Laëtitia Eïdo a rencontré le Cerveau à l’occasion de la série Fauda en France, retour sur un échange entre scoop et spoiler, pour une série intense israélienne.
Elle est arrivée en France après avoir été diffusée partout dans le monde : Fauda. Un thriller ambitieux et palpitant qui plonge les spectateurs dans un conflit compliqué et bien réel en utilisant des personnages fictifs : le conflit israélo-palestinien.
Une série tout en arabe et hébreu qui a séduit le Cerveau et sa rédaction. A l’occasion de la sortie de la saison 1 en DVD et téléchargement définitif le 10 janvier dernier de Fauda en France, le Cerveau a pu échanger quelques mots avec l’actrice principale de la série, Laëtitia Eïdo.
Dans Fauda, l’actrice française (Cocorico) incarne Shirin El Abed un médecin palestinien que l’on suit tout le long de l’intrigue de la série, entre chaos, soins, alliances et mésalliances…
Comment êtes-vous arrivée dans l’aventure Fauda ?
Il y a quelques années j’avais contacté Eran Riklis, qui est le réalisateur des films Les citronniers ou La fiancée Syrienne, par exemple, parce que je me reconnaissais dans ses films et me retrouvais dans son envie de rassembler les gens. Ses films ont vocation à rassembler et abordent le conflit israélo-palestinien de manière plutôt pacifique, dans une recherche d’apaisement. Du coup ça me parle. J’avais déjà joué le rôle d’une mère palestinienne dans son film Mon fils. C’est la directrice de casting Hila Yuval qui a cru en moi quand elle a vu le film et qui m’a proposée ensuite pour Fauda. J’ai passé le casting depuis Los Angeles de manière très rigolote parce que c’était en vidéo depuis ma chambre, puis par Skype ! Et voilà !
Pour quelqu’un qui n’a jamais vu la série comment vous la décririez en quelques mots ?
C’est une plongée au cœur d’une unité spéciale israélienne qui a la particularité de parler couramment arabe et de pouvoir s’infiltrer complètement dans l’autre camp. Le pitch de la série part du héros, qui pensait avoir tué, quelques années plus tôt, l’un des chefs du mouvement Hamas, contre lequel ils se battent. Jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est toujours vivant. Il remet alors tout en branle pour le tuer, pour de bon.
Fauda montre que la violence ne vient pas de nulle part, ça explique un peu plus les mécanismes de cet interminable conflit. Mais surtout, et ça m’a beaucoup plu, que personne n’a rien à gagner dans une guerre, peu importe le camp puisqu’on y perd toujours tout.
C’est un sujet très compliqué et délicat à traiter, vous n’aviez pas peur, au début, de tomber dans les clichés ou les stéréotypes ?
Si, si complétement. D’ailleurs j’ai beaucoup hésité avant d’accepter le rôle. J’ai demandé à avoir une conversation avec tous les gens impliqués pour vérifier que les sons de cloches étaient bien les mêmes partout. C’était important pour moi de savoir que la série allait montrer les deux camps de manière équilibrée, ou la plus équilibrée possible dans le cadre d’une fiction.
Dès les premiers épisodes, on voit qu’il n’y a personne de complétement bon ou complétement mauvais, ni d’un côté ni de l’autre. Ce qui m’a convaincu, et plu surtout, c’est que je voyais des choses dans la série qui permettent à chaque culture de puiser des éléments pour découvrir l’autre, se sentir plus proche, et ainsi en avoir moins peur. Là est la force de la fiction : que les peuples se rendent compte qu’ils sont bien plus similaires que ce qu’ils peuvent penser.
Votre personnage, Shirin, se retrouve dès le début dans une situation délicate quand on lui demande de s’occuper du terroriste. Vous pensez qu’elle ressent quoi ?
En fait le personnage de Shirin est très particulier dans le sens où c’est un médecin, et, qu’un médecin face à un homme blessé – et qui va peut-être mourir – le soignera par empathie ou pour respecter le Serment d’Hippocrate. Ensuite, sans rien spoiler, elle est forcée de rentrer dans ce chaos – ce que signifie le mot « Fauda » en arabe, d’ailleurs.
C’est un personnage qui refuse de choisir un camp, elle veut rester neutre et a passé plus de temps en France que là-bas… Ce détail d’ailleurs n’existait pas à l’origine de la série, jusqu’à ce que je sois choisie pour le rôle. Ils l’ont calqué sur mes origines.
Vous vous attendiez à ce succès international ?
Non personne ne s’y attendait. Aux Etats-Unis c’est vraiment la folie, ça a pris comme une trainée de poudre. Ils nous reçoivent comme des stars, ils nous remercient d’être venus les voir. C’est incroyable. C’est assez magique. Et au début personne ne voulait de cette série en Israël parce qu’ils pensaient que ça n’allait intéresser personne. Du coup, je suis très contente que la série soit enfin distribuée en France grâce à Wild Bunch. Il ne manquait plus que la France aux 190 pays qui l’avaient déjà !
Que pouvez-vous nous dire du coup sur la saison 2 de Fauda ?
Tout s’aggrave. Tout ce qui avait commencé dans la saison 1 continue ou se termine de façon plus grave et plus intense. Ça a été difficile à tourner parce que les émotions à donner étaient plus fortes, dans la joie comme dans la douleur. Tout s’intensifie. La réalité du monde d’aujourd’hui, de ce qui se passe actuellement, rentre dans le scénario. C’est ça aussi qui rend les choses plus tendues.
Heureusement ce n’est pas comme en saison 1 où l’on tournait pendant le conflit avec Gaza, ce qui a été très compliqué émotionnellement. Mais pour le scénario de la saison 2, ce sont d’autres conflits du monde actuel qui ont été pris en compte, face à la réalité et ce qui se passe. Bon, c’est un peu un scoop ce que je viens de vous dire !
Ce sera une saison un peu plus ancrée dans la réalité ?
Oui, mais après c’est hyper important de bien répéter que ce n’est pas la réalité ! C’est avant tout une fiction ! Le public fait parfois des raccourcis malheureux alors que la série s’efforce de montrer que tout le monde est coincé dans cette violence, qu’il n’y a ni bons ni mauvais, et qu’il n’y a que des perdants. C’est vraiment ce que veut faire passer cette série.
Et au-delà de cette seconde saison, quels sont vos futurs projets ?
J’attends des nouvelles de trois grosses signatures, pour des rôles dont deux m’ont été offerts, ce qui est une belle nouveauté dans ma carrière. Ça veut dire qu’on est convaincu par mon travail et ça me touche beaucoup.
L’un serait aux Etats-Unis sur plusieurs années, c’est un très beau projet ; l’autre est une co-production européenne pour un film de cinéma et le troisième est une série internationale. J’attends les réponses dans le mois donc j’essaie de pas trop y penser, mais ce sont des projets qui peuvent vraiment propulser une carrière.
Crédit photos : Droits réservés /©2017 David Zimand
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