Réalisateur : Peyton Reed
Casting : Paul Rudd, Evangeline Lili, Michael Douglas
Genre : Super-héros – action
Durée : 1h58
Année de production : 2015
Distributeur : Walt Disney Pictures
Sortie le 14 juillet 2015
Enfin ! Le chapitre final de la Phase 2 de Marvel débarque au cinéma avec Ant-Man. Retour sur un un echec programmé et inévitable.
Initiée après la sortie du premier Avengers, la Phase 2 de Marvel en a fait coulé de l’encre. Et pas dans le bon sens du terme. Blindée de suites aussi peu originales les unes que les autres (à part peut être Captain America : Le Soldat de l’Hiver. C’est dire.) et une réussite totale avec Les Gardiens de la Galaxie, il est enfin temps de se confronter au projet encore plus ancien que l’idée même du Marvel Cinematique Universe : Ant-Man. Terminer une ère cinématographique désastreuse en introduisant un nouveau personnage, déjà pas des plus connus du grand public, pas des plus apprécié parmi les fans, avec un acteur principal abonné aux seconds rôles et réalisé par un inconnu notoire après qu’Edgar Wright, l’un des réalisateurs les plus en vogue de ces dernières années, ait claqué la porte du projet après des années de travail… Qu’est ce qui aurait pu aller de travers ?
De zéro à héros
Scott Lang est un voleur à la petite semaine lambda. Après avoir purgé sa peine, il sort de prison et promet de raccrocher pour pouvoir totalement se dédier à sa fille Cassie qui vit avec sa mère et son beau-père policier. Mais la réinsertion n’est pas si simple et personne ne veut d’un ex-taulard comme employé. Le voila donc obligé de retomber dans ses vieux travers et lors d’un cambriolage lambda, il tombe sur une combinaison étrange. Cette dernière lui permet de rétrécir à la taille d’une fourmi tout en gardant sa force normale. Scott est par la suite contacté par le possesseur du costume, le scientifique Hank Pym. Ce dernier l’observe depuis un moment et compte sur lui pour revêtir le costume et les aider, lui et sa fille, à combattre un vilain chauve qui essaye de voler sa formule secrète pour rétrécir et sa compagnie au passage.
Pur jus
Evacuons le plus simple et le plus évident : Ant-Man est un Marvel comme un autre. Pas meilleur, pas pire, juste comme le reste. La réalisation est léchée, les acteurs jouent correctement, c’est drôle à certains moments et les combats sont assez intenses. Pas de prises de tête sur le fond, beaucoup de forme, un brin d’auto-dérision, on emballe le tout, on réchauffe 3min à 750w et on sert. On a même le droit à l’éternelle scène du personnage principal torse nu ! Après tout, pourquoi changer une équipe qui rapporte des millions au box office depuis déjà une décennie ? C’est tellement évidemment que le scénario lui-même reprend trait pour trait ce qui a fait la renommée de chaque film : le méchant PDG chauve d’Iron Man, le sidekick rigolo minorité visible de Captain America : Le Soldat de l’Hiver, l’ancienne tête d’affiche relayée au second plan de Thor, le ton décalé des Gardiens de la Galaxie… A croire que Marvel avait réellement confiance dans Ant-Man au point de lui refuser toute originalité. Et c’est là que tout commence.
Moulinette consensuelle
Pour tous les fans de comics ici-bas, le vrai Ant-Man c’est Hank Pym. Mais déjà dans les années 60 à sa création, rapetisser et parler aux fourmis alors qu’on a à côté un dieu nordique et un titan verdâtre, c’était un pari assez risqué. Au fil des années, les scénaristes ont quand même réussi à donner une certaine profondeur au personnage notamment atteint de troubles psychologiques le rendant parfois instables ce qui l’a mené entre autres à endosser une pléthore d’identités (Ant-Man, Giant-Man, Goliath, Yellowjacket, The Wasp…) et être coupable de violences conjugales. Mais évidemment, tout comme l’alcoolisme de Tony Stark, pour Disney c’est niet au grand écran. Donc on met le personnage iconique avec des années de travail acharné derrière sur la touche et on récupère le dernier à porter le costume un peu plus rigolo, Scott Lang. Et qui de mieux pour camper un personnage déjà bien amputé d’intérêt que Paul Rudd, le second couteau le plus célèbre d’Hollywood ? Tellement transparent et peu charismatique que ses stéréotypes latinos d’amis sont plus mémorables que lui. Bon après, si on met le choix en perspective, c’est sûrement pour ne pas voler la vedette aux vraies stars encapées constituant les Avengers, équipe contenant déjà beaucoup trop d’acteurs bankables.
That’s not Wright
Le Cerveau passera vite fait sur le scénario qui arrive à enchainer d’énormes incohérences sans pourtant inclure de voyage temporel (ça se salue) sinon cette critique n’en finirait pas. Cela dit, une erreur pareille peut s’expliquer par la production chaotique du film : Edgar Wright a été en charge du scénario depuis le début et on peut sentir tout au long du film que quelques idées ont été retenues, le transformant en chimère étrange où les scènes explicatives à base de « les fourmis sont tes alliées » sont d’un sérieux très maladroit et les scènes de combat imbibées de second degré potache. En gros, toute l’exposition ressemble a tout ce qu’on a déjà vu au cinéma (avec cependant quelques pépites comme la scène des toilettes) et la deuxième moitié du film est un délire gonflé d’idées visuelles interessantes mais trop peu ou trop mal exploitées. D’ailleurs, ces scènes sont même gâchées par un arrière gout mercantile étrange : Hank Pym était un Ant-Man badass pendant les années 70 ? Ca sent la préquelle en série. Ant-Man virevolte entre des objets à dos de fourmi volante ? Ca sent le parc d’attraction. Le méchant Yellowjacket et Ant-Man se battent à l’aide de jouet géants ? Ca sent le jeu vidéo. Donc de deux choses l’une : soit tout ceci a véritablement un but promotionnel, soit le réalisateur (en plus de pomper les autres Marvel) a littéralement emprunté à d’autres milieu de quoi rendre son film interessant. Difficile de dire le pire des deux.
Pour résumer, Ant-Man partait avec : la deuxième itération d’un personnage de comics déjà peu connu et possédant des pouvoirs assez ridicules, joué par un habitué des placards à balai, soutenu par une moitié de scénario repris par Disney et réalisé par Peyton Reed, un Yes man d’Hollywood (ayant lui-même réalisé Yes Man, si ça c’est pas du jeu de mot de qualité). Donc non, malgré le matraquage façon Gardiens de la Galaxie niveau communication, Ant-Man est très très loin d’être à la hauteur de ce qu’il promet. Voire pire, de ce qu’il aurait pu être. Parce que oui, le Cerveau est une fois de plus énervé et déçu. Tant de potentiel gâché, une fois encore.
Ant-Man : Bande-annonce
Crédits : ©Marvel Studios
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