Ce mois-ci, le Cerveau revient sur l’une des mascottes les plus regrettées du monde des jeux vidéo, Spyro le dragon.
Parmi les personnages marquants de l’univers vidéoludique, il y en a certains qui ont disparu trop vite. Mal aimés, injustement peu rentables, victimes d’un suite de trop… Trop nombreuses sont les mascottes tombées au combat et sacrifiées pour des raisons de marketing ou de mode. Le sujet d’aujourd’hui fait partie de ceux-là. Retour dans les Royaumes du Dragon pour exhumer le passé d’un petit dragon violet qui nous a bien manqué et qui, sans le vouloir, a apporté de sacrées pierres à l’édifice vidéoludique que peu soupçonnent aujourd’hui.
(NdC : le Cerveau est parfaitement au courant que Spyro a eu le droit à de nombreuses suites après sa trilogie sur Playstation. Mais étant donné qu’à partir du moment où les droits ont changé de main, l’oeuvre n’a plus rien eu à voir avec la qualité initiale et qu’Il a choisi de se focaliser sur le souvenir joyeux que tout le monde en a, Il a volontairement décidé d’occulter ces insultes à la mémoire de Spyro.)
A new hope
Spyro débarque alors que Sony cherche à s’imposer sur le public plus jeune. Nous sommes en 1994, la firme vient de sortir la première Playstation avec un grand succès. Ils ont réussi à récupérer les publics cibles « ados cools » et « jeunes adultes » qui ont déserté Sega grâce à des chefs d’oeuvre comme Resident Evil, Metal Gear Solid ou Tomb Raider. Cependant, le public plus jeune (représentant à l’époque une formidable mine d’or) préfère Nintendo avec sa myriade de mascottes. Il fallait donc réagir, vite et bien.
Pour cela, Sony fait appel au grand, à l’unique Mark Cerny, couteau suisse du jeu vidéo. Mark Cerny est aussi à l’origine de règles fondamentales de production qui font désormais office de bible dans l’industrie du jeu vidéo.
Spyro Origins
Cerny débarque donc chez Insomniac Games, studio détenu par Sony, et suit la production de Spyro the Dragon, un jeu de plate-forme en 3D qu’ils étaient en train de développer (parce que la plate-forme, les enfants adorent. Il suffit de voir Mario). Pour le personnage en question, l’équipe a fait appel à Charles Zembillas, un game artist notamment connu pour son travail sur le design de Crash Bandicoot, une autre mascotte Playstation. Et c’est ainsi que naquit Spyro le Dragon tel que nous le connaissons.
Jolis dragons, où êtes-vous ?
Aux Royaumes des Dragons, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Chacun vaquait à ses occupations, aussi inutiles soient-elles (parce que ce sont des dragons. C’est rare de voir un dragon aller au bureau tous les matins. Donc ils ne font pas grand chose de leurs journées). C’est alors que lors d’une interview que certains d’entre eux donnaient à la télévision, Gnasty Gnork, un vilain méchant pas beau, outré par les termes avec lesquels il a été décrit, lance une attaque et transforme tous les dragons en statue de cristal. Tous ? Heureusement non, puisque le jeune Spyro, manifestement trop insignifiant, arrive à éviter le sort. Il s’arme alors de son courage et part à l’aventure pour tenter de sauver ses congénères et défaire une bonne fois pour toute l’horrible Gnasty.
Spyro the Dragon : Intro
Un dragon pour tous les libérer
Et c’est ainsi que débute une formidable quête à travers les Royaumes des Dragons. Spyro doit parcourir les 6 mondes qui composent le jeu (celui des Artisans, celui des Pacifiques, celui des Ouvriers Magiques, celui des Créateurs d’animaux, celui des Tisseurs de rêves et celui de Gnasty). Chacun possède son propre univers et sa propre ambiance bien particulière. Le but est simple : trouver tous les dragons transformés et les libérer. Pour se faire, il doit visiter chaque niveau que contient chaque monde et récolter assez de joyaux pour pouvoir accéder au monde suivant. Au niveau des contrôles, malgré sa petite taille, Spyro peut planer, cracher du feu et foncer la tête la première dans tout ce qui bouge. Petit détail qui a son importance tout de même et qui reste une révolution à l’époque, Spyro n’a pas de barre de vie. Pour savoir combien de fois il peut se faire blesser avant de perdre une vie, il possède une libellule du nom de Sparx qui change de couleur à chaque contact avec un ennemi, passant de dorée à bleue, puis verte avant de disparaître. Pour la soigner, le joueur devra chasser de petits animaux (moutons, grenouilles…) qui se transformeront en papillons, nourriture principale de la libellule.
