Critique de la saison 1 passionnante de American Crime, anthologie signée John Ridley. Spoilers.
La saison 1 de la série American Crime s’est terminée jeudi 14 mai avec une fin poignante. Toute la saison a été passionnante à suivre mais il y a un hic : on ne saura jamais vraiment qui est le coupable. La série laisse le spectateur avec ce qu’il pense être la vérité. Quelqu’un a confessé le meurtre de Matt avec des preuves que seul le meurtrier peut connaître. C’est suffisant pour la police mais cela ne veut pas dire que c’est la vérité.
D’ordinaire, le Cerveau aurait été frustré par une fin qui ne donne pas de réponse claire, mais ici, le plus important n’est pas qui est le coupable, ce sont les personnages et leur parcours qui comptent. C’est la façon dont les choses sont présentées et comment cette histoire est racontée. John Ridley a fait un formidable travail de narration et a touché à un problème de fond : La perception de la race dans une Amérique contemporaine et un monde qui est encore rongé par ce problème.
Investigation
John Ridley a écrit et réalisé ce final et comme à chaque fois, la réalisation est brillante. Chaque épisode est extrêmement bien soigné et donne une intensité rare à chaque scène avec très peu de musique. On est plongé dans l’histoire et on boit les paroles des personnages. Des personnages à qui on finit par s‘attacher, même aux plus horribles.
Ce qui est intéressant dans la série c’est que toute l’investigation est faite à travers les yeux des personnages. On suit l’évolution des choses à travers leurs différents points de vue, moins du côté de la loi. Il y a un certaine force et une véritable intrigue qui, au final, n’a pas vraiment de justice. On n’en sait pas plus que ce que les personnages impliqués disent. Ils relatent des faits et ce qu’ils donnent. C’est au spectateur de remettre les pièces en place. La justice est peut-être ce qu’on recherche mais ce n’est pas toujours ce qu’on a. Et c’est comme dans la vie.
Certains gagnent…
Après qu’un témoin ne se soit pas présenté à la barre, Hector est finalement relâché par la justice mexicaine et prend un nouveau départ. Il trouve un travail dans une entreprise qui lui permettra de reconstruire sa vie familiale avec sa compagne et sa fille. Quant aux Gutierrez, ils finissent par reprendre le dessus après la libération de Tony. La plongée dans cette famille d’origine mexicaine était très intéressante. On a pu les voir évoluer et retrouver une véritable unité alors qu’ils étaient au bord de l’implosion. Alonzo a enfin appris à communiquer avec ses enfants. Mais on se demande si ces moments victorieux sont mérités surtout pour Hector qui voit là une seconde chance à la vie. C’est un criminel qui s’en sort parce qu’un témoin ne s’est habillement pas présenté. On présume qu’il est probablement mort ce qui arrange bien ses affaires. Hector n’a cesser de mentir pour se protéger et il finit par être libre.
…et d’autres perdent
Mais tout le monde n’a pas droit à un happy ending parce que la vie est injuste. L’amour qu’il y a entre Aubry et Carter est très fort mais c’est ce qu’il y a de plus tragique. On a un couple mixte dans une histoire qui place les problèmes raciaux au centre de sa thématique. Leur lien est tellement fort qu’elle s’est dénoncée pour le meurtre de Matt afin d’éviter la prison à Carter. Leur amour est beau mais il les consume, il est presque autant toxique que les drogues qu’ils consommaient. L’état mental d’Aubry la mené à l’hôpital et pas en prison. Carter apprend la vérité sur les raisons de sa libération et rend visite à Aubry. Il fini par rompre avec elle puis, après avoir résisté à un verre, il décide de l’a rappeler mais c’est trop tard. Alors qu’on pensait que c’est Barb (Felicity Huffman) qui allait finir par se faire justice toute seule, c’est son ex-mari, Russ, qui décide de se venger et de tuer Carter d’une balle en pleine tête. Une scène très choquante qu’on ne voit pas venir. Ce meurtre entraîne le suicide d’Aubry et celui de Russ qui n’a plus rien à perdre. Roméo et Juliette des temps modernes, le couple a une fin tragique.
Barb est très intéressante, aussi terrible qu’elle puisse être. C’est une femme en colère, une mère qui a perdu son fils et qui se met en tête que c’est un crime haineux, que son fils a été tué par un noir parce qu’il était blanc. Une femme qui finit par devenir raciste et se rend compte que sa haine n’est pas la solution. Huffman est très bonne dans ce personnage, à l’instar de tous les acteurs, aussi brillants. La série a très bien su traiter de xenophobie et d’identité raciale, et des problèmes ethniques qui rongent l’Amérique, avec les dérives et les tragédies qu’ils entraînent. John Ridley a donné un vrai sens de la réalité à sa série. Comme un écho aux événements actuels à Baltimore ou Ferguson.
Un drame intense
Comme pointé dans la critique du pilote, la série est très dramatique et ne laisse pas de temps mort. L’équilibre est bien trouvé et au final on n’est pas submergé par du drame constant. La narration permet de se plonger dans l’histoire sans jamais étouffer. Ce final est fort et vous laissera bouche bée.
La série a été renouvelée pour une seconde saison. Sur le modèle de l’anthologie, Timothy Hutton et Felicity Huffman reviendront dans de nouveaux rôles, avec une nouvelle histoire. La saison 1 était passionnante avec de fabuleux acteurs, on attend de voir sur quel sujet la seconde saison s’attardera et si elle sera aussi bien construite que celle-ci.
Crédits ©ABC
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