Réalisateur : Edgar Wright
Casting : Ansel Elgort, Lily James, Jon Hamm, Jamie Foxx, Kevin Spicey
Genres : Action
Durée : 1H55 mn
Nationalité : Etats-Unis – Royaume-Uni
Année de production : 2017
Sortie en salles le 19 juillet 2017
Baby Driverd’Edgar Wright est le film fun de l’été. Pensé comme un film où la musique est au cœur du projet, de nombreuses séquences sont impressionnantes et rythmés comme jamais. Mais l’audace de Wright manque. La critique du Cerveau
Sans aucun doute l’un des réalisateurs les plus appréciés et les plus funs de ces dernières années, Edgar Wright, est de retour. Avec la trilogie cornetto, il s’est installé comme un auteur de talent, sachant gérer différents genres avec brio, et surtout humour, ne cessant de s’améliorer d’un film à l’autre. Avec Scott Pilgrim, il a démontré tout son talent de réalisateur. Il devait nous offrir un film de super-héros qui sortirait de l’ordinaire, avec Ant-man, qui n’était pas un grand Marvel, avant d’être remercié par Marvel, au grand dam des fans. Le voici de retour avec Baby Driver ce mercredi en salle.
Avec Baby Driver, le retour d’Edgar Wright ne se fait pas par la petite porte. Suivant la trame classique du dernier coup qui tourne mal, on suit Baby, un chauffeur qui veut arrêter le crime. Doté d’un casting impressionnant, le film est à voir absolument pour sa mise en scène survoltée et sa bande son endiablée, qui comble des lacunes scénaristiques inattendues dans un film d’Edgar Wright.
« Une comédie musicale postmoderne »
La première séquence du film pose les bases de ce à quoi on doit s’attendre pour la suite. Impressionnante sur tous les aspects, sans aucun dialogue, il s’agit d’une des scènes de course poursuite les plus réussies qu’on ait pu voir ces dernières années. Pas d’explosions ou de carambolages en série, juste un parfait contrôle du véhicule avec des moments qui nous plongent littéralement au fond de notre siège. Là où la réalisation est vraiment sensationnelle : réside dans le fait qu’elle est entièrement rythmée sur la musique qui l’accompagne.
L’usage parfait de la musique sur les images va donner du corps au scénario un peu léger et rendre le film dément à regarder. Tout est pensé en fonction de la musique. Les cascades sont réglées sur cette dernière, le montage s’accorde parfaitement avec le son et même les scènes de fusillades sont en accords avec le rythme de la musique. Bill Pope, le chef opérateur du film – qui a fait un très bon travail de lumière – avait qualifié Baby Driver dans une interview de « comédie musicale postmoderne » dans le sens que « il n’y a ni chansons, ni numéros dansants, mais le film est rythmé par la musique ». Et ça marche ! Le mieux dans tout ça ? Les musiques sont aussi bonnes que les scènes qu’elles illustrent.
La musique véritable star
Baby Driver, était un projet de longue date pour Edgar Wright. Il y pensait depuis 22 ans, donnant un premier coup d’essai en 2003 avec le clip de Blue Song du groupe Mint Royal, très proche de la séquence d’ouverture du film. C’est dire comment le bonhomme prépare ce film depuis un bout de temps. Et depuis tout ce temps, son seul objectif était de faire un film où la musique chorégraphie et guide le film. Avant de commencer à écrire le scénario, il avait déjà huit chansons en tête, et il n’écrivait jamais une scène avant d’avoir trouvé la bonne musique. La musique comme héros, pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Des lacunes scénaristiques
On l’aura compris, la musique est principale dans Baby Driver. Mais sans tout ce travail sur la musique, le film est d’un intérêt limité, comme s’il ne reposait que sur elle. Forcément, la réalisation qui suit et de facto bonne si elle parvient à se caler sur cette dernière.
Une réalisation prenante et visuellement scotchante grâce à des scènes de grâces en voiture qui sont bien différente des courses poursuites au cinéma, comme on a pu le voir dans Drive par exemple. Mais hormis cela, Baby Driver n’a que peut d’éléments être un film intéressant et plus profond qu’un film de voitures. Il souffre de beaucoups de lacunes scénaristiques, et c’est bien la dernière chose qu’on pouvait s’attendre à voir dans un film de Wright.
Manque d’entrain, de rythme et d’écriture
La première partie du film peine d’un manque d’entrain et de tension assez conséquent. On pense bien que la séquence introductive y est pour quelque chose – difficile d’être à fond après l’intensité de ce que le spectateur reçoit d’emblée. Mais ce n’est pas le seul problème de Baby Driver. L’histoire met trente ans à se lancer, à décoller, et à gagner en intérêt. Pendant trop longtemps on ne fait que suivre la vie de Baby et sa romance plutôt crédible avec Deborah, mais le nœud scénaristique qui va lancer l’action et les problèmes met longtemps à s’installer ou captiver le spectateur. Il parait même bien forcé par moment tant les choix de Baby paraissent en inadéquations avec son but.
Un peu plat
Et malgré des dialogues plaisants et bien écrits, beaucoup de moments sont un peu plat. La faute à des personnages souvent insipides, pourtant servis par de bons acteurs, dont notamment l’excellent Jon Hamm, trop souvent absent du grand écran malgré un talent écrasant. On peut d’ailleurs remercier Wright, qui a écrit le rôle de Buddy en pensant tout spécialement à lui. Le film ne parvient que difficilement à être intéressant et vraiment bon hors de son cadre technique. On ne s’ennuiera pas, loin de là, et la deuxième partie du film est vraiment prenante, mais il manque à Baby Driver cette audace scénaristique qui a fait la saveur et la réputation des précédents films d’Edgar Wright.
Ne nous trompons pas pour autant, Baby Driver est un bon film, et surtout un film impressionnant. Le travail de la musique est une chose que l’on n’avait presque jamais vu à ce niveau-là, et rien que pour ça il faut voir ce film. Le scénario manque d’intérêt et de ce côté punchy propre à l’écriture de Wright. Ce n’est heureusement qu’un point faible dans l’un des probables film les plus intéressants de l’été.
Baby Driver – Bande annonce
Crédit : ©Sony
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