Dune prophecy : Space opera féminin, épique et mystérieux

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Découvrez la critique de  Dune : Prophecy, série préquelle à l’univers Dune au cinéma, 10 000 ans avant Paul Atreides

Les films acclamés de Denis Villeneuve de la franchise épicée de Warner Bros, se déclinent dès ce 17 novembre sur Max en France, avec un premier épisode de Dune : Prophecy. 

Un épisode à hauteur de ce qu’on attend d’une série dérivée de blockbusters visuels tels que ceux de Villeneuve. Ici, on reprend les designs initiaux et la réalisation clinique, avec l’architecture, les costumes et designs technologiques du réalisateur de renom, pour étendre cet univers – à hauteur d’une préquelle en série, cela va s’en dire – bien que l’intrigue se déroule dix mille ans avant celle de Paul Atreide.

Préquelle plus noire

Adaptée du vaste univers de la saga Dune, créée par Frank Herbert, Dune : Prophecy se déroule 10 siècles avant l’ascension de Paul Atréides et retrace les origines de la mystérieuse organisation religieuse connue sous le nom de Bene Gesserit, à travers l’histoire de deux sœurs Harkonnen amenées à lutter contre les forces du mal qui menacent l’avenir de l’humanité. Adaptation de La Communauté des sœurs , un roman de Brian Herbert et Kevin J. Anderson,  Dune : Prophecy est composée de 6 épisodes et propose une autre vision de l’univers sur grand écran, avec une intrigue plus axée sur ceux qui la porte que sa dimension visuelle.

Une série de femmes

Plus tragédie que série de SF classique ou space opera, plus proche d’une intrigue politique féodale et familiale, Dune : Prophecy est avant tout une histoire de femmes. Une histoire de sororité au sens propre et figuré, dans le but de renverser la donne et manipuler un Empire tenu par un homme.

Peu étonnant, vu qu’elle est créée et co-produite essentiellement par des femmes : Alison Schapker en est la showrunneuse, avec Diane Ademu-John, co-créatrice et productrice exécutive, ainsi que Anna Foerster, qui réalise aussi ce premier épisode.

Dimension mystique

C’est aussi, comme le veut le monde d’Herbert, une véritable critique de la manipulation religieuse et de la foi aveugle, bien plus que dans le récit de Villeneuve, plus monolithique et manichéen que peut l’être la série.

Et c’est ce qu’on aime. Si la série ne proposera que 6 épisodes, sur les quatre visionnés, l’écriture est irréprochable, tant côté personnages que narratif, avec une intrigue dense, entre multiples flashbacks avec le présent, ainsi que des mystères et autres énigmes d’une planète à l’autre, qu’elles soient mystiques ou non.

Tout n’est pas parfait, certes, mais la série convainc pour son univers propre bien que spin-off d’une franchise cinématographique, pour ce qu’elle raconte ainsi que l’immersion qu’elle procure dans son univers.

Complexité de l’intrigue

Si le premier épisode peut laisser perplexe, puisque dans l’exposition et explication des évènements liés à la grande guerre contre les machines – celle qui va mener à une technologie limitée bien qu’avancée dans le monde de Dune – ainsi que ses effets sur diverses Maisons, mais aussi l’influence des Bene Gesserit ; Il est certain que les suivants, en explorant beaucoup plus les rapports entre les personnages, ainsi que les alliances et mésalliances des différents clans, calmeront les plus sceptiques.

Difficile de ne pas comparer la série à Game of Thrones, tant dans sa structure que ses prémices et enjeux. Une similarité se trouve avec le récit épique de George R.R. Martin tant les sauts entre les divers territoires concernés par l’intrigue, ainsi que les rapports féodaux au sein de l’Empire, qui ressemble à ce qu’on a pu voir dans Dune prophecy.

Là où la série se distingue de sa consœur, c’est vis-à-vis de la place de cette communauté de femmes, ainsi que celles qui la dominent dans le présent de la série : à savoir les sœurs Harkonnen.

Manipulation et désillusion

Entre manipulations d’un clan déchu, politiques et affrontements de genres, la série propose surtout, à partir des épisodes 2 et 3, de découvrir les différentes rebellions au-delà des rapports de clans de l’Empire, de la rivalité entre Atreide et Harkonnen, comme le veut un space opera inspiré par les thèmes de Frank Herbert.

Par contre, bien que la série effleure l’épice au cœur des intérêts de l’Empire, elle n’est pas le sujet. Ici, on se concentre vraiment sur les rapports de pouvoir et la politique qui va avec, la psychologie des personnages et ce qui les encourage dans leur comportement et actions.

Un peu caricatural

La grande critique qu’on pourrait faire au vu des quatre épisodes qui ont été donné de voir au Cerveau, c’est la caricature assez basique du personnage de Desmond Hart, campé par l’interprète du célèbre Ragnar de Viking, Travis Fimmel.

Un personnage un peu misogyne, fou et mystique, qu’on ne prend pas le temps de présenter correctement au spectateur et qui agace plus qu’il ne fascine pour son écriture stéréotypée et le jeu de son acteur, très proche de ce qu’on connait de lui. Au visionnage des épisodes fournis, peu de réponses seront offertes au spectateur, ce qui pourrait frustrer certains.

A côté d’autres personnages fascinants auquel on adhère complétement, celui de Desmond apparait vraiment comme une MacGuffin assez pauvre pour le moment, justifiant la déstabilisation du pouvoir des sœurs. On aurait aimé un peu plus de substance ou de réponses à hauteur des aspirations de la série.

En somme, Dune : Prophecy est assez réussie dans l’ensemble, au-delà d’explorer l’univers de Villeneuve avec plus d’évènements et de concentration sur ce que peut offrir un monde comme celui imaginé par Herbert. Il faudra attendre la saison complète pour savoir si elle mérite d’être distinguée pour ce qu’elle raconte au-delà de la beauté de sa production et réalisation.

Crédit photos : © HBO/ Time warner

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