Critique de Pelé : Naissance d’une légende, enfin un vrai bon film sur le football.

Les films sur le sport sont souvent mauvais. Et quand il s’agit de football c’est encore pire. Parfois même, les footballeurs deviennent acteurs avec plus ou moins de réussite. Mais ça, c’était avant.Avant Pelé : naissance d’une légende. La belle histoire de l’ « athlète du siècle », Edson Arantes Do Nascimento dit Pelé. De son enfance dans la favela de Bauru dans l’Etat de Sao Paulo à son sacre en Suède lors de la Coupe du Monde 1958, Pelé : naissance d’un légende s’intéresse aux premières années du prodige.

Chronique sociologique

A travers l’histoire de Pelé, c’est l’histoire du Brésil et du monde d’après-guerre que l’on découvre. Le Brésil, très marqué par les inégalités sociales entre les riches blancs, et les pauvres, métisses et noirs. Un Brésil qui vit par le football et reste marqué par le fameux Maracañazo ou « désastre du Maracaña », la défaite 1-2 à domicile en finale de la Coupe du Monde 1950 face à l’Uruguay qui vaudra au gardien brésilien Moacir Barbosa, coupable d’avoir encaissé le deuxième but, de devenir un paria national toute sa vie. Le portier auriverde subira une double Pelé Naissance d'un bon film Illu 2peine : le fait qu’il soit noir exacerbe les tensions raciales dans le pays.

Suivra la désillusion de la Coupe du Monde 1954 pendant laquelle le Brésil est éliminé en quart de finale par la Hongrie d’une autre légende du football, Ferenc Puskas. C’est donc dans ce contexte que grandit Edson Arantes Do Nascimento ou plutôt Dico comme on l’appelle dans sa favela, avec son frère Zoca et sa sœur Maria Lucia. Son père est un ancien footballeur contraint de stopper sa carrière à cause d’une grave blessure au genou. Il nettoie désormais des toilettes publiques. Sa mère fait des ménages chez les parents de José Altafini qui deviendra le coéquipier de Pelé en équipe nationale.

Un regard juste

L’une des forces de Pelé : naissance d’une légende est son traitement impartial. Certes, l’enfance de Pelé n’est pas très rose, comme celles de nombreux Brésiliens. Mais les frères Zimbalist, réalisateurs du biopic refusent de verser dans le pathos à outrance. Chaque scène est utile pour comprendre le contexte dans lequel le jeune Dico grandit. Notamment, l’événement qui va marquer Pelé à vie. Pour jouer la finale d’un tournoi de quartier, Dico demande à ce que lui et toute son équipe de copains aient des chaussures comme celle de José Altafini. Problème, personne n’a d’argent pour en acheter.

De l’origine du surnom Pelé

La petite bande décide alors de voler un sac de cacahuètes grillées pour les vendre aux spectateurs. Mais, les ouvriers responsables des sacs finissent par retrouver les voleurs et les pourchassent. Pendant la course-poursuite, Thiago, le plus jeune de la bande se blesse en tombant. Pour échapper aux adultes, Dico et Thiago se cachent dans un terrier. Malheureusement, un orage éclate. Dico parvient à sortir du trou mais pas Thiago qui meurt étouffé dans une coulée de boue. C’est à ce moment-là que le monde du football a failli perdre Pelé. Sa mère se rend compte que son fils est malheureux. Et c’est elle qui appelle Waldemir de Brito, le recruteur du Santos FC, le premier club professionnel de Pelé.

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De même, le jeune Dico subit les brimades de José Altafini et de ses amis. Ils se moquent de lui, notamment parce qu’il ne sait pas prononcer correctement le nom du gardien de but du Santos FC : Bilé, qu’il appelle Pelé. Le jeune Dico se fait donc appeler Pelé, surnom qu’il refuse, le prenant comme une insulte. On suit avec intérêt le parcours chaotique de la future idole des terrains et les changements que la vie opère sur lui, sa famille et son pays, qui retrouve sa fierté nationale au gré de ses exploits.

Un film bien documentéPelé Naissance d'un bon film ILLU 4

L’autre point positif de Pelé : naissance d’une légende se sont les images d’archives qui émaillent le film pour replonger le spectateur dans l’ambiance de l’époque. Notamment les différents matches de la Coupe du Monde 1958 avec les commentaires. On voit également l’ambiance qui régnait à l’époque dans le monde du football. L’Europe est toute puissante : la scène de la conférence de presse d’avant-finale en est l’illustration parfaite. Le sélectionneur anglais de l’équipe de Suède est sûr de la force de son équipe et de la victoire finale. Pour appuyer son propos, il n’hésite pas à se moquer publiquement des difformités physiques des Brésiliens : la jambe plus courte que l’autre de l’ailier Garrincha ou le doigt manquant de Gilmar qui joue… gardien de but !

Un casting attachant

Enfin, Pelé : naissance d’une légende est porté par un casting attachant notamment les amis du jeune Dico. Mentions spéciales pour l’acteur qui joue le jeune Fofinho, qui apporte une touche d’humour dans l’histoire et pour Vincent D’Onofrio, quasiment méconnaissable dans le rôle de Vicente Feola, le sélectionneur de l’équipe du Brésil. Tout le casting gagne à être connu et pourrait réussir de grandes carrières sur grand écran.

En résumé, Pelé : naissance d’une légende est un biopic prenant, bien réalisé et très instructif sur la vie de celui qui détient toujours les records du plus jeune joueur à avoir remporté la Coupe du Monde, à 17 ans seulement et du nombre de buts marqués en carrière avec 1288 réalisations.Il devrait intéresser même les plus réfractaires au football.

Le film est à découvrir dès aujourd’hui 29 juillet en VOD et en DVD/Blu-Ray le 3 août prochain.

Pelé : Naissance d’une légende, la bande-annonce

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