Critique de la saison 2 de Poupée Russe, l’excellente série de Natasha Lyonne qui revient pour un drôle de voyage dans le temps.
Trois ans. C’est le nombre d’années qu’il a fallu attendre pour enfin voir cette saison 2 de Poupée Russe (Russian Doll), la série de et avec Natasha Lyonne dans laquelle elle nous a amené, en 2019, dans une boucle temporelle complètement dingue, psychédélique et existentielle. La saison 1 de cette série était du génie, elle réinventait l’idée (vue et revue) de « un jour sans fin » avec brio. Pour la saison 2, c’est une autre expérience qui manipule le temps qu’offre Natasha Lyonne.
Voyage profond
La saison 1 suivait les tribulations de Nadia Vulvokov (Natasha Lyonne) qui n’arrêtait pas de mourir (de manières diverses et variées) le jour de son 36e anniversaire, condamnée à revivre le jour de sa mort encore et encore et encore. Les créatrices – Amy Poehler, Leslye Headland et Lyonne elle-même – ont trouvé un esprit morbide dans la situation difficile de Nadia et l’ont exploité avec humour, avant de se transformer à la fin en quelque chose de philosophique et de profond.
A la fin de la saison 1, Poupée Russe a finalement résolu sa crise de la boucle temporelle, lorsque Nadia et Alan (Charlie Barnett), une autre victime de mort fréquente, se sont finalement réunis, ce qui pose la question de ce qu’une deuxième saison pourrait faire. Nadia et Alan ont appris de cette expérience et il était difficile de voir dans quelle direction une seconde saison pourrait se diriger. Il aura été cruel de les voir oublier ce qu’ils ont appris. Et honnêtement, après avoir vu la saison 1, aussi excellente soit-elle, on s’est dit qu’une saison 2 n’était pas franchement nécessaire. L’histoire était bouclée, Nadia et Alan avaient réussi à briser ce cercle vicieux de la mort.
La première saison était une histoire qui tenait parfaitement sur elle-même et qui n’avait pas besoin de suite. Pourtant, on est content que cette saison 2 existe parce qu’elle est absolument géniale et réussi à ne pas répéter le concept initial de la saison 1. Lyonne et son équipe ont trouvé un autre mécanisme qui est le voyage dans le temps. On n’ira pas plus loin dans les spoilers pour laisser pleinement la découverte des twists. Ce qu’on peu dire, c’est que Nadia approche maintenant de son 40e anniversaire et, après que l’univers « se soit foutu de sa gueule », comme elle le dit si bien, « l’univers a finalement trouvé quelque chose de pire que la mort ».
Le passé informe du présent
Evidemment, cette saison 2 n’est pas aussi parfaite que la première parce qu’elle est un peu trop chargée et la barre était beaucoup trop haute. Cependant, le message qu’elle véhicule et les émotions qu’elle procure sont les bienvenues. Cette saison 2 est vraiment une exploration du passé, un passé qui informe sur qui sont ces personnages aujourd’hui et pourquoi ils sont comment ils sont. Non seulement Nadia et Alan se reconnectent avec leur famille et leur passé personnel, mais c’est aussi une leçon d’histoire sur un plan plus général auquel le public peut s’identifier. La saison 2 est plus large (peut-être trop) en terme d’ambition, mais le culot de Natasha Lyonne et ses scénaristes fonctionne.
Cette saison 2 est une manière pour Nadia et Alan de guérir avec les thèmes poignants du deuil et de la parentalité et de la capacité humaine à grandir. On aurait, cependant, aimé passé plus de temps avec Alan pour creuser un peu plus le personnage. Certains éléments de sa personnalité dans cette saison 2 prennent leurs sens et on comprend un peu mieux son comportement de la saison 1 et son mal-être. Il reste un personnage secondaire et on aurait aimé qu’il soit un peu plus mis en avant. Il y a ainsi moins d’Alan et plus de Nadia parce qu’en fin de compte, c’est elle le personnage principal. C’est son histoire qui est mise en avant.
Natasha Lyonne est sur tous les fronts en tant que scénariste, productrice, actrice et réalisatrice. On ne peut qu’admirer son talent et l’effort qu’elle déploie pour cette série qui reste une pépite. Donc oui, la saison 2 est un peu en dessous de la saison 1, mais Lyonne a trouvé un super moyen de continuer sa série sans donner un effet trop répétitif de la saison 1.
Toujours aussi inventive
L’idée du voyage dans le temps est ce qui fallait pour rafraichir la série qui en plus de son écriture intelligente, inventive et créative, possède une réalisation et une esthétique superbes qui rappelle un cinéma des années 70. New York reste un élément clé de la série et l’utilisation de son métro est absolument parfaite. Il symbolise beaucoup de chose dans l’évolution de Nadia et Alan.
Lyonne et Barnett sont excellents dans leurs rôles mais ils sont aussi entourés d’un casting brillant composé de Chloë Sevigny qui revient en tant que Lenora la mère de Nadia atteinte de maladie mentale ; Annie Murphy (Schitt’s Creek, Kevin Can F**k Himself), dans un rôle qu’on ne révèlera pas, Elizabeth Ashley en tant que mère de substitution de Nadia, Ruth et Gretta Lee et Rebecca Henderson qui reviennent dans les rôles de Maxine et Lizzy, les meilleures amies de Nadia.
Comme Natasha Lyonne le dit elle-même, « si la première saison parlait de comment ne pas mourir, la seconde parle de comment vivre. » C’est exactement ce qu’est cette saison 2 de Poupée Russe. Il s’agit de s’enrichir du passé pour vivre pleinement son présent. C’est aussi une histoire de famille, d’amitié et d’amour des siens, le tout emballé dans la belle étrangeté qui soi, parce que oui, la série est complètement barrée, et c’est pour ça qu’on l’aime. Poupée Russe était l’une des meilleures séries de 2019 et on est contents de la retrouver en 2022.
Poupée Russe est disponible sur Netflix.
Crédit ©Netflix
Connecte tes Neurones à Brain Damaged sur