Retour sur une très bonne saison 4 de Orange is The New Black, plus sombre et plus captivante que jamais mais aussi pleine de larmes et d’émotions fortes. Critique spoiler.
Vendredi 17 juin dernier, Netflix mettait en ligne la très attendue saison 4 de Orange is the New Black. Une saison intense qui voit la population de la prison presque doublée et qui à ce jour, est probablement la plus dramatique de la série. Elle traite de la maladie mentale, des dérives de l’administration pénitentiaire et des gardiens incompétents et dangereux qui traitent les détenues comme des sous-humains et abusent de leur autorité. Les tensions raciales sont aussi très présentes.
Orange is the New Black était d’abord l’histoire de Piper Chapman mais ce n’est plus vraiment le cas, elle est toujours importante, mais la série va bien au-delà de Piper et elle finit par être le personnage le moins intéressant. Cela n’empêche pas Taylor Schilling de se donner à fond et de faire un très beau boulot surtout quand les choses dérapent pour Chapman et qu’elle s’est embourbée dans une très mauvaise situation qui aurait pu lui coûter la vie. Les scénaristes ont eu la très bonne idée de s’éloigner de Chapman et d’élargir la série aux autres qui sont tout aussi importantes et plus intéressantes.
Plus dramatique que jamais
Comme cela avait été annoncé, la saison 4 est résolument la plus dramatique et la plus intense avec une mort tragique. Comme beaucoup de séries ces derniers temps, Orange is the New Black a décidé de tuer un personnage important. On ne dira pas qui pour ne pas spoiler mais c’est un des personnages les plus adorés de la série, ce qui rend l’événement encore plus fort et douloureux et met encore plus en colère ce qui est le but recherché. Prendre un personnage au hasard, moins aimé ou nouveau aurait eu un impact moindre. On est dévasté. Cette mort, qui est le résultat d’une bande de gardiens ignobles et incompétents et devient le catalyseur de ce qui attend le public pour la saison 5. Est-elle morte en vain ? La saison prochaine le dira.
Si les événements prennent un tournant dramatique avec cette mort très triste qui marque un tournant dans la série, Orange is The New Black continue d’être drôle et pleine de charme. L’équilibre entre l’humour et le drame est bien trouvé et cette saison, contrairement à la précédente, offre de vrais enjeux. Il y a de véritables dangers qui menacent les personnages et la tension est forte. La surpopulation met tout le monde sur les nerfs et les problèmes au sein de la prison vont crescendo. L’introduction de nouveaux gardiens et de nouvelles détenues change la dynamique et donne encore plus de matière, peut-être même trop.
Des personnages forts
Si cette saison dénonce encore plus le problème d’un système capitaliste, elle n’en oublie pas ses personnages et leurs personnalités hautes en couleurs. Certaines sont odieuses, d’autres sont fortes et ambitieuses et quelques-unes sont adorables. Jenji Kohan et ses scénaristes continuent de construire des personnages féminins de tous horizons et la plongée dans le passé de certaines est très intéressante et montre qui elles étaient vraiment. Les flashbacks ne sont pas toujours réussis et peuvent parfois passer à côté de l’essentiel mais dans l’ensemble, ils donnent des informations qui permettent de connaître un peu plus les personnages, de voir ce qu’elle étaient avant leur incarcération. Sans tout le temps donner la raison de leur séjour en prison, ces pastilles dans le passé sont indispensables pour les comprendre.
Ce qui est dommageable, c’est qu’il a beaucoup trop de personnages et que certains restent très en surface. On les survole plus qu’on ne les explore. On aurait aimé en savoir plus sur le nouveau gardien en chef Piscatella qui est odieux mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Même s’il y a quelques indications, c’est trop peu et c’est légèrement cliché. Est-ce qu’il tente de compenser et de faire le gros dur à cause de son homosexualité ? Avoir ce pouvoir le rend-t-il plus masculin ? Piscatella est le méchant à abattre mais il n’y a pas que lui puisque la MCC, l’organisme privé qui gère la prison est aussi responsable du mauvais fonctionnement de l’établissement. Si Caputo tente de faire de son mieux, il finit par abandonner son combat noble et la corporation prend le dessus. Ce sont les détenues contre l’administration. Un combat presque perdu d’avance parce qu’aux yeux de tous, elles restent des criminelles.
Maladie mentale et dépression
Les maladies mentales et la dépression étaient des sujets très importants cette saison. Si ces problèmes ont déjà été traités les saisons précédentes, notamment avec Suzanne et Soso, ils ont encore été plus explorés cette saison. Lolly souffre de problèmes profonds et Lori Petty est excellente dans le rôle. C’est probablement la révélation de la saison et elle mérite un prix pour son interprétation. On plonge dans la psyché de Lolly qui est bouleversante et fait mal au coeur.
En ce qui concerne la dépression, c’est du côté du personnel qu’elle est traitée cette saison avec l’histoire de M. Healy. Un personnage pas forcément aimé de tous mais qu’on finit par comprendre avec son flashback dans son enfance et la relation avec sa mère. Cela en dit long sur ses relations avec les femmes et son état de dépression. La série jette un regard juste sur ces problèmes que beaucoup de gens vivent au quotidien et qui ne concernent pas que le monde carcéral.
Tensions raciales
Dans cette saison 4, les tensions raciales sont exacerbées plus que jamais avec la guerre entre les Dominicaines et les blanches à tendance néo-nazis mais aussi avec les noires. Sous ses airs de comédie parfois trop légère pour une série qui se passe en prison, il y a une véritable profondeur et la saison 4 est clairement la plus réaliste quant à l’ambiance qui règne dans une prison de sécurité minimale. Plus la série avance, plus elle aborde des sujets graves et importants. Mais comme dit plus tôt, parce qu’il y a beaucoup de choses à traiter et beaucoup de personnages, certaines choses restent en surface. Cependant, sachant que la série a encore de beaux jours devant elle, chaque personnage devrait avoir son moment.
En fin de compte, Orange is the New Black est une série de personnages. Des personnages brillants, bien écrits, parfois touchants, parfois énervants mais qui ne laissent pas indifférent. La saison 4 prend plus de risques et confirme que même si elle est vue comme une comédie, Orange is the New Black est plus profonde qu’il n’y parait.
Crédits image : ©Netflix
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