Réalisateur : Nacho Vigalondo
Casting : Anne Hathaway, Jason Sudeikis, Dan Stevens
Genres : Drame, Kaiju eiga, Romance
Durée : 1H30 mn
Nationalité : Espagnol, Canadien
Année de production : 2017
Sortie en e-cinéma le 27 juillet 2017
Colossal sort aujourd’hui en e-cinéma. Intelligent, frais et surprenant, le dernier film avec Anne Hattaway est une véritable surprise dans le paysage audiovisuel actuel. Il ne faudra pas passer à côté.
Nacho Vigalondo n’est pas réputé pour sa filmographie exceptionnelle, avec des perles comme Open Windows par exemple. En revanche, ce qu’il faut bien lui reconnaître, c’est qu’il n’a pas peur de prendre des risques et ne reste jamais dans une zone de confort, changeant de genres et de thèmes entre chaque film. Son dernier est un véritable ovni comme il s’en fait peu aujourd’hui, qui mélange aussi bien le drame indé, que le film de Kaiju avec une dose de comédie romantique. Le plus étonnant ? Colossal fonctionne très bien.
Un mélange monumental
Le film commence comme une sorte de comédie romantique classique, quand Gloria (Anne Hathaway), une jeune new-yorkaise à la bouteille facile et au chômage, se retrouve sans copain et sans logement. Elle décide de quitter New York pour rejoindre sa ville d’origine. Là, elle va faire la rencontre d’un ancien camarade de classe, Oscar (Jason Sudeikis) qui va se montrer très gentil envers elle, lui apportant meubles et emploi. La fin semble être toute tracée pour le film.
Mais tout va être chamboulé quand le Gloria va découvrir qu’un monstre est un train de terroriser Seoul. Pire, c’est elle qui le contrôle ! Colossal va prendre un virage totalement inattendu. Le premier parmi d’autres, car Colossal n’a pas fini de nous surprendre.
Très proche dans l’atmosphère qu’il dégage de The Voices de Marjane Satrapi, le film de Nacho Vigalondo est à son image. Un mélange des genres efficace et rare, et qui nous surprend par son intelligence et son efficacité avec une ambiance qui mélange à la fois fraîcheur et lourdeur dans une sorte d’inquiétante étrangeté. Le film utilise le genre pour parler de sujets sociétaux importants, faisant de Colossal une satire sociale sans l’être autant qu’un film comme Get Out qui avait utilisé l’horreur pour parler de racisme.
Un flou architectural
On va cependant mettre du temps avant de comprendre quel est le thème du film, l’idée qu’il défend. Et ce que représentent les monstres. Pendant un bon moment, on va pouvoir penser qu’il s’agit de l’alcoolisme – Oscar et Gloria étant très portés sur la bouteille – voire carrément alcooliques. Pourtant cela ne tient pas sur la longueur. L’option de la simple dramédie sans but ne tient pas plus. On finit par comprendre que le film s’attarde sur la violence faite aux femmes, aussi bien psychologique que physique. On comprend, mais on prend du temps, un peu trop. On voit cependant le besoin de mise en place, pour ne pas brusquer le spectateur. Encore une fois il s’agit de nous surprendre.
On a cependant encore du mal à comprendre ce que veulent représenter les monstres dans ce message. Sont-ils une personnification de leur noirceur intérieure ? Un moyen de dire qu’il faut en devenir un pour se libérer ? Ou encore que nos actions irréfléchies ont des conséquences ? Sûrement un peu de tout ça, mais rien n’est vraiment clair, et cela apparaît plutôt comme un appui scénaristique tout autant qu’un moyen, à moindre coût, de montrer de manière imagée la destruction de la personne. Si dans la technique et dans la réalisation, l’idée est bonne, elle n’est peut-être pas assez poussée et très floue.
Une qualité totale
Pour autant Colossal est efficace dans ce qu’il défend, avec un emprisonnement malsain totalement inattendu autour d’une Ann Hathaway très bonne et qui est un des gros points forts du film. Elle apporte à Colossal au travers de son jeu et son personnage une fraîcheur et une sensibilité bienvenue, qui viendront se heurter de plein fouet à un Jason Sudeikis totalement à contre-emploi, et surtout très convaincant dans ce rôle inédit pour lui. Il va prendre en otage, abuser et violenter une Gloria qui se retrouve prise au piège. Là encore le film est détonant, car il ne tombe pas dans le cliché du good-guy, en offrant une fin plaisante est forte, étonnante et juste jusque dans ces derniers instants.
Colossal est une vraie surprise, une étrangeté rare aujourd’hui et à tous les domaines. Mélange des genres et des styles, il confond les frontières pour offrir une œuvre fraiche et détonante, au caractère social important sous ses faux genres de film inepte. Si l’on regrette le flou autour du propos qui dur trop longtemps, on est en revanche très satisfait par la force de celui-ci, servie par des acteurs excellents.
Colossal – Bande Annonce
Crédit : ©TF1 vidéo
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur