Le Cerveau n’a pas été très touché par Shot Caller, un film qui veux beaucoup trop forcer les choses ce qui le dessert plus qu’autre chose.

Il y a aujourd’hui beaucoup de films qui traitent du milieu carcéral dans son sens large, du séjour en soi ou l’après prison. Bien plus qu’un cadre à l’action, c’est avant tout un moyen très efficace de faire passer un message, une vision, politique ou sociale. On peut citer par exemple le film Les Evadés, considéré comme l’un des meilleurs films qui soit, ou encore American History X, très fort et très puissant. C’est donc au milieu de ces films que Ric Roman Waugh arrive avec L’exécuteur qui traite de l’impact de la prison et comment le carcéral parvient à changer un homme. Si l’homme a effectivement beaucoup changé, cela parait trop pour que le Cerveau change lui aussi.

Jacob Harlon est un homme tout ce qu’il y a de plus banal. Un bon emploi de courtier, une femme aimante, un fils, des amis… bref rien qui ne semble le destiner à se retrouver en prison pour finir lieutenant d’un gang aryen. Car oui, la prison, on n’en ressort pas indemne. Soit ta morale soit ton séant vont se retrouver brisés. C’est en mélangeant ces deux lignes temporelles du pendant et du après la prison que l’on se demande comment ce gendre parfait a pu en arriver là. Question qui est bien plus prenante que l’intrigue post-bagnard.

Un changement trop brutal

Les solutions étaient multiples. Un montage financier, une haine envers des latinos qui auraient tué sa femme, un noir qui aurait essayé de voler ça voiture et dont il aurait explosé la mâchoire sur l’angle d’un trottoir… Non, ici on aura un message de prévention routière : boire ou conduire, il faut choisir. Car c’est après un accident de voiture où Jacob était en tort, et qui causa la mort d’un de ses amis, qu’il se retrouve en prison.

L’intérêt et de montrer qu’il suffit de rien, de trois ou quatre secondes d’une vie, pour se retrouver derrière les barreaux. En revanche cela parait un peu trop simple, voir cliché. Faire en sorte de survivre en prison est une chose, tuer plusieurs fois de sang froid en est un autre, et le Cerveau pense qu’il y a quand même un long chemin entre les deux. Surtout qu’il ne se contente pas seulement de tuer. Il va aussi apprendre tout ce qu’il faut pour mener une vie de criminelle une fois sorti, que ce soit du maniement d’une arme à feu à la mise en place d’un plan de contrebande. La prison, définitivement l’école de la vie.

Lourdeur sentimentale

Ceci est à l’image de tout le film. Shot Caller joue beaucoup trop avec les violons et veut offrir une copie forte et poignante en forçant la quasi-totalité de ses composants. On veut nous montrer à quel point la prison peut déclencher la loi Murphy à son plus haut niveau. Bien, mais restons juste et évitons le lyrisme outrancier.

Shot Caller souffre aussi d’une réalisation très lourde dans le temps. On a l’impression plus le film avance que le réalisateur ne s’est contenté que de deux effets de mise en scène : les gros plans et les contre-plongées. Une fois encore pour donner un aspect larmoyant et touchant au film. Mais il faut plus que cela pour faire gagner une force émotionnelle à un film. Et ce n’est pas en rajoutant une petite musique triste que cela va changer, surtout si on la ressort toutes les cinq minutes.

Une fin comme la moustache : incompréhensible

Si le film commence avec un message clair – peut-être un peu lourd, mais clair – il n’en va pas de même pour la fin. Il est compliqué de comprendre ce que Shot Caller veut nous dire, ce que l’on doit comprendre. Fouillis, voire incohérente, la fin est une vraie queue de poisson qui ne parvient pas à apporter une conclusion satisfaisante qui aurait pu relever le niveau du film. Elle a au moins le mérite de ne pas tenter la facilité par la joie.

Bref, cela aurait au moins était l’occasion pour le Cerveau de revoir Jon Bernthal, l’excellent Punisher de Netflix, mais surtout Nikolaj Coster Waldau avec un look entre Danny Trejo et José Bové. Son niveau de jeu n’est pas à son plus haut, mais on ne parvient pas à détacher les yeux de lui et de sa moustache qui nous hypnotise pendant tout le film.

On finit Shot Caller avec un sentiment mitigé, mi-figue mi-raisin. On le sentiment d’être devant un film qui aurait pu être bon mais qui à trop vouloir en faire à chaque seconde ne parvient qu’à l’effet contraire de celui souhaité.

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Crédit : ©Bold Films