A l’annonce du retour devant la caméra d’un grand géant du cinéma comme Clint Eastwood, Nouvelle Chance apparaissait comme le film de l’année. Malheureusement la promesse n’est pas tenue pour un fiasco tant sur le fond que sur la forme.

Depuis plusieurs décennies, Gus Lobel (Clint Eastwood) n’a pas son pareil pour repérer les meilleurs joueurs de base-ball, mais, bien qu’il s’en défende, le poids des années commence à se faire sentir. Et pourtant, Gus – qui sait évaluer un lancer au bruit qu’émet la batte – refuse d’être mis au rancart. Mais il n’aura peut-être pas le choix. La direction des Atlanta Braves se met à douter de la fiabilité de son jugement, d’autant plus que la sélection des meilleurs espoirs du pays s’annonce pour bientôt. Et la seule qui puisse venir en aide à Gus est aussi la dernière que celui-ci ait envie de solliciter : il s’agit de sa fille, Mickey (Amy Adams), collaboratrice au sein d’un puissant cabinet d’avocats d’Atlanta dont l’énergie et le dynamisme devraient lui permettre d’être promue associée…

Fiasco

Cela faisait plus de 20 ans qu’on n’avait pas vu Clint Eastwood dans un rôle au cinéma sans qu’il endosse la casquette de réalisateur. Et c’est là que le bât blesse. Quand on regarde Nouvelle chance, on se demande pourquoi l’acteur/réalisateur a passé la main sur l’occasion de réaliser un film au potentiel que pouvait avoir ce dernier. Sachant que le scénario était déjà assez faible au départ, une réalisation griffée Eastwood aurait pu ajouter un peu plus de cachet à cette production qui nous rappelle étrangement l’intrigue de Million Dollar Baby, en moins complexe cela va sans dire. Le véritable problème de Nouvelle Chance reste l’équilibre d’une intrigue tournant autour d’un thème, qui, s’il a parlé aux Américains, n’emballe pas nécessairement un public français, très étranger à l’univers du base-ball  De plus le sujet avait déjà été largement et brillamment abordé dans le Stratège avec Brad Pitt.

Clint, mais sans l’Eastwood

Une Nouvelle Chance c’est l’histoire entre un père et sa fille qui tentent de se reconnecter malgré leurs différences. Un père veuf qui a privilégié sa carrière face à sa fille, son travail étant la pierre de touche qui lui a permis de supporter la perte de son épouse. Maintenant que son travail est mis en péril, sa nouvelle pierre de touche n’est autre que sa fille. Une intrigue de départ qui aurait pu être intéressante si elle n’avait pas été exécutée aussi mal. Quand on a dans son casting un acteur au gabarit et une dimension aussi grande que celle de Clint Eastwood, on attend un minimum de profondeur et de complexité face aux rapports entre ces deux protagonistes. Malheureusement, la profondeur est quasi absente, voire complètement. Et c’est bien dommage car à force de voir tout ces stéréotypes qui s’enchaînent, on finit par s’ennuyer. Dur de l’admettre surtout quand on regarde un géant du cinéma faire son travail sans vraiment y croire lui même. Malgré tout Clint Eastwood excelle dans l’interprétation de ce vieil homme en fin de carrière qui se voit vieillir et nous livre quelques moments bien émouvants. Amy Adams, dans le rôle de la fille, n’est pas à blâmer dans l’interprétation de son personnage, et réussit à tenir tête face au monstre sacré.

New is always better

Là où le film impose un sacré coup de grâce niveau clichés et stéréotypes, c’est dans le débat lancé sur l’univers professionnel dans lequel Gus évolue en tant que sélectionneur : la version old-school face aux nouvelles tendances de ce milieu sportif. Un débat qui veut prendre une dimension beaucoup plus grande et s’imposer en métaphore de l’ idéalisme du rêve américain, l’American Way of Life, face aux mutations qu’a pu subir le mode de vie américain ces dernières décennies. Une métaphore qui ajoute une couche d’incompréhension à un film qui, à force de vouloir jouer sur plusieurs sujets à la fois, se perd complètement pour apporter ennui et exaspération. Si le scénario s’était cantonné à la dynamique père/fille, avec un Clint Eastwood derrière la caméra, Nouvelle chance aurait pu être acclamé au visionnage. Malheureusement ce n’est pas le cas.

Bande annonce

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Crédit photos : ©Warner Bros 2012