Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…

Un Quasimodo d’un nouveau genre

Adapté d’un conte pour enfant écrit par Brian Selznick, Hugo Cabret est le premier essai du grand Martin Scorsese dans le registre lié à l’enfance. Hugo est un petit orphelin de 12 ans qui vit seul dans la Gare Montparnasse, au milieu des rouages des grandes horloges de cette gare qui rythment et donnent une raison à sa vie depuis la mort de son père (un caméo de Jude Law), horloger de son métier. Cet homme avant de mourir a conceptualisé une sorte d’Android des années 30, comme une horloge que ce dernier garde dans l’espoir de lui donner vie. Il fait alors la rencontre d’une jeune fille, Isabelle (Chloe Moretz) qui va l’aider à résoudre le mystère de cet héritage peu commun. Dans cette quête de connexion paternelle posthume et d’identité, le duo d’enfants va traverser les rues de Paris dans l’espoir de réanimer cette étrange machine tout en embarquant le spectateur avec eux dans cette quête. Un film mené à travers les yeux de ces deux enfants de 12 ans dans un Paris sublimé par Scorsese.

Un conte pour enfant assez commun, non sans rappeler le personnage de Quasimodo de Victor Hugo ou le Fantôme de l’Opéra, que Martin Scorsese a choisi de porter à l’écran d’une main de maître. Et même si le film possède quelques lacunes d’ordre scénaristiques (parfois trop lent, des essais de scènes dans la veine du cinéma muet qui peuvent ennuyer les plus jeunes), Scorcese arrive à véhiculer beaucoup de féérie, de tendresse et de philosophie à travers cette histoire. Une conte magique qui arrive à point nommé en cette période de Noël.

Un conte parisien

Un récit qui se veut féerique et tendre avec pour toile de fond un Paris des années 30 enneigé et sublimé. Développé en 3D, Hugo Cabret n’a rien à envier. Visuellement le film est une belle expérience portant le spectateur vers un voyage au coeur d’un Paris des années 30 glorifié, figé dans le temps et centré autour de ses gares. La gare où se cache le petit Hugo, orphelin, héros du film est une véritable métaphore de la vie « à la française ». Baguette, accordéon, cafés, carrelage, rues piétionnes… Scorsese rend hommage au culte américain du bon goût français, dressant une peinture presque surréaliste d’un Paris des années 30, sans crise, sans pauvreté, féerique voire sur-réel que l’on apprécie beaucoup.

L’utilisation de la 3D est plus qu’adéquate. Les petits comme les plus grands en prennent plein les yeux : plans panoramiques des toits de Paris parfaits, des alliages de lumières et de couleurs chaudes et froides qui à certains moments peuvent perdre le spectateur dans des couleurs qui rappellent étrangement le style Burtonien. Il est clair que le vieux réalisateur sait tenir sa caméra et utiliser l’image pour véhiculer des émotions aux antipodes de celles qu’il a l’habitude de générer, puisque plus spécialisé dans des registres noirs et sanglants.

Porté par une musique qui se prête au monde de l’enfance bien qu’un peu cliché composée par le célèbre Howard Shore, le film est un véritable voyage dans le temps. Un voyage au coeur du vieux Paris, notre enfance tout en étant une contemplation sur la mémoire, l’héritage, le temps, à travers la  quête et l’aventure d’Hugo et Isabelle.

Un hommage aux origines du cinéma

Dans Hugo Cabret, Scorsese rend un hommage évident dès l’ouverture du film au cinéma et son pionnier le plus illustre : Georges Méliès. Les 12 premières minutes du film sont  quasiment muettes, portées par la musique d’Howard Shore et les bruitages du mécanisme des horloges, des trains et des voyageurs de passage. L’hommage devient clair et « officiel » quand le vendeur de jouets de la gare révèle son passé glorieux de cinématographe (un rôle tenu par Sir Ben Kingsley dont on salue la prestation).

Un parrallélisme qui se veut comme une allusion et un rappel de l’héritage de Méliès au 7ème Art. Le cinéma est un véhicule de passions, une fenêtre vers un monde d’enchantements. Avec Hugo, le réalisateur tente de rappeler son pouvoir d’émerveillement à travers les émotions générées par l’alliage de couleurs, de plans, de mots et de musique. Tout un art. La 3D, Scorcese préfère s’en armer non pour appâter en salle mais faire rêver les spectateurs. Son utilisation est dosée, aussi subtile que pouvaient l’être les effets spéciaux de Méliès à son époque (comme par  exemple Le Voyage dans la Lune, 1907). Le cinéma : un art pour Scorsese avant un business. Un rappel du vieux Martin qui n’est pas négligeable en ce temps de remakes, suites ou autres prequels dans un format 3D souvent mal maîtrisé choisi dans le simple but de générer des entrées.

Avec Hugo Cabret, Scorsese signe un grand film, un conte adapté aux petits comme aux plus grands. Un récit qui fait rêver et amuse les premiers, et mène les seconds vers une introspection existentielle portée par la puissance émotionnelle du Cinéma. Une Magie qui se déguste d’un bout à l’autre du film. Merci Martin, on en avait besoin !

 

BANDE ANNONCE

Crédit Photo : © Metropolitan Film Export