L’aventure commence…
Si Spyro est resté aussi présent dans le coeur des joueurs, c’est avant tout pour son ambiance, son univers si particulier. Outre Zembillas pour le character design, la musique a fait l’objet d’un soin très particulier puisque c’est le batteur de The Police, Steward Copeland qui s’en est occupé, créant ainsi sûrement l’une des bande son de jeu vidéo les plus mémorables. Autre point fort du jeu, c’est l’unicité avec laquelle chaque monde et chaque niveau a été créé. Ils grouillent tous de vie et chaque ennemi, en plus d’être redoutable, semble avoir sa propre personnalité, terrible comme hilarante. Pour l’époque où dans la plupart des jeux le comportement de ces derniers se résumait juste à suivre un chemin prédéfini ou répéter indéfiniment les mêmes actions, ça donne un cachet particulier et donne au joueur l’impression d’être inclus dans l’environnement en tant que personnage à part entière.
Spyro the Dragon OST
Le level design est aussi un petit bijou qu’il serait idiot de sous-estimer, malgré son étiquette de « jeu pour enfant ». Entre séquences de plate-formes ardues où les capacités du joueur comme celles de Spyro sont mises à mal et les endroits secrets parfois impossibles à découvrir sans se creuser les méninges pendant 3h, Spyro the Dragon offre un nombre de challenge assez élevé sans jamais outrepasser les limites de la difficulté abusive. Les passages où le dragon doit charger à toute vitesse sur les pistes fléchées sans s’arrêter en est l’exemple parfait. Mais trêve de ronds de jambes. Si Spyro a autant marqué les esprits, c’est pour une raison beaucoup plus simple qu’il convient de recontextualiser.
Rêve de gosse
De retour à la fin des années 90, alors que la vraie 3D débarquait enfin sur consoles, qu’est ce qui faisait rêver les enfants ? A titre d’exemple, qu’est ce qui poussait les petites têtes blondes à finir Mario 64 à 100% et trouver les 120 étoiles ? Les 99 vies ? Trouver Yoshi sur le toit du chateau ? Non. Ce qu’il y avait de véritablement récompensant, c’était de parcourir librement la zone la plus connue du joueur (le jardin du château) en volant dans tous les sens. Et ce sentiment de liberté par le vol, Spyro l’offrait plus d’une fois. Certains niveaux, construits comme une chasse volante contre la montre, étaient entièrement composés autour du vol libre sur un terrain prédéfini. Et c’était la plus belle récompense que le jeu pouvait offrir. Explorer chaque recoin d’un monde en 3D en toute liberté en volant, quel enfant n’a jamais rêvé de faire ça ?
Spyro the Dragon : Vol d’été
Spyro le Dragon a donc été un jeu fondateur pour la ludothèque de la Playstation. Ouvrant le géant japonais à un public plus jeune, faisant connaitre Insomniac Games (à qui on devra par la suite Ratchet & Clank et Resistance), il a parfaitement rempli sa mission initiale tout en dépassant les espérances de ses créateurs. Les deux suites (Gateway to Glimmer et L’année du Dragon) sorties aussi sur Playstation étaient aussi des jeux fabuleux avec une ambiance qui a évolué avec son public pour donner quelque chose de moins innocent, de plus vaniteux. Mais restons sur le premier opus. Souvenons-nous des débuts d’une mascotte oubliée qui a su apporter son lot de joie à de nombreux joueurs. Spyro, tu resteras à jamais dans nos coeurs.
Did you know gaming : Spyro the Dragon
Crédits : ©Insomniac Games
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