The Americans : Espionnage familial (Spoilers)

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4.0

Avec The Americans, FX propose une série d’espionnage originale et intelligente.

Dans les années 80, Elizabeth et Philip Jennings (Kerry Russell et Matthew Rhys) sont des espions du KGB qui vivent dans la banlieue de Washington D.C. Le jour, ils se font passer pour un couple d’Américains normaux, avec deux enfants, une bonne petite vie de banlieusard. Il ne manque plus que le chien. La nuit, ils espionnent, chassent et assassinent les traîtres pour le compte de l’Union Soviétique.

The Americans commence mal. En moins de 5 minutes The Americans a réussi à s’adresser à tous les plus bas instincts du téléspectateur. Ici, une fellation et une course poursuite avec du sang, des coups de poings et des coups de couteaux, avec un minimum de dialogue. Une technique d’introduction bien dommage qui ne sert qu’à une chose, appâter le téléspectateur par deux fonctions primaires : le sexe et la violence. Une manipulation commune dans les pilotes de séries télévisées afin de mieux garder les téléspectateurs. D’autant plus dommageable ici que la qualité de The Americans rend cette manipulation parfaitement inutile, voire dégrade la qualité de la série.

Zone de Gris

Car The Americans est une série plus intelligente et recherchée que ça. Bien plus intelligente. Ce pilote a pour qualité de ne pas jouer sur le noir et blanc mais de rester dans les zones de gris. Les Soviets ne sont pas de parfaits salauds diaboliques, mais ils ne sont pas non plus des anges. Les Américains sont à la même enseigne. En particulier le nouveau voisin, Stan (Noah Emmerich) agent du FBI dans le contre-espionnage, tellement parano qu’il peut en devenir dangereux pour lui-même, son pays et bien sûr les Jenning. Mais s’il existe de nombreuses scènes consacrées à l’espionnage, le pilote lance d’excellente pistes pour explorer les personnages principaux.

Le pilote installe déjà les diverses questions qui vont bouleverser les personnages. Ils doutent de leur identité, de leur mission, de leur attachement l’un à l’autre et de leur loyauté à l’Union Soviétique. Philip en particulier questionne son enrôlement avec le KGB et paraît prêt à trahir l’URSS. Il semble aussi attaché  à sa prétendue épouse plus que de raison ou que lui demande sa mission. Matthew Rhys est ici convaincant en homme qui tombe peu à peu amoureux de sa femme. Ici, la scène de sexe, bien plus utile et intéressante que la première, illustre très bien le conflit que peut ressentir Philip et Elizabeth quant aux sentiments qu’ils ressentent l’un pour l’autre.

Et les gosses dans tout ça ?

L’autre dimension très intéressante mais à peine frôlée dans ce pilote de The Americans est celle des enfants, inconscients de la double-vie de leurs parents. Ils sont bien entendu élevés comme des petits Américains, vont à l’école américaine où on leur apprend que les Soviétiques et l’URSS c’est le mal, et le communisme un outil du diable. Pour rappel, la série se déroule peu après l’élection de Reagan, homme qui désigna l’Union Soviétique comme « Empire du Mal ».

Les enfants grandissent donc avec des valeurs qu’a bien du mal à supporter Elizabeth. La scène qui rappelle la conquête de l’espace est à la fois très subtile et très parlante de ce dilemme pour les parents. En particulier avec cette réplique qui semble anodine: « Tu sais, aller dans l’espace c’est déjà bien, il n’y a pas que la Lune qui compte. »

On regrette que le pilote ait préféré se concentrer plus sur l’aspect action et espionnage que familial et personnel. Cependant, cette première saison a 10 épisodes pour mieux plonger dans les méandres, doutes et dilemmes de la famille Jennings.

Excellente musique

De plus, The Americans est portée par une musique au poil. Avec des titres souvent enlevés, presque joyeux dans des moments qui le sont moins. Une proposition plutôt originale. On ne s’épargne pas les classiques des années 80 mais ils sont très bien choisis, en particulier In The Air de Phil Collins.

Enfin, l’une des meilleures idées de The Americans et de ne pas accentuer le côté années 80. On évite la nostalgie complète de la décennie et les images d’Epinal. Les voitures, technologies et la mode sont choisis en accord avec la période, mais sans être mis en avant et sans outrance. Quelques répliques font bien sentir que nous sommes revenus trente ans en arrière (en particulier le problème avec les voitures japonaises, très mal vues à l’époque), mais on nous épargne la plongée directe dans le passé et, par là-même, la série qui se voudrait faussement historique.

The Americans est une bonne surprise de FX, qui fait beaucoup de promesses. Reste à voir désormais si elle va les tenir.

Crédits Images ©Fx

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