Sandman saison 1 : Une adaptation rêvée devenue réalité

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4.5

Critique de la saison 1 de Sandman, l’adaptation ambitieuse et réussie de l’œuvre de Neil Gaiman sur Netflix.

Neil Gaiman (American Gods, Good Omens) a encore frappé. Après des décennies de tentatives d’adaptation, l’écrivain a enfin trouvé la bonne manière de porter Sandman à l’écran avec une série Netflix riche et réussie qui amène les téléspectateurs à travers le monde des rêves, le monde éveillé et l’Enfer de Lucifer.

Écrit par Neil Gaiman et dessiné par plusieurs artistes, The Sandman, publié entre 1989 à 1996, raconte qu’il existe une famille d’êtres cosmiques plus puissants que n’importe quel dieu, chacun ayant une domination sur un aspect crucial de l’existence humaine.

Son personnage principal, qu’on appelle parfois Rêve, parfois Morpheus, est le seigneur de tout ce qui nous arrive pendant que nous dormons, ainsi que de tous les contes que nous imaginons pendant nos heures de veille. Il y a aussi la Mort, Désir et Désespoir, ses frères et sœurs qui ont un impact sur le monde des vivants.

Une adaptation qui a mis du temps à se faire

Comme dit plus haut, cela fait des années qu’Hollywood tentait d’adapter Sandman à l’écran, sans succès. Sandman a obstinément défié l’adaptation à l’écran pendant des décennies, y compris une version qui avait été confiée à Joseph Gordon Levitt. L’histoire de Sandman est trop vaste et complexe pour être condensée en un seul film et son héros est un défi à rendre aussi intéressant en trois dimensions parce qu’il n’est pas très loquace.

Les tentatives d’adaptation échouant les unes après les autres, Neil Gaiman est devenu si frustré par le processus qu’il a commencé à développer une réputation de créateur qui veut que tout son travail soit traduit aussi littéralement que possible. (On se souvient des problèmes avec American Gods qui n’était pas assez fidèle selon lui). Mais aujourd’hui, il semble enfin avoir trouvé le bon équilibre pour Sandman.

Une série était clairement le bon médium pour transcrire cette histoire et plus de trente ans après sa création sur papier, Sandman voit enfin le jour en live-action. Evidemment, il est impossible d’avoir une adaptation parfaite et Gaiman a dû changer quelques détails par rapport à sa création originale mais la série fonctionne, qu’on soit lecteur des comics ou qu’on soit novice dans ce monde. Le format série permet vraiment de plonger dans cet univers et de l’explorer de manière extensive.

Fidèle aux comics

À quelques exceptions près, la première saison est un simple récit des deux premiers arcs des romans graphiques de Neil Gaiman . Nous commençons par une interprétation de l’histoire « Préludes et Nocturnes » dans laquelle Rêve, joué par Tom Sturridge, endure un siècle d’emprisonnement aux mains du magicien britannique amateur Roderick Burgess (Charles Dance de Game of Thrones), qui espérait piéger la Mort et est déçu de se retrouver en possession de son petit frère plus nébuleux. Après s’être finalement échappé, Morpheus doit récupérer divers objets puissants que Burgess lui a volés et commencer à reconstruire son royaume des rêves, après qu’il soit tombé en ruine pendant son absence.

Dans le deuxième arc majeur, basé sur « La maison de poupée », la poursuite par Morpheus d’un cauchemar échappé connu sous le nom de Corinthien (Boyd Holbrook de Narcos) croise à la fois une convention pour les tueurs en série et une jeune femme nommée Rose (la débutante Vanesu Samunyai) qui a développé de manière inattendue des pouvoirs qui menacent à la fois le monde des rêves et celui des êtres éveillés.

Un casting à la hauteur

Tom Sturridge est bon dans le rôle de Morpheus, il s’impose assez bien dans la peau du personnage mais par moment, il est assez terne. Ce n’est pas un rôle facile parce qu’il faut avoir un certain magnétisme et il n’arrive pas toujours à l’incarner, cependant, il finit par embrasser le personnage. C’est un personnage plein de mystère et dramatique et Sturridge donne éventuellement une belle interprétation. Mais tous les acteurs sont brillants et il n’y a vraiment pas de mauvaise performance dans le casting.

Boyd Holbrook est particulièrement fascinant et vole clairement la vedette à chacune de ses scènes. Il est tout aussi suave et effrayant qu’il est censé l’être dans le rôle de Corinthien. Kirby Howell Baptiste (The Good Place), qu’on ne voit malheureusement pas assez, fait preuve de la plus profonde empathie et douceur dans le rôle de la Mort ; Désir, incarné.e par Mason Alexander Park est tout simplement sublime ; et Gwendoline Christie (Game of Thrones) est aussi imposante que vous l’espériez dans la peau de Lucifer (qu’in ne voit pas assez à l’écran). C’est une version bien différente de celle de Tom Ellis (qui a fait un travail exceptionnel dans Lucifer), mais elle entre parfaitement bien dans le ton de la série.

Il y a également Jenna Coleman (Doctor Who) qui offre une version féminine d’un personnage bien connu des comics DC : Constantine, spécialiste de l’occulte. Elle est tellement fabuleuse dans le rôle qu’on aimerait la revoir dans sa propre série et suivre ses mésaventures de magicienne. Même si on adore Matt Ryan dans le rôle, on ne peut pas nier que cette nouvelle approche du personnage est fraiche et intéressante. Et on n’oublie pas David Thewlis angoissant dans le rôle de John Dee, un malade mental qui a hérité de l’un des objets de pouvoir de Rêve. Il fait froid dans le dos dans la première partie de la saison.

Dans son ensemble, le casting est bien trouvé et les changements de genre ou d’ethnicité des personnages n’enlèvent rien à la qualité de l’œuvre. La série Sandman réussit son pari d’une adaptation à la fois fidèle et moderne, qui tient par elle-même et donne vraiment envie de voir une saison 2. Sandman est tout ce dont les fans de longue date auraient pu rêver dans une adaptation.

Sandman est disponible sur Netflix.

Crédit ©Netflix

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