Tiny Pretty Things : L’enfer d’une danse salvatrice

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4.5

Créée par Michael MacLennan, Tiny Pretty Things révèle les histoires obscures de jeunes danseurs qui sombres dans le chaos en se raccrochant au pouvoir de la danse et  sa beauté malgré tout

Les teen séries ne cessent d’éclore sur Netflix. Des histoires toujours aussi spectaculaires mettant en scène des adolescents bellâtres, richissimes ou qui tentent de s’en sortir dans la vie seul-e.

Un schéma scénaristique qui se répète encore une fois avec Tiny Pretty Things, dans la lignée de la série espagnole Elite, avec ses élèves inscrits dans la plus grande école de danse de Chicago, confrontés à découvrir qui a poussé la détestable Cassie (Anna Maiche) du 4ième étage de leur école. Ses camarades : Neveah (Kylie Jefferson), Shane (Brennan Clost), Bette (Casimere Jolette), Oren (Barton Cowperthwaite), Caleb ( Damon J. Gillespie) ou encore Nabil (Michael Hsu Rosen), son petit ami, reçoivent au cours des épisodes des indices pour mettre le doigt sur le suspect. Une course poursuite qui nous fait vaguement penser à Pretty little liars et le mystérieux A !

Remise en question

Si tous les personnages ont leur importance, il y a toujours un héros ou héroïne, qui conduit le fil de l’histoire. Pour Tiny Pretty Things, notre héroïne est Neveah. La jeune fille fan de hip-hop se fait remarquer par la toile. Alors qu’elle se fait recaler une première fois dans la plus prestigieuse école de danse l’Archer School of Ballet à Chicago, l’administration la rappelle pour lui souhaiter la bienvenue. Une merveilleuse nouvelle pour la ballerine qui va vite déchanter à son arrivée. Neveah apprend qu’elle a pu intégrer l’Archer School of Ballet, non pas pour son charisme, mais après la chute du quatrième étage de leur meilleure élève Cassie, dans le coma.

L’ambiance est austère voire même morbide et les élèves cruelles. Pour faire partie de l’histoire du ballet, pas de pitié, Bette l’a bien compris. Elle fera vivre les pires moments à sa nouvelle camarade. Neveah se remet en question : est-elle à sa place ? Elle est rassurée par les garçons, plus compréhensifs et moins dans la concurrence. Neveah décide de se battre quitte à devenir une connasse tout comme sa chère amie Bette.

La danse de tous les maux

Tiny Pretty Thing, série netflixAdaptée du roman éponyme de Sona Charaipotra et Dhonielle, la série personnifie la danse. C’est elle qui mène l’histoire. Si les adolescents se battent pour être les meilleurs et n’hésitent pas à se mentir pour écraser leur camarade ou sur l’affaire Cassie, il en est de même pour les adultes. Ils cachent de lourds secrets :  certains pour protéger leur progéniture, d’autres pour leur carrière. Quand ils ne peuvent ou ne veulent parler, la danse le fera à leur place. Elle devient révélatrice de leurs paroles.

Par la danse, les élèves libèrent leurs maux qui les hantent afin de les apaiser. Rare sont les fois où ils dansent en étant heureux, voire jamais. Elle inflige des violences physiques et trahis les élèves à la recherche de la perfection gestuelle et technique.  La danse se mêle à la nuit pour ne faire qu’un.

Omniprésente au cours des dix épisodes, la danse est un personnage à part entière. Elle révèle la solitude des élèves ou encore le vide, tout comme ce toit de l’école ou est tombée Cassie. Neveah, Nabil, Bette, Oren et June s’y embarquent les soirs de chagrin. Les chorégraphies s’enchaînent au rythme d’une musique révélatrice de l’état du danseur. Ils sont sublimés à la fois par cette dangerosité, de danser sur les hauteurs de Chicago et par ces lumières de la ville qui se pose sur leur corps révélatrice de leur succès.

L’égoïsme parental

Les adolescents se sentent seuls, incompris dans ce monde cruel où les adultes ne font qu’entacher leur existence. La série met en évidence les relations mère-fille plus que chaotique. Bette, la fille cadette mise dans l’ombre de sa sœur, Délia, élue meilleure danseuse de l’année. Neveah, doit pardonner sa mère qui l’a abandonné. June, elle, est sous-mise à l’autorité de sa mère qui veut faire de sa fille la nouvelle star de l’école.

Les adolescents devront compter sur eux-mêmes pour tenir tête à Monique (Lauren Holly) la directrice de l’institut. Une femme égoïste qui ne loupe pas une occasion pour déstabiliser ses élèves ou les utiliser à son profit. Seule sa carrière et sa réputation compte.  Ils se battront pour faire tomber Ramon (Bayardo De Murguia), un professeur réputé comme le meilleur du corps de ballet. Un manipulateur narcissique sans aucune limite pour rabaisser ses danseurs.

Danser sans clichés

La caméra suit le quotidien de ces élèves faisant comprendre aux spectateurs les difficultés qu’endurent les sportifs de hauts niveaux. C’est aussi tous les clichés liés à la danse qui s’envolent. L’homosexualité et la bisexualité sont abordés, autant chez les garçons que chez les filles. Oren, Shane, Nabil, Caleb, sont à la fois délicats et en même temps prônent une force et une virilité qui les fera tenir dans ce monde de brut…

 

On n’y oublie l’image de la ballerine frêle, au corps fragile et maigre. Les filles ont des formes et si elles font attention à leur alimentation ce n’est pas une obsession. Le troubles alimentaires sont dépeint loin de ce qu’on a pu voir jusqu’ici. Comme l’anorexie est ancrée dans l’histoire mais à travers Oren. Un ancien gros, on voit le jeune homme s’affamer, s’épuiser à la salle de sport, noter son poids et les quantités de nourriture ingurgitée. Rares sont les oeuvres qui parlent de cette maladie à travers un regard masculin.

Des pistes sans réponses

Si Tiny Pretty Things est un programme aux nombreux atouts, la série compte quelques faiblesses malgré tout. La danse, l’élément majeur, nous perd parfois. On en oublie même l’enquête menée par l’inspecteur Isabelle (Jess Salgueiro) pour découvrir le visage de celui ou celle qui a poussé Cassie du cinquième étage. Certains faits nous échappent sur les agissements, le comportement de certains élèves à défaut d’en connaître un peu plus sur leur passé.

Caleb est virulent envers Nabil, musulman pratiquant. Pour lui c’est à cause des gens comme lui que son père est mort, mais aucun élément sur les circonstances ne sont développées. Paris est souvent évoquée par le biais du professeur Ramon qui est défendu de se rendre à la capitale. Le spectateur est en haleine pour connaître les détails de cette interdiction. Malheureusement ce ne sera pas dans cette première saison.

Si quelques éléments nous échappent, on reste tout même captivé et subjugué par la beauté des chorégraphies de ces élèves torturés. La série propose une première saison forte et immersive, captivante pour le spectateur, envouté par la danse ainsi que le mystère qui entoure la disparition de la jeune danseuse.

Source : CinéSéries / Crédits : ©SOPHIE GIRAUD/NETFLIX

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