Critique d’une première saison de The Path forte et fascinante.
La première saison de The Path se termine avec de très nombreuses questions. Et c’est normal, et c’était peut-être la seule manière logique de terminer la saison. En effet, Eddie, incarné par un Aaron Paul phénoménal, a enfin quitté la secte, mais la secte, elle, ne l’a pas quitté.
On ne peut pas effacer des décennies de lavage de cerveau et de consommations de drogues hallucinogènes sans conséquences. A moins que le Meyerims et les élucubrations de Steve aient un fond de vérité.
C’est là-dessus que joue, beaucoup The Path en cette fin de saison. Entre les visions d’Eddie, les marques de brûlures sur les mains du mari d’Allison, le miracle qui sauve l’enfant de Abe/Sam, et Steve qui semble bien en forme pour un cancéreux censé être mourant, on peut se poser des questions.
Ou alors, tout ceci ne sont que tour à tour des hallucinations provoquées par une vie entière de consommations d’hallucinogènes, de coïncidences et de la révélation d’un mensonge. Ceci est difficile à dire, et c’est ce qui fait la qualité de The Path.
Mécanisme d’une secte
La confusion ici est volontaire et a un but clair : montrer et tenter d’expliquer comment des personnes pas plus idiotes que les autres, pas plus perchées que les autres peuvent se laisser séduire par une secte, malgré tous ses défauts, règles douteuses, et traditions parfois surprenantes et à la limite de l’absurdité et ses contradictions. (Quoique les religions établis ont elles-mêmes des traditions qui peuvent sembler absurdes d’un point de vue extérieur et leurs propres contradictions et règles douteuses.)
Ainsi, même s’il ne croit plus à la Lumière et à l’Echelle et rien de tout cela, Eddie a du mal à laisser le Meyerisme derrière lui. Durant toute la saison, il hésite, d’abord avec sa foi, puis à laisser sa famille , et toute sa vie derrière lui. De plus, il croit au travail qu’ils font. Qui, il a raison, n’est pas mauvais en soit. Ils aident les âmes réellement perdues, avec un programme de désintoxication qui semble fonctionner. Ils prennent aussi la défense d’une immigrée et ses enfants que le gouvernement veut expulser, hébergent une autre famille jetée à la rue, pour ne citer que les bonnes actions qui ont été mise en avant.
C’est là aussi que The Path est fascinante. Les membres du mouvement sont profondément, fondamentalement des gens biens. Ils cherchent à aider leur prochain, à apporter soutient et amour aux autres.
Salaud de Patron
C’est, comme d’habitude, le patron qui pose problème.
Le patron, ici, c’est Cal. Un être ambigu et complexe, et très bien écrit. On ne sait pas s’il croit vraiment au Meyerisme. Mais il croit en Docteur Steve, et à être le chef du mouvement, et gagner plus d’argent. C’est un ancien alcoolique qui rechute régulièrement, il ment aux membres de la secte constamment il est un peu pervers sur les bords. Et il lui arrive de tuer des gens, parfois. Et pourtant, grâce à l’écriture du personnage et au jeu de Hugh Dancy, il n’est pas le grand gourou super-charismatique et froid qu’on peut imaginer. Tuer quelqu’un le rend littéralement malade. Il se bat clairement contre sa noirceur…et rate misérablement.
Ceci risque de poser bien des problèmes en saison deux puisque Sarah semble être au parfum de ce qu’il se trame. Sarah est très intelligente, même si elle semble à fond dans le Meyerisme et elle voit que les choses ne collent plus depuis que Cal s’est mis en tête d’agrandir le mouvement. C’est à se demander si elle accepte de co-leader le mouvement, ce n’est pas plus pour surveiller Cal que par une réelle envie de monter les échelons.
Dure en émotions
Toutes ces intrigues et explorations des personnages et de la secte en elle-même permettent à The Path des épisodes particulièrement intenses, en particulier ce dernier épisode. Les émotions, difficiles, violentes sont au rendez-vous à chaque épisode. L’étude au coeur de cette secte est fascinante puisqu’on s’attache aux personnages très vite et à leur conflit interne. Pour une fois, même les adolescents ont une utilité dans cette série.
Pour toutes ses qualités, on pardonne les incohérences et les facilités qu’empruntent parfois The Path dans ces intrigues, une certaine lenteur, les petites caricatures et stéréotypes (le personnage de Mary et son intrigue sont insupportables sur ce sujet) et le manque total de subtilité dans la comparaison avec la Scientologie.
The Path a obtenu une seconde saison, que le Cerveau attend avec impatience. Pas tant pour avoir des réponses aux dizaines de questions qui existent. Les réponses ne sont pas vraiment importantes, puisqu’il est ici questions de foi, ou non-foi. Mais pour continuer à suivre le voyage spirituel chaotique mais fascinant de ses personnages.
Crédits Images : ©Hulu
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