Critique de La Taupe, film d’espionnage adaptant John le Carré avec un casting anglais on ne peut plus raffiné.
La Taupe (Tinker, Sailor, Soldier, Spy) est l’adaptation du roman de John le Carré de 1974. Sa deuxième au cinéma. Cette fois, avec un casting quasi exclusivement britannique, on a fait appel au réalisateur suédois Tomas Alfredson. En plein climat de guerre froide, le gouvernement fait appel à George Smiley (Gary Oldman), espion désormais à la retraite pour qu’il trouve l’identité de la taupe soviétique faisant partie du Cirque, nom donné à la direction des services secrets britanniques. Pour cela, Smiley rassemble une équipe dont fait partie la nouvelle star de la télévision et du cinéma britanniques, Benedict Cumberbatch.
Un film sans émotion…
Le premier constat que l’on fait à la vue du film est son absence totale d’émotions. Ce qui n’est pas un reproche : Alfredson a réussi à structurer le film, à réaliser et monter les images, de manière à traduire parfaitement l’esprit des romans d’espionnage de John le Carré se déroulant en pleine guerre froide. La Taupe est loin de ressembler à du Jason Bourne ou du James Bond. On regarde ce film comme on lit le roman d’espionnage. La magnifique bande originale, agrémentée de quelques perles musicales comme Sammy Davis Jr avec The Second Best Secret Agent in the Whole Wide World, y contribue. L’éclairage, froid, parfois même glacé, y est aussi pour beaucoup. Tandis que l’ensemble du casting a de son côté une réserve nécessaire à cet environnement de guerre froide.
…mais avec une âme
Gary Oldman a été nommé pour l’oscar du meilleur acteur face à Jean Dujardin et George Clooney. On comprend aisément cette qualification par l’Académie. La réserve de l’acteur dans ce rôle est parfaitement maîtrisée. Il arrive, comme l’ensemble du casting d’ailleurs, à donner une âme au film, à le porter, alors que justement aucune émotion n’en sort. Le seul personnage à véritablement montrer de ses émotions est Peter Guillam, campé par Cumberbatch. Encore jeune recrue des services secrets, il n’a pas le bagage qu’ont les autres membres du Cirque. L’acteur a réussi à intégrer cela dans son jeu.
Le meilleur John le Carré au cinéma ?
Car le film se passe en période de guerre froide. Ce n’est pas un film de guerre. Comme aux échecs, comme au poker, la moindre émotion manifestée peut trahir son jeu. La mis en place de l’intrigue, la réalisation, le montage, les lumières : tout concourt et renforce ce climat froid, inquiétant, paranoïaque. Cela donne une âme à ce film. Et cela pourrait en faire l’une des meilleures adaptations de John le Carré au cinéma.
Bande-annonce
Crédits photo ©StudioCanal
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