Critique du final de Broadchurch qui révèle le coupable du viol de Trish. Un épisode poignant et très bien réalisé qui met fin à la série. SPOILERS.
Broadchurch, c’est fini. La chaîne anglaise ITV a diffusé l’ultime épisode de la série ce lundi 17 avril. La saison 3 de Broadchurch aura clairement été salvatrice pour la série qui avait offert une saison 2 décevante. Avec la saison 3, on revient vraiment à la base de la série et ce qu’elle avait mise en place dans la saison 1. Si cette saison 3 était difficile à regarder à cause de son thème, le viol, elle était importante.
Et c’est avec beaucoup de tact et d’humanité que le showrunner Chris Chibnall a raconté cette histoire très dure, qui marquera les esprits. Il a réussi à faire tomber des idées reçues sur le viol et il rappelle que cet acte de violence n’est pas la faute de la victime, que les victimes de viol ne mentent pas et que c’est un acte de contrôle de la part de l’attaquant. Et surtout, il n’y a pas une seule manière de répondre quand on est victime. Chaque victime a sa propre réaction et elle est valide. Aussi, il n’y a pas de type standard de victime. Si Trish a été attaquée, c’est qu’elle était au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle n’était pas une cible préméditée. Ce qui est découvert dans ce final où l’étau se resserre et les inspecteurs Hardy (David Tennant) et Miller (Olivia Coleman) se rapprochent du coupable.
Et le coupable est…
Ce tout dernier épisode de Broadchurch a ainsi dévoilé le coupable choquant ou plutôt les coupables. En effet, Miller et Hardy ont eu affaire à deux coupables et non un seul. La vérité éclate et elle est affreuse. Leo Humphries a forcé Michael Lucas, le beau-fils du chauffeur de taxi, à violer Trish. C’est donc un adolescent de 16 ans qui s’en est pris à une femme de 50 ans à cause de son camarade, qui l’a forcé à faire une chose atroce. Leo est un jeune homme froid et psychopathe, sans aucun sens du consentement. Pour lui, c’est juste du sexe mais en réalité c’est surtout un moyen pour lui de se sentir supérieur, de contrôler la situation qu’il soit le violeur lui-même ou qu’il oblige quelqu’un d’autre. Il avoue également les attaques de trois autres femmes en disant qu’il se sentait “fier” de ce qu’il a fait.
Le plus effrayant, c’est que la série n’a rien inventé quand il s’agit de la personnalité et de l’attitude du violeur, puisque l’interrogatoire de Leo à la fin, est tiré de véritables affaires de viols traitées par la police britannique. Une confession à vomir durant laquelle, sans aucun état d’âme, Leo avoue les faits. Ça fait froid dans le dos et cela montre la psychologie perverse de l’individu qui n’a aucun scrupule. Il est glacial et sans pitié avec un sourire en coin arrogant. Il confesse à Hardy et Miller qu’il aimait cette sensation d’avoir le contrôle et qu’il se sentait en harmonie avec le monde. Pour lui, c’est normal et “beau”.
Jeu et réalisation brillants
Comme à leur habitude, Olivia Coleman et David Tennant ont livré une excellente performance dans Broadchurch. Leur relation était vraiment le coeur de la série jusqu’à leur dernier moment, sublimement mise en scène, assis sur un banc, avec le décor splendide de la plage et des falaises en fond. Leur relation (sans oublier le fameux anorak orange de Miller), manquera probablement le plus. Et il faut aussi saluer Andrew Buchan et Jodie Whittaker dans les rôles de Mark et Beth Latimer, les parents de Danny, la victime de la saison 1. Leur histoire aurait pu être en trop cette saison mais elle a bien été insérée dans la saison. Leur souffrance est toujours très présente et leur couple n’aura pas survécu à la perte de leur fils. C’est sur une conclusion poignante que leur histoire se termine. Et bien sûr, Julie Hesmondhalgh était brillante dans le rôle de Trish.
Il n’est jamais très facile de parler de viol, c’est un sujet très délicat qui peut rapidement devenir compliqué à gérer. Et faire toute une saison d’une série policière comme Broadchurch avec un viol en affaire central aurait pu en effrayer plus d’un. Pourtant, un peu à l’image de American Crime qui ose, Chris Chibnall l’a fait et le public était au rendez-vous puisque 8,7 millions de téléspectateurs (avec une pointe à 9,3 millions) ont vu ce dernier épisode. C’est la meilleure audience de la série qui s’en va ainsi sur un record.
Cette saison 3 avait très bien commencé et elle a tenu ses promesses. Après huit épisodes à enquêter, huit épisodes de fausses pistes pour enfin voir la vérité éclater de manière surprenante. L’écriture a tenu en haleine avec le doute qui s’installe régulièrement sur chaque suspect à mesure que l’enquête avance. Ce fut une saison bouleversante et émotionnellement difficile à regarder et la série s’achèvera sur une victoire et il est intelligent de s’arrêter ici. Cette ultime saison aidera aussi peut-être des victimes à parler et c’est le plus important.
Crédits ©ITV
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