Critique d’une presque parfaite première saison de The Leftovers riche en réflexions.
The Leftovers a proposé, hier soir sur HBO, un dernier épisode qui conclut parfaitement sa première saison. Un épisode riche en réflexions sur l’humanité, la morale et la spiritualité. Riche aussi en émotions et comme toujours, sans réponse claire et nette. Un manque de réponse qui, dans d’autres séries, serait dérangeant mais ici est naturel. Les questions que posent The Leftovers sont d’ordre morales et spirituelles, en soit très personnelles. C’est à chacun d’y répondre dans sa propre conscience. Est-ce que Kevin est un homme bon ? Est-ce que les intentions comptent plus que les actes pour juger de la valeur morale d’une personne ?
Les questions sont posées, les thèses et antithèses sont présentées tout au long de la série. Manque plus que la synthèse, qui est à faire par le téléspectateur, seul, avec lui-même.
Réalité absurde
Des questions d’ordres narratives sont aussi posée, la première étant : pourquoi 2% de la population a disparu ? La série n’y répond pas et n’y répondra jamais. Un excellent choix de Tom Perrotta, auteur du roman qui a inspiré la série. Car là n’est pas l’important, le thème ou le sujet de l’oeuvre. Tenter d’y répondre et de créer une trame narrative autour de cette question ne ferait que distraire du réel propos de The Leftovers. Là où la série est moins bonne quand elle tente de suivre ce chemin.
De plus, donner la réponse enlèverait tous les éléments qui font la force de la série : les divers exutoires et sources de réponses que cherchent les personnages. Comment arrivent-ils à faire face, ou plutôt ils ne font pas face, à cette réalité qui, pour eux, est devenu absurde et inexplicable.
Torture Psychologique
Et dans ce dernier épisode The Prodigal Sons Returns, les auteurs donnent une piste de réponse : dans l’excès. Les Coupables Silencieux souhaitent que personne n’oublie ce qu’il s’est produit. Leurs méthodes sont insoutenables de cruauté. D’une violence psychologique innommable. Une torture qui se retourne contre eux, chose bien compréhensible mais là encore dans un excès de violence terrible et non sans leur propre cruauté.
Sans compter les autres pseudo-guides spirituels, en particulier Holy Wayne, qui créent leurs propres sectes pour profiter de la douleur des gens pour encore mieux les détruire, comme on le voit avec la jeune Cristine et Tommy. Damon Lindelof et Tom Perrotta offre une vision de notre société peu alléchante avec ces thématiques développée dans The Leftover.
Et il suffit d’ouvrir les journaux pour se rendre compte combien The Leftovers a une vision que trop juste de notre société. Combien une foi un peu trop zélée et aveugle peut mener à des horreurs. Et c’est là que le show devient une série d’horreur, malgré la note d’espoir des dernières minutes de l’épisode.
Grands Acteurs
The Leftovers vaut aussi le détour par son casting, impeccable tout au long de cette première saison. De Justin Theroux, très touchant dans ce dernier épisode, à Carrie Coon, parfaite par cette mère et femme désemparée qui ne sait plus où aller et qui a toujours su partager sa douleur, en passant par Ann Dowd et Amy Brenneman qui arrivent à délivrer leurs scènes dans des rôles sans répliques mais non sans émotions, on ne peut qu’applaudir le casting entier de la série.
Un casting qui sert une écriture au cordeau, où aucun élément est laissé au hasard, et une réalisation qui sert l’histoire avant tout. The Leftovers signe ici une première saison immanquable. A noter aussi et surtout, le travail sur la musique parfait qui habille magnifiquement les scènes, comme l’utilisation de Nothing Else Matter en ce début d’épisode final.
L’unique et seul défaut de la série, est de continuer de vouloir donner des indices pour appâter les fans de surnaturels, quand The Leftovers est bien meilleure quand elle se concentre sur ses personnages et leurs voyages spirituels et émotionnels.
Et par rapport au bouquin ?
Enfin, un mot sur The Leftovers non plus en tant que série télévisée, mais en tant qu’adaptation. Damon Lindelof et Perrotta ont réussi à offrir une nouvelle lecture du roman qui pourra surprendre ses lecteurs mais aussi leur faire plaisir. Les thèmes abordés, les questions posées et les réflexions proposées par l’auteur restent intactes.
Les modifications apportées sont pleinement justifiées, les médias étant différents, certaines scènes n’ont plus les mêmes codes et les changer en devient nécessaire. Certains personnages ont aussi besoin d’être plus présent ou d’un rôle plus prépondérant pour la télévision. Si on regrette l’absence d’autres sectes présentent dans le roman, et une évolution de Tommy beaucoup plus élaborée, on peut espérer les voir dans la seconde saison de The Leftovers, commandées récemment par HBO.
Ce dernier épisode sera diffusées ce soir sur OCS.
Crédits Images : ©HBO
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