Critique du pilote de Quarry, la nouvelle série de Cinemax qui nous plonge au coeur des années 70 et du psychisme d’un soldat revenant de la guerre.
1968. L’Amérique est secouée par la guerre du Vietnam, la ségrégation raciale et la campagne présidentielle de 1968, finalement remportée par Richard Nixon. C’est dans ce contexte que rentrent Mac et Arthur, deux copains de régiment, rescapés de l’enfer asiatique. Mac est blanc, Arthur est noir. L’un habite une maison coquette de banlieue (au sens américain du terme) avec sa petite amie, l’autre survit dans un ghetto avec sa femme et ses deux enfants.
Dès leur arrivée à l’aéroport, ils comprennent que leur retour sera moins facile que ce qu’ils avaient imaginé. Ils sont accueillis violemment par des militants anti-guerre. Famille, amis, société : tout le monde les rejette. Trouver un travail pour se réinsérer est mission quasi-impossible. Après quelques recherches infructueuses, ils finissent par trouver des petits boulots. Arthur travaille à la chaîne dans une usine de meubles de bureaux. Mac est garagiste. Chacun reçoit une solde de misère et gagne à peine de quoi vivre dans leurs nouveaux emplois.
C’est alors que les représentants d’une organisation criminelle viennent les voir, chacun à leur tour pour leur proposer des “contrats”, avec 30 000 dollars d’apport pour démarrer. Arthur accepte tout de suite cette manne financière tombée du ciel. Mac est plus réticent mais contraint par le manqué de liquidités auquel il fait face, il finit par accepter une mission avec son frère d’armes.
Une mission qui tourne mal : Arthur est tué par balles par l’un des hommes qu’ils étaient venus descendre. C’est alors que Mac, rebaptisé Quarry (“la carrière” en anglais car “il est vide et froid à l’intérieur”) par son “employeur” commence doucement à basculer du côté obscur. Rongé par le Syndrome de Stress Post-Traumatique, il tue par automatisme, sans émotion aucune. “La mort c’est simple. C’est juste un interrupteur sur lequel on appuie”. A partir de cette réplique, Mac bascule totalement dans sa nouvelle carrière criminelle.
Des personnages fascinants
Dans ce pilote de 72 minutes, les personnages sont explorés en profondeur. Juste ce qu’il faut pour bien comprendre leur psyché mais pas trop pour laisser quelques doutes au téléspectateur, histoire de pouvoir continuer à les développer dans les prochains épisodes. On vit bien le malaise du héros, tiraillé entre les horreurs de la guerre et sa volonté de reprendre une vie normale. Il se rend compte petit à petit que ce fameux retour à la normale est impossible.
Un an après son départ, tout a changé : personne ne veut aider un soldat du Vietnam à se réinsérer, sa femme a un amant et celui-ci a pris sa place, écoutant ses disques favoris de son idole Otis Redding. De même, on ne sait pas grand-chose de celui qui vient lui proposer un “emploi”. A part qu’il connait la vie de Quarry sur le bout des doigts après l’avoir suivi pendant des semaines. On met même du temps à enfin voir son visage de façon nette.
Plongée dans les années 70
Quarry est également bien portée par son ambiance. On plonge la tête la première dans les années 70 grâce à la bande sonore compose de grands standards du funk, de la soul, un peu de gospel et d’Otis Redding évidemment. Mais aussi grâce aux costumes et aux décors (notamment les vieilles voitures).
Au cas où on n’aurait pas compris dans quelle décennie on se trouve, les dialogues sont truffés de références parfois humoristiques comme “Viens avec moi au cinéma. Tu n’as pas envie de savoir comment les singes conquièrent la planète ?”.
L’homme de main du “boss” (ou plutôt le “porteur d’affaires” comme il se fait appeler) surnomme Quarry : “Mark Spitz” à plusieurs reprises, le nom du nageur américain qui gagna quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 puis sept médailles d’or quatre ans plus tard à Munich (record battu en 2008 par un autre nageur américain, Michael Phelps). Arthur évoque même le nom de l’acteur noir Sydney Poitiers.
Une série sombre
Quarry s’annonce comme une série assez sombre sur le fond avec les sujets qu’elle aborde mais également sur la forme. Les personnages évoluent souvent dans une lumière claire-obscure (comme la toute première scène pré-générique). Quarry est filmée à de très nombreuses reprises en gros plan pour saisir ses émotions au plus près. Logan Marshall-Green interprète brillamment ce personnage attendrissant dans sa lutte pour “revenir à la vie” mais également terriblement inquiétant lorsqu’il retrouve ses vieux réflexes de soldat.
Mention spéciale également à Peter Mulan, très bon dans le rôle du “boss” énigmatique, froid et calculateur. Le Cerveau a également eu le plaisir de retrouver Skip Sudduth (John « Sully » Sullivan de NY 911), même pour quelques minutes, dans le rôle de Lloyd, le père de Mac.
En résumé, le pilote de Quarry est de belle facture, remplissant parfaitement son rôle : on a hâte d’en savoir plus sur la nouvelle vie de son personnage principal.
Quarry, c’est tous les samedis à 20h40 sur OCS Choc.
Crédit Images ©Cinémax
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