Paru chez Glénat le 6 Janvier 2015, Les enfants de la baleine est une escale teintée d’une mélancolie touchante, relevée toutefois d’un mystère brumeux que le prochain tome, dont la sortie est prévue le 20 Janvier prochain, devrait venir éclaircir (à moins qu’il ne l’épaississe davantage).
Une brise de sable et quelques embruns du Japon sont venus déposer aux portes de l’hexagone un bien beau manga en début de semaine dernière. Touché par son histoire originale et la beauté du dessin de son auteure, Abi Umeda, que l’on connaissait surtout pour son shonen sportif Full Set, le Cerveau vous propose de partir à la dérive sur une mer de sable infinie et de découvrir l’univers du premier tome des Enfants de la Baleine, un manga souvent partagé entre innocente douceur et violence froide.
L’histoire démarre dans une étrange boutique…
Avant de nous lancer plus avant dans la découverte de cette œuvre, faisons un bref passage à sa toute fin. Rassurez-vous, il n’est pas question de spoiler qui que ce soit dans cette chronique. En l’occurrence, une foi le premier tome terminé, l’auteure reprend ses crayons et plumes un court instant pour nous expliquer comment elle-même a découvert Les Enfants de la Baleine.
Car cette histoire que nous raconte Abi Umeda, c’est celle dépeinte dans le journal de monsieur Chakuro (pseudonyme), un écrit qu’elle a découvert dans une boutique spécialisée dans la vente de scénarii libres de droit ; boutique qui, selon l’auteure, n’est trouvable « qu’au hasard des rues, jamais en la cherchant… ». Avec beaucoup d’humour, elle nous explique comment elle a dû décortiquer un journal d’abord très banal jusqu’à enfin tomber sur « des émotions ».
Cette rencontre à la fois tendre et atypique entre une auteure et son prochain projet, on la ressent tout au long des Enfants de la Baleine. Abi Umeda nous raconte une histoire surprenante qu’elle même à eu le plaisir de découvrir par hasard. Le charme de la rencontre opère, touchant de sa plume le lecteur attentif.
…et vogue jusqu’à se coucher sur le papier.
Les enfants de la Baleine nous conte l’histoire des habitants de la Baleine de Glaise, un gigantesque vaisseau qui vogue sans interruption à la surface d’un océan de sable et abritent plusieurs centaines d’âmes. Ses habitants sont pour la majorité frappés d’un don leur permettant d’acquérir certains pouvoirs grâce à leurs émotions, le saimia. Cependant, ce dernier à un prix : en effet, les « marqués », détenteurs de cette capacité, sont promis à une mort précoce. Ils vivent donc dans leur petit monde au sein de la Baleine de Glaise lorsque, au cours de l’an 93 de l’ère des sables, ils rencontrent un vaisseau à la dérive. Sur ce dernier, le jeune Chakuro, scribe officiel de la Baleine, fait une rencontre pour le moins improbable. Dès lors, des événements étranges vont se produire.
Dès le début du récit, qui commence par « l’enterrement » d’une jeune femme, l’auteure nous fait ressentir combien son histoire, bien de douce et simple en apparence, ne sera pas en reste d’événements difficiles, parfois même tragique. Le lecteur est sans cesse ballotté entre un sentiment d’évasion, d’innocence et une mélancolie lancinante, le tout enveloppé de mystères et d’interrogations, à l’image de la population dépeinte, destinée pour la plupart à une mort avant 30 ans et contraint à contenir leurs émotions. Derrière l’apparente innocence de ses protagonistes, on ressent quelque chose de froid, de l’ordre de la fatalité.
Les Enfants de la Baleine nous propose un panel de personnages large, mais peu varié. En effet, les habitants de la Baleine de Glaise, à l’instar de quelques personnages clés, ne sont pas vraiment mémorables. On appréciera la fraîcheur candide du héros, bien qu’un poil stéréotypé ; un caractère ingénu dont la fin de ce premier tome peu laisser entrevoir une évolution dans l’avenir. En effet, si l’histoire est bercée de calme pendant la majeure partie de ce premier tome, la conclusion de celui-ci implique de profondes modifications dans la situation des habitants de la Baleine de Glaise. Aussi, cette fin pourra aussi bien ravir le lecteur qui sera en haleine jusqu’à la sortie du prochain tome, comme elle pourra totalement le déconcerter. Le Cerveau, sous la condition d’une légitime et intéressante évolution des personnages, se classe plutôt dans la première catégorie.
Un agréable voyage visuel
Le récit mis à part, la première chose qui retient notre attention lorsque l’on tourne les premières pages des Enfants de la Baleine, c’est la beauté de ses dessins et de sa mise en scène. Une surprise, puisque s’il est maîtrisé dans son shonen Full Set, le trait d’ Abi Umeda y est pourtant bien moins percutant.
Se permettant des plans d’ensemble somptueux sur la Baleine de Glaise, l’auteure nous laisse le loisir de nous plonger dans le détail de son univers à la foi onirique et oppressant, étouffé par une mer de sable sans fin. Le caractère design est, de son côté, traditionnel mais très agréable à l’œil. De grandes qualités graphiques donc, au service d’un récit doux-amère dans lequel on se plonge assez facilement.
Pour conclure, les Enfants de la Baleine est un bien beau manga dont le récit touchant, saura captiver le lecteur jusqu’à la dernière page. Cependant, on espère ardemment voir évoluer les protagonistes de l’œuvre, qui restent, malgré tout, assez « sages » dans leur traité. D’autant que la fin, sous forme de cliffhanger, nous invite à y croire.
Dans l’attente du prochain tome le 20 Janvier prochain, le Cerveau vous invite à jeter un œil à ce bel ouvrage qui dispose du potentiel nécessaire à une série captivante.
Crédits : © Glénat
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