour du personnage de Jane, Henry et des Doran. On espère juste que le déjà vu s’estompera et que la série se créera une propre marque, bien loin de l‘Associé du Diable. A trop vouloir imiter certains chef-d’oeuvres, on risque de se brûler la pellicule de caméra, ne pas séduire l’audience, comme avec ce pilote qui n’a réuni seulement que 7 millions de curieux, et surtout ne pas être renouvelée par le network .

Entre scènes ordinaires, éléments mystérieux et scènes surnaturelles, le pilote reste néanmoins divertissant mais bien loin de l’horreur et du frisson proposé par l’excellente American Horror Story. Une série qui s’est voulue ambitieuse tant dans son mélange des genres que dans son écriture, qui donne quand même envie de voir la suite en espérant que ce sera meilleur que ce qu’on a vu…. Et aussi pour savoir si le Diable continuera à s’habiller en Prada, ou retournera bien au chaud dans ses Enfers.

Crédit photos ©ABC

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