A mi-chemin entre Dallas et Dynasty, Revenge n’est qu’une sombre parodie de ce que pourrait être une série sur le thème de la vengeance. Avec un slogan aussi stéréotypé que son titre, Revenge est la déception de cette rentrée des séries 2011.
« What comes around, goes around » non, ce n’est pas une référence à la chanson de Justin Timberlake mais bien au slogan de la série Revenge : « la roue tourne toujours » .
Argent, gloire, frivolité, meurtre, sexe, trahison, voilà des thèmes abordés en long en large et en travers que ce soit à la télévision ou sur le grand écran, sous couvert de justifier le concept de vengeance. On s’attend donc avec ce pilote à un renouveau du genre, puisque que tout a été déjà fait, voire surfait. Dans Revenge, c’est une jeune femme qui en a gros (comme diraient deux grands sages médiévaux) contre certaines personnes avec qui elle a vécu dans les Hamptons, où elle a grandi jusqu’à ce que son père soit accusé à tord d’un crime qu’il n’a pas commis. Elle retourne s’y installer, au milieu des riches, sous l’identité d’Emily Thorne (Emily VanCamp), avec pour objectif de les détruire.
Oeil pour oeil, ennui pour ennui
Concevoir la vengeance dans un contexte que l’on connaît déjà bien, c’est un pari très risqué. Soit on rélève le challenge haut la main, soit on se plante sur toute la ligne. Et c’est le plantage total pour Revenge. La série se veut intellectuelle, voire philosophique en ouvrant l’épisode sur une citation de Confucius « Avant de s’embarquer dans une mission de vengeance, creusez deux tombes ». Une citation pseudo moraliste, glissant sur une scène de meurtre et la présentation du personnage principal qui n’apparaît pas du tout, mais alors « pas du tout » comme l’instigatrice de ce meurtre. Une scène de meurtre où la tension est à son comble, pour retomber ensuite, petit à petit, comme un soufflet, avec la présentation du personnage d’Emily, tout en flash-backs, l’héroïne vengeresse et meurtrière. Au bord de tous les clichés, le jeu d’Emily VanCamp (Brothers and Sisters, The ring 2) peine à endosser le rôle d’une femme, victime d’un sérieux complexe d’Oedipe. Un pilote qui pose bien les fondations de la série, mais qui les creuse tellement en profondeur, que l’ennui lui aussi s’installe confortablement au fil des scènes.
Un intrigue façon TV réalité
Quand on connaît The Jersey Shore, on ne peut s’empêcher d’y penser en regardant cet épisode. Même format (ou presque, si on enlève le côté fiction), puisque l’intrigue se place dans le monde de la haute société du Connecticut aux USA, un été dans les Hamptons, un monde de débauche, d’argent à ne plus savoir quoi en faire, de jalousie, de paillettes…etc… et même si la série veut se la jouer « l’habit ne fait pas le moine », le spectateur n’y croit pas une seule seconde. Ce qui est très étonnant venant de la part de Mike Kelley, créateur de l’excellente Jericho.
La philo selon Mike Kelly
Pourquoi ouvrir un pilote de série surfant sur une morale bancale et la notion de vengeance, si toute la trame de l’histoire, et ses mystères, sont révélés dans ce pilote ? Car oui, au cours des nombreux flash-backs, toutes les réponses sont livrées, expliquant ainsi comment l’héroïne prend connaissance de l’innocence de son père. Ou encore la manière dont elle s’intègre aussi vite, avec succès, dans le cercle très fermé de cette société embourgeoisée et venge son père en détruisant la belle vie de ceux qui ont causé son malheur. Tout est simple, trop. Revenge entame une revanche ordinaire et sans goût.
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