Une bande originale éclectique, sur des sons et variantes mélodiques assez vastes, mais qui manque de profondeur et surtout d’émotion. Une composition musicale qui déçoit malgré une architecture irréprochable puisque exécutée mécaniquement.
C’est la première fois que le compositeur américain James Newton Howard travaille avec le cinéaste Gary Ross et sous la direction de T-Bone Burnett, qui s’est permis de collaborer sur la berceuse intitulée Rue’s Lullaby chantée par la comédienne Jennifer Lawrence, campant l’héroïne du film. James Newton Howard est compositeur depuis 20 ans et signe des bandes originales à succès comme I Am Legend, Les Insurgés, Batman : The Dark Knight, Green Lantern. Grand collaborateur de Hans Zimmer et compositeur éclectique, il est arrivé sur le projet musical Hunger Games en catastrophe, remplaçant Danny Elfman qui avait été annoncé pour ce score, mais qui a dû se rétracter pour des raisons de planning chargé.
Rétro Western
Décidement pour beaucoup de compositeurs, quand on pense pauvreté, nature et état en ruine on pense western. Si visuellement le Disctrict 12 reste fidèle à la description écrite de l’auteure de la saga, la musique étonne. Le disque commence sur des sons tribaux/indiens, avec le titre Katniss Afoot, aux sonorités typiquement western : flûte, harpe, guitare sèche… Un mélange de quelques discrets tempos electro et des rythmes marqués par des tambours. Le thème officiel du 12ème district nous est présenté dans ce titre, thème que l’on retrouve dans les morceaux We Could Go Home ou Searching for Peeta. The Cave (quand Katniss s’occupe de Peeta dans la grotte) est le love theme que nous retrouverons surement dans le second opus de la saga, sur une mélodie toujours dans la thématique nature/western portée par une guitare sèche. Tous ces titres, bien qu’originaux, nous rappellent étrangement certaines mélodies de la bande originale du film Légendes d’Automne (James Horner) ce qui est assez dérangeant vu le sujet et la trame narrative. Le western oui, mais pas en surdose pour un film de science-fiction.
Electro-futuriste
Certains titres toujours composés par des instruments à vents nous proposent des sons très artificiels, un peu dans le style old school des années 80. Des titres qui créent un sentiment d’oppression accru à l’arrivée au Capitole, comme une métaphore sonore de la tension établie par le régime totalitaire de l’Etat de Panem. D’autres morceaux comme Reaping Day sont plus tendus, soutenus par des violons et autres cordes, classiques et orchestraux, oppressants et dramatiques. The Train par exemple est un morceau classique et mélancolique avec des accords de sons froids, électriques, comme un rappel au destin tragique qui attend l’héroïne et son compagnon. Encore plus sombre, le titre Entering The Capitol : des sonorités classiques pour traduire une émotion tendue, exécutée sans fausse note, mais dont on déplore la profondeur… Véritable contraste entre le début et l’entrée au Capitol: l’electro-tech qui fait son apparition dans la plupart des titres suivants, surement pour décrire et affirmer le côté factice et ultra-moderne du Capitole, la super métropole, morceau qui va crescendo, jusqu’à l’entrée des deux personnage en ville.
Tous les titres qui suivront restent dans cette veine electro, froide. Des sons typiques du genre science-fiction, artificiels, soulignés par quelques notes d’orchestral pour donner un ton épique mais qui reste malheureusement léger. Des sons qui reviendront clore la bataille finale de l’arène, celle avec les mutants, seul véritable moment musical épique de cette bande originale, servi par ses guitares électriques.
L’hymne du Capitole est un peu la rupture de ce score, un titre assez épique qui rappelle étrangement certain chants de dictature communiste ou totalitaire. Un ton parfait pour le Capitole. Pour enchainer vers à nouveau des sons tribaux et guerriers, sauvages portés par une architecture naturelle de flûtes et autre tambours. Métaphore de la tension de l’entrainement et de l’arène dans laquelle ces jeunes enfants vont devoir s’entre-tuer. Le compte à rebours qui monte crescendo est un titre qui se démarque, porté par des rythmes de plus en plus rapide et de chœur saccadés sur des violons et des tambours qui rajoutent beaucoup d’intensité à l’une des scènes pivots du film.
Survie
Rue’s Farewell est l’instru la plus poignante, sur quelques notes de piano et de guitare sèche, avec quelques cordes en fond pour quelques notes de douceur avant de virer vers les cordes, instrument favori du compositeur pour souligner la mort d’un des personnages importants de ce premier opus de la saga. Certainement un des morceaux les plus marquants de l’album, qui renoue avec le style inimitable de James Newton Howard. Dans l’arène, du pur classique ethnique/tribal….C’est la guerre, la lutte pour la survie. Quelques notes de synthétiseur, de violons et de flûtes, des rythmes assez basiques, sans émotions ni profondeur, des morceaux qui déçoivent un peu, sachant que le sujet aurait pu donner matière à des titres épiques voire poignants. La musique sur ce film et quasi oubliée sur certaines scènes par le spectateur tant par son aspect commun, classique et peu originale.
Quand on connait les circonstances de l’arrivée de James Newton Howard après l’annonce de Danny Elfman on peut certainement excuser un travail aussi mécanique pour un long métrage au potentiel musical riche, qui aurait pu offrir aux oreilles du spectateur une fresque de notes et mélodies diverses et variées pour habiller des scènes fortes et leur donner encore plus de profondeur.
